Les américains inondent le marché pétrolier : L’Opep sur la défensive

Les américains inondent le marché pétrolier  :  L’Opep sur la défensive

«Une prolongation (de la baisse de la production décidée en décembre 2016, ndlr) est nécessaire pour rééquilibrer le marché», a confié un délégué de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole.

Bis repetita. C’est pratiquement le retour à la case départ. Le baril pique à nouveau du nez. Les pays producteurs Opep et non-Opep doivent à nouveau réagir avant qu’il ne fasse le plongeon qui risque de lui être fatal. La conjoncture actuelle pencherait pour cette hypothèse. Après avoir longtemps résisté et fait du surplace les cours de l’or noir ont nettement reculé depuis que les Américains ont repris de plus belle leur production de pétrole de schiste. Une vague redoutable. La situation risque d’être intenable pour l’Opep et ses 11 alliés hors cartel qui avaient décidé de réduire leur offre de près de 1,8 million de barils par jour pour éponger le surplus d’or noir qui plombe les prix. Le baril de Brent qui lorgnait vers les 57 dollars a fait marche arrière de près de 5 dollars.

Un léger mieux a toutefois été enregistré. Hier vers 12h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai s’échangeait à 51,97 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, glanant quelque 35 cents par rapport à la clôture de lundi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), dans les échanges électroniques, le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat d’avril, dont c’est le dernier jour de cotation, se négociait à 48,54 pour grappiller 32 cents dollars.

«Les cours du brut ont perdu du terrain hier (lundi, ndlr) même si la presse avait rapporté que des sources proches de l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) estiment que le cartel devra étendre son accord pour entamer de façon significative les réserves mondiales», ont relevé les analystes de JBC Energy. Aussi paradoxal que cela puisse paraître le cartel aurait contribué à cette situation. Les spécialistes en sont convaincus. «Une série de gaffes de l’Opep lors d’une conférence sur l’énergie, il y a deux semaines, a encore des conséquences aujourd’hui. Plusieurs déclarations contradictoires de ministres du Pétrole ont laissé penser qu’il serait difficile à l’Opep d’étendre son accord au deuxième semestre 2017, et cela n’a pas plu à des investisseurs, déjà nerveux du fait de la hausse des réserves américaines», ont résumé les analystes de UniCredit. Une certaine façon de se faire hara-kiri. Ce n’est en tout cas pas l’objectif de la baisse décidée le 10 décembre à Vienne en Autriche par l’Opep et onze autres pays producteurs hors Opep dont la Russie.

Cette alliance qui a pour intérêt commun de redresser les prix du pétrole dont la dégringolade a sensiblement réduit leurs revenus ne compte pas abdiquer devant la surproduction américaine qui a fragilisé les cours de l’or noir. L’Opep est sur les dents.

«Une prolongation (de la baisse de la production décidée en décembre 2016, ndlr) est nécessaire pour rééquilibrer le marché», a confié un délégué de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole soulignant que: «Toute prolongation de l’accord devra concerner les pays non-Opep.». Rebelote. Il va falloir arracher un consensus. La partie est loin d’être gagnée d’avance. «D’âpres négociations sont en cours», a confié sous le sceau de l’anonymat un responsable de l’Opep. «Les ministres se rencontreront en mai pour arrêter leur décision, mais chacun devra être d’accord», a déclaré une autre source proche de l’Organisation.

Le chef de file du Cartel assure qu’il ne laissera pas les Américains dicter leur loi. «Nous voulons signaler que nous sommes prêts à faire tout ce qu’il faudra pour ramener le secteur à une situation saine», a affirmé le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh, à l’agence Bloomberg.

«Le ministre saoudien de l’Energie a laissé entendre que l’Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) pourrait étendre son accord si les réserves mondiales restaient au-dessus de leur moyenne sur les cinq dernières années», a expliqué Ipek Ozkardeskaya, analyste chez London Capital Group. Une déclaration de «guerre» qui ne dit pas son nom.