Une cinquantaine de personnes, proches parents de disparus durant la décennie noire, se sont rassemblées hier matin, à partir de 9h 30mn, devant l’entrée du jardin public square Benacer, situé au centre-ville, à quelques mètres de la cour de Constantine. Le rassemblement a été organisé, comme de tradition, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, coïncidant avec la date du 10 décembre. Les manifestants, hommes et femmes, brandissant des portraits de leurs proches disparus, scandaient des slogans hostiles au pouvoir, sur cette place publique de grande densité humaine. Inévitablement, donc, une masse de compatissants et de curieux s’est formée autour des manifestants, avec parfois des discussions engagées entre ces groupes, au sujet des disparus, bien sûr. « On ne se taira jamais, pas avant qu’on me ferme définitivement les yeux », lance une femme âgée qui accroche le portait de son fils sur sa poitrine.
D’autres dénoncent le silence des autorités, le déni de justice et exigent la vérité sur la disparition de leurs proches, une vérité qu’ils ne cesseront jamais de demander. « Le temps arrive à guérir toutes les blessures, mais pas celle-là, celle provoquée après la disparition d’un être cher », lâche un manifestant d’un âge avancé, ajoutant que la douleur est toujours plus grande.
Pour rappel, les familles des disparus organisent cycliquement des sit-in sur des places publiques à Constantine, depuis des années, sans lassitude. Hier, un agent des services de sécurité, déployés face aux manifestants, fera remarquer qu’il n’y a pas de répression, voyez de vos propres yeux, ils sont là depuis plus d’une heure et personne ne les a inquiétés. Les manifestants se sont dispersés aux environs de 11h 30mn, dans le calme.
