Pourquoi sommes-nous compliqués ?

Pourquoi sommes-nous compliqués ?

Nous sommes l’un des rares peuples au monde à être des écorchés vifs. Nous doutons de tout et de rien.

«Qui est derrière ?», est notre lancinante question même quand on nous fait une proposition décente. Nous avons peur de notre ombre en pensant qu’il y a toujours quelqu’un qui nous suit à la patte où qui nous veuille du mal. Nous traînons cette attitude craintive et suspicieuse comme boulet. Nous n’en faisons plus confiance à qui que ce soit pas même à nous même, quelque fois. Est-ce vraiment un signe de bonne santé mentale et psychologique que d’adopter cette posture aussi compliquée d’eternels persécutés ? On se fait trop d’ennemis réels ou supposés à force de croire que nous sommes le centre du monde, les parangons de la vertu, les chantres de la rectitude morale, les champions du soutien immuable et à toute épreuve. Pis encore, on se fait trop mal à nous engoncer dans nos fausses certitudes de croire que le ciel va nous tomber sur la tête si nous changions notre façon dépassée de voir les choses. Que nous serions la risée du monde par le simple fait de revoir nos choix doctrinaux, politiques, géopolitiques et économiques. Nous nous enfermons bêtement dans un dogmatisme multiforme qui plombe nos actions et tue nos réflexions. Nous sommes des fieffés partisans du statu quo mortifère dans tous les sens du terme. Tiens, le Premier ministre, nous disait l’autre jour qu’il n’était pas question de recourir à l’endettement extérieur sou peine de perdre notre souveraineté économique. Est-ce vraiment sérieux de brandir cette sacro-sainte souveraineté quand l’essentiel des ingrédients de notre assiette est importé de cet extérieur si redouté ? Et puis, l’Algérie s’était bien endettée lourdement auprès du FMI et de la Banque mondiale avec en prime un pesant plan d’ajustement structurel. Avait-elle pour autant perdu sa souveraineté économique ? Si oui, elle l’a quand même recouvrée aussitôt qu’elle fait des réformes nécessaires.

Ce n’est pas une hérésie économique d’ y recourir à condition que cet argent serve les grands projets créateurs de richesse et non pas la consommation et le payement des salaires. Et rien ne garantit qu’on n’aille pas solliciter le Club de Paris et celui de Londres d’ici à 2020. Ce n’est pas une bonne solution mais ce n’est pas «haram» non plus.

Mais dans le discours officiel, cette «souveraineté» en bandoulière prend des accents patriotiques qui ne cadrent pas avec la logique économique. On peut citer aussi dans le registre des nouvelles «constantes nationales», le refus épidermique de revoir la règle d’investissement du 51-49 sanctifiée politiquement et sanctuarisée économiquement. Elle est sans doute celle qui fait le plus mal à l’investissement en Algérie. Comment donc convaincre un porteur de projet étranger d’injecter des millions de dollars et se retrouver avec un partenaire algérien détendant la majorité ? Il faut avoir le courage et le bon sens de reconnaitre qu’il s’agit là d’une aberration économique qui impacte terriblement l’essor de notre pays. C’est un peu comme professer du socialisme à la sauce soviétique à l’ère de la mondialisation.

Qu’ils ne viennent surtout pas nous dire que la règle 51-49 ne gêne pas les partenaires étrangers de l’Algérie ! Notre pays n’a jamais été et ne sera pas une terre d’accueil des investissements directs étrangers aussi longtemps que cette règle ornera, comme un vestige du néolithique économique, notre tableau de bord qu’on veut prétendument clinquant. Le comble est que nous sommes dans une situation financière très délicate qui ne nous offre pas trop de choix sur la conduite à tenir. Nous n’avons ni les moyens ni le droit de jouer au : « Aâttar Fentazi » (un mendient généreux). Soyons donc lucides , regardons nos réalités en face. La souveraineté économique et le «nif ou lakhssara», ne mènent à rien. Faut-il rappeler que nous avons déjà touché le fond en témoigne les chiffres d’Ouyahia. Et nous continuons à creuser… !