Partenariat Algérie – USA : interview exclusive avec Dr Sid Ahmed Boukabara de la NASA !

Partenariat Algérie – USA : interview exclusive avec Dr Sid Ahmed Boukabara de la NASA !

L’Ambassadrice des États-Unis en Algérie, Elisabeth Aubin, a rencontré ce dimanche 5 mai 2024 une délégation de la NASA (National Aeronautics and Space Administration) en visite en Algérie pour discuter de l’avenir de la coopération mondiale en matière de changement climatique.

Dans cette délégation de haut niveau, se distingue le Dr Sid Ahmed Boukabara, un scientifique émérite qui occupe actuellement le poste de scientifique principal du programme de stratégie au sein de la Division des sciences de la Terre de la NASA. D’origine algérienne, le Dr Boukabara possède une expérience de 29 ans dans le domaine de la télédétection par satellite, combinant une expertise académique et professionnelle remarquable.

Avant de rejoindre la NASA, il a occupé des postes de haute responsabilité au sein de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), où il a exercé notamment en tant que scientifique principal du Bureau de l’architecture des systèmes et de la planification avancée. Son parcours professionnel est marqué par une contribution significative à la planification, à la conception et à l’évolution des architectures spatiales et terrestres opérationnelles aux États-Unis.

Le Dr Boukabara a reçu de nombreux prix pour ses contributions exceptionnelles dans le domaine de la science et de la recherche. Parmi ses distinctions notables, il a reçu deux médailles de bronze du ministère américain du Commerce en 2009 et 2022, ainsi que le prestigieux prix de la vision et de la créativité de la NOAA en 2020. L’American Meteorological Society (AMS) a également salué son expertise en lui décernant une reconnaissance spéciale pour ses avancées dans le domaine de l’intelligence artificielle.

En outre, la direction du siège de la NOAA l’a désigné comme employé de l’année en reconnaissance de son engagement et de ses contributions aux politiques environnementales. De plus, Dr Boukabara a publié ou co-écrit plus de 70 articles dans des revues à comité de lecture et a rédigé ou contribué à de nombreux rapports, documents de base théorique sur les algorithmes et chapitres de livres.

Vers un nouveau partenariat entre les scientifiques Algériens et les scientifiques de la NASA !

Pourriez-vous vous présenter et nous parler des raisons de votre venue en Algérie à la tête de la délégation de la NASA ?

Je suis le Dr Sid Ahmed Boukabara, un scientifique travaillant à la NASA et résidant aux États-Unis depuis 25 ans. Notre intention aujourd’hui est de venir collaborer ici en Algérie avec les scientifiques Algériens pour approfondir notre compréhension des mécanismes liés aux phénomènes climatiques tels que les inondations, les incendies et la désertification, tous ayant un impact sur le changement climatique. Nous cherchons à étudier et à comprendre comment ces phénomènes sont interconnectés.

Dans cette optique, nous souhaitons établir des collaborations avec les scientifiques nord-africains, en particulier les Algériens, ainsi qu’avec les scientifiques de la NASA. En travaillant ensemble, nous espérons mieux comprendre l’origine de ces phénomènes et mieux appréhender les changements climatiques.

La NASA possède-t-elle des solutions pour faire face à ces défis climatiques ?

Nous disposons de modèles et de nombreuses données satellitaires collectées par la NASA et d’autres agences dans le monde. Cependant, ces outils ont leurs limites, d’autant plus que le changement climatique s’accélère et impacte les ressources naturelles de manière significative. Il est crucial de reconnaître que tous ces éléments sont interconnectés. C’est pourquoi nous cherchons à établir des relations de collaboration avec les scientifiques algériens et nord-africains afin de travailler ensemble à une meilleure compréhension de ces défis et à l’élaboration de solutions efficaces.

Pouvez-vous nous décrire en détail vos responsabilités et votre rôle au sein de la NASA ?

En tant que scientifique principal en stratégie au sein de la Division des sciences de la Terre de la NASA, basé au siège de l’agence à Washington DC, je suis impliqué dans la planification et l’exécution de missions scientifiques cruciales. Avant de rejoindre la NASA, j’ai acquis une expérience précieuse à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), souvent considérée comme l’agence sœur de la NASA en raison de son rôle opérationnel dans les prévisions météorologiques et océaniques.

Ma carrière est imprégnée d’une expertise approfondie en télédétection, en observation et en conception de systèmes. Plus récemment, nous avons réorienté nos efforts vers l’application pratique de ces connaissances pour répondre aux besoins de la société. Cette transition vers l’utilité sociale de la science constitue désormais un axe majeur de mon travail, où l’accent est mis sur le partenariat international et le partage des connaissances.

L’internationalisation de nos efforts de recherche est essentielle, tout comme l’investissement dans la formation et le leadership des prochaines générations de scientifiques. Nous aspirons à créer des collaborations robustes qui transcendent les frontières géographiques pour faire progresser ensemble la compréhension et la lutte contre les défis environnementaux mondiaux.

Pourriez-vous nous parler des objectifs de votre visite en Algérie et des projets sur lesquels vous prévoyez de travailler avec les responsables du ministère de l’Enseignement Supérieur et de l’Agence Spatiale Algérienne ?

Absolument, le but principal de notre visite est d’engager des discussions fructueuses avec les responsables du ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, de l’Agence Spatiale Algérienne (ASAL) et d’autres ministères connexes. Bien que nous n’ayons pas de projet spécifique en vue pour le moment, notre objectif est de jeter les bases d’une collaboration future entre les scientifiques algériens et ceux soutenus par la NASA. Les premières discussions se sont révélées très positives, et nous sommes enthousiastes à l’idée d’entamer les pourparlers dès demain. Nous espérons que cette visite aboutira à des partenariats solides et mutuellement bénéfiques.

Qu’en est-il de vos interactions avec les étudiants algériens ?

Interagir avec les étudiants algériens a été une expérience formidable. Leur énergie et leur motivation sont contagieuses, et ils sont tout aussi passionnés que leurs homologues américains, sinon plus, en ce qui concerne les énergies renouvelables et la protection de l’environnement. C’est une source d’inspiration de voir cette nouvelle génération si engagée dans des causes aussi cruciales. Les projets qu’ils ont présentés étaient extrêmement intéressants, notamment celui sur l’utilisation de l’intelligence artificielle pour détecter les météores, qui m’a particulièrement impressionné. Cela montre le potentiel immense et la créativité des jeunes scientifiques en Algérie.