Le maire : les «affaires» et la rue

Le maire : les «affaires» et la rue
La confection des listes des candidats pour les prochaines locales a de nouveau donné une idée sur ce qui nous attend les cinq prochaines années. Les bagarres, insultes, crêpages de chignons et accusations de toutes sortes ont caractérisé le quotidien pré-électoral de certains partis politiques, le FLN en tête de liste. La grogne des militants de base, un peu partout dans les villes et communes algériennes, contre ce qu’ils qualifient d’ingérence d’Alger et des administrations locales, augure d’un quinquennat pénible, un lourd faix à porter sur les épaules des plus pauvres. Le profil même de certains candidats soupçonnés d’être des repris de justice et analphabètes, suggère une gouvernance locale des plus aventurières. Les statistiques ne mentent pas et confirment la tendance délictuelle sinon criminelle de certains élus locaux plus préoccupés à régler leurs affaires et à ramasser des fortunes post-mandats qu’à gérer le quotidien de leurs électeurs. De mémoire d’un adjoint-maire, on n’aura vu autant d’élus, mains derrière le dos, à s’expliquer devant un juge. Le Premier ministre ne peut pas promettre de décentraliser la prise de décision au niveau communal avec la présence de tels CV, avec des élus sentant bon la famille et incapables de comprendre les mécanismes rationnels d’une bonne gestion. Au lieu de s’intéresser au niveau instructif du candidat, on ne parle même pas ici de son QI ni de son bagage intellectuel, et d’exiger au moins un certificat de scolarité en bonne et due forme. On ferme les yeux et on le juge sur l’aune de la soumission. C’est connu, l’honnêteté et la compétence ne sont pas des critères de sélection pour un poste de responsabilité chez nous et ne comptent à la fin que ton nom, tes relations et les services que tu peux rendre. Nos communes se retrouvent ainsi gérées par des profils étrangers au poste et les conséquences de ces incongruités administratives se mesurent au nombre des contestations populaires et des dépassements dans la gestion de la chose publique. Le petit peuple prend la rue en otage pour dénoncer l’incurie de ses élus, bloque la circulation et brûle des pneus. En face, on fait sortir la force publique pour disperser et réprimer. Le cercle vicieux est ainsi entretenu avec en amont des candidats partisans aux parcours douteux, certains d’être élus par la grâce de l’administration et des quotas. Et tant que ce cercle n’est pas brisé, les Algériens auront pour seul refuge la rue. Alors, elle n’est pas belle la vie en Algérie.

par Moncef Wafi