Rapport de l’observatoire contre l’islamophobie en france : Inquiétudes sur la progression de la cyberhaine

Rapport de l’observatoire contre l’islamophobie en france : Inquiétudes sur la progression de la cyberhaine

L’Observatoire national contre l’islamophobie, qui dépend du Conseil français du culte musulman (CFCM) a publié, hier, le bilan des actes antimusulmans enregistrés entre le 1erjanvier et le 31 août 2017 en France. Les chiffres révèlent une baisse assez sensible des menaces (-63,4%) par rapport à 2016. Les attaques et autres agressions physiques ont, de leur côté, diminué de 38,8%. 80 actes antimusulmans ont ainsi été signalés durant les 8 premiers mois de cette année, contre 134 au cours de la précédente.

Après les attentats de Paris en 2015, ces actes avaient connu une hausse de 223%, passant de 133 à 429. Selon Abdellah Zekri, président de l’Observatoire, le recul du nombre des attaques s’explique par les mesures de sécurisation des lieux de culte décidées par le gouvernement français, grâce, notamment, à leur équipement de caméras de télésurveillance.

Mais il reconnaît néanmoins que le bilan à sa disposition n’est pas suffisamment illustratif de l’ampleur du climat d’islamophobie en Hexagone. “Les chiffres sont en dessous de la réalité”, fait-il savoir, affirmant que les imams et les particuliers qui font l’objet d’attaques sont réticents à porter plainte. M. Zekri se demande d’ailleurs quel est le sort réservé par les tribunaux aux affaires d’islamophobie, combien ont été traitées et s’il y a eu des condamnations.

Il attire l’attention, par ailleurs, sur la persistance des discriminations d’ordre institutionnel qui visent les musulmans dans l’enseignement, les collectivités territoriales, les transports et les commissariats, parfois de manière très sibylline.

“Il n’existe pas de discrimination plus ou moins grave, car pour la victime, la discrimination est toujours synonyme de privation de dignité et d’humiliation inacceptable”, martèle M. Zekri qui déplore, sur un autre registre, l’augmentation de la cyberhaine.

Cette forme de violence se manifeste d’après lui à travers des chaînes de courriels compulsifs insultants et mensongers. “Devant ce fléau, il est demandé aux hommes politiques de ne plus se taire et de s’exprimer sur la question de l’islamophobie, à la presse de dénoncer cette haine de l’autre qui porte atteinte au ‘vivre ensemble’ et aux responsables des autres religions plus de solidarité. Ce phénomène ne peut être analysé ou traité hors du contexte global du racisme, de la discrimination, sous toutes ses formes, et de l’antisémitisme, dans leurs expressions ancienne et nouvelle”, demande en conséquence Abdellah Zekri.

Le responsable vise en priorité, dans son appel, les hommes politiques qui chassent sur les terres de l’extrême droite en utilisant comme appât la guerre contre l’islam.

“Nous avons assisté avant les dernières élections (présidentielles) à une hystérie généralisée d’une certaine classe politique qui considère que les maux de la France viennent des musulmans et de l’islam”, rappelle-t-il en demandant, encore une fois, que la religion musulmane et l’exercice de son culte soient considérés et traités avec les mêmes principes et règles qui régissent les religions et cultes historiquement installés en France.

Par : Samia Lokmane-Khelil