Ouyahia à propos de la chute de la valeur du dinar: «C’est la faute aux rumeurs»

Ouyahia à propos de la chute de la valeur du dinar: «C’est la faute aux rumeurs»

Au lendemain de l’adoption du plan d’action du gouvernement par l’APN qui officialise le recours au financement non conventionnel, ce que les experts et les partis politiques ont craint est arrivé.

La valeur de la monnaie nationale est en chute libre dans le marché informel de la devise devant le dollar et l’euro qui a atteint, pour la première fois, le seuil des 200 dinars pour un seul euro. Comment ce seuil critique a été atteint par l’euro et comment expliquer cette chute libre de la valeur du dinar ?

Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a présenté hier au Conseil de la nation son plan d’action, impute l’origine de cette dévalorisation aux rumeurs. Comparant cette hausse vertigineuse de l’euro au lancement de missile, il a déclaré que «l’euro a flambé au square Port Said à cause des rumeurs (…)

Mais l’Algérie n’est pas gouvernée par la rumeur. C’est la Banque centrale qui fixe le taux de change et celui qui veut acheter au square, qu’il achète», a-t-il ajouté devant les sénateurs, sans annoncer aucune mesure pour lutter contre le marché informel des devises.

Le Premier ministre qui a fait un constat encore plus alarmant de la situation financière du pays, évoquant la faillite de plusieurs entreprises et le gel de plusieurs projets, a expliqué que le recours au financement non conventionnel n’était pas un choix mais une obligation pour son gouvernement afin de faire face à la crise. «Nous n’avons pas le choix» martèle-t-il. Selon lui, sans cette solution, les salaires des fonctionnaires et même des parlementaires ne pourront pas être assurés en novembre prochain.

Dans ce contexte, il n’a pas manqué de se féliciter du soutien de la majorité de la classe politique, du patronat et de l’UGTA à sa démarche, appelant à l’unité des rangs.

Le recours au financement non conventionnel a provoqué une véritable panique chez les citoyens qui se sont rués vers les marchés informels de devises pour acquérir une monnaie à valeur sûre, alors que les mises en garde contre la dégradation de la valeur du dinar et une forte hausse de l’inflation émanent de partout.

Le Premier ministre a tenté également de rassurer les ménages en soulignant que la politique de subventions ne sera pas remise en cause en 2018, en attendant sa révision.

Main tendue aux terroristes

Abordant les élections locales du 23 novembre prochain, Ahmed Ouyahia s’est dit convaincu que le taux de participation sera plus élevé que celui des législatives du 4 mai dernier où le taux n’avait pas dépassé les 35%.

Pour lui, la question de l’abstention est une affaire des partis politiques participants et non du gouvernement, affirmant par la même occasion que l’Exécutif veillera sur la transparence du scrutin.

M. Ouyahia a expliqué que l’administration et la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) «n’étaient pas les seules responsable pour en garantir la transparence».

«Le premier garant pour assurer la transparence et la régularité du scrutin sont les candidats eux-mêmes», a-t-il affirmé.

Sur un autre plan, Premier ministre a appelé les terroristes en activité à se rendre aux autorités afin de bénéficier des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale.

Il a exhorté «nos enfants égarés à retourner au sein de leur peuple et leurs familles», ajoutant qu’au cas où ils refuseraient la main tendue, «l’Etat les éliminera par la force ou ils seront jugés et condamnés sévèrement par la force de la loi».

«J’espère que mon appel sera entendu et que ces éléments terroristes reviendront à la raison et rejoindront les milliers d’Algériens qui étaient, par le passé, dans les groupes terroristes», a-t-il souhaité.

Affirmant l’attachement du gouvernement à l’application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Ouyahia a soutenu qu’il «n’y a aujourd’hui aucun doute quant à la réussite de cette démarche, même si au début, ce qui est normal, certaines appréhensions ont été exprimées au sein de la société avant qu’elles ne soient dissipées suite au retour de la paix et de la sécurité à travers le pays».

Le fonds d’aide à la presse écrite opérationnel

En présentant, hier au Conseil de la nation, le plan d’action du gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia s’est engagé à améliorer la situation des médias en Algérie ainsi que les conditions d’accès à l’information.

Il a annoncé l’installation de l’Autorité de régulation de la presse écrite avant la fin de l’année. Un défi majeur pour le gouvernement qui peine à franchir le pas depuis des années.

Aussi, le Premier ministre a promis la réactivation du fonds d’aide à la presse écrite dès l’année prochaine. Un autre pari, d’autant plus que ce fonds est bloqué depuis des décennies.

Les deux annonces d’Ouyahia figurent dans le plan d’action de son gouvernement. Tiendra-t-il ses promesses ?

Karim Aimeur