Chômage: Comment la crise impacte l’emploi

Chômage: Comment la crise impacte l’emploi

par Yazid Alilat

Chômage: Comment la crise impacte l’emploi

La crise financière, qui a touché de plein fouet l’économie nationale depuis 2014, a fortement impacté l’offre d’emploi, et donc une reprise à la hausse du taux de chômage. Selon l’Office national des statistiques (ONS), le taux de chômage s’est établi à fin avril 2017 à 12,3%, en hausse de 2% par rapport à la même période en 2016. Le directeur de l’Emploi au ministère du Travail, M. Fodil Zaidi, estime que les raisons de cette reprise du taux de chômage sont nombreuses, mais intrinsèquement liées à la crise financière actuelle, qui a démarré, a-t-il dit, en 2014. Mais, a-t-il ajouté dans un entretien à la radio nationale hier dimanche, «on a pu stabiliser le chômage en 2014, 2015 et 2016. Et, là, on voit la crise de l’emploi, qui reprend avec un certain nombre de projets achevés, et donc une libération des travailleurs, alors qu’il y a également des projets gelés» du fait de la crise. En 2017, les motifs du chômage sont à 62,7% liés aux fins de contrats, licenciements pour des projets achevés ou gelés, ou pour cause de fin de chantiers, précise-t-il. Par les chiffres, c’est le BTPH qui a perdu le plus de travailleurs, 91.000 emplois en avril 2017. «C’est l’un des secteurs qui a perdu le plus d’emplois», a-t-il ajouté, alors que les services et l’administration ont perdu 84.000 emplois. «Il n’y a que l’agriculture qui a enregistré un gain de création nette d’emplois, avec 63.000 travailleurs, et l’industrie, en pleine reprise avec la création de 36.00 emplois», indique M. Zaidi, qui a expliqué qu»’entre perte et création d’emplois durant 2017, il y a 175.000 postes d’emploi perdus et 99.000 emplois créés, et donc la différence est négative, ce qui explique la variation en hausse du taux de chômage.»

Par ailleurs, c’est le secteur privé qui recrute le plus, selon le directeur de l’Emploi au ministère du Travail. «Le principal recruteur est le secteur privé, et offre le plus d’emplois, les placements de l’ANEM sont à 70% dans le secteur privé», précise-t-il, avant de souligner que, sur les différences de salaires entre employeurs, «l’Etat ne garantit que le SNMG, le reste c’est la convention collective entre partenaires. L’Etat, ajoute-t-il, n’intervient que pour la fixation du SNMG». Si le dispositif du DAIP ne donne qu’un salaire sous forme d’indemnité, le CTA (contrat de travail aidé), à 15.000 DA, est «un salaire», explique-t-il. D’autre part, M. Zaidi a affirmé, contrairement à ce que l’on pense, que le taux de chômage au Sud «est inférieur à la moyenne nationale, alors que dans les Hauts Plateaux, ce taux dépasse la moyenne nationale».

Sur les dispositifs d’insertion des jeunes (ANEM et ANSEJ), il a souligné que depuis le lancement de ce dispositif en octobre 1997, «plus de 513.000 microentreprises ont été créées, et donc plus de 182.000 emplois ont été créés». Quant au recouvrement des prêts aux jeunes entrepreneurs, il a indiqué que «nous avons 70% de recouvrements, et donc cela veut dire que les crédits bancaires ont été déjà remboursés.»

Pour autant, M. Zaidi estime que «les dernières mesures prises par les pouvoirs publics pour relancer la machine économique, avec le dégel de certains projets, et l’entrée d’autres projets en exploitation, feront que le taux de chômage va être stabilisé.» Il a expliqué qu’en 2008, le plan d’action pour l’emploi et la lutte contre le chômage a été basé sur sept axes dont «les investissements, l’incitation aux recrutements, la formation de la main-d’oeuvre, la promotion de l’emploi de jeunes et la subvention des salaires à travers l’emploi salarié». Selon lui, «la priorité a été donnée aux deux premiers axes, l’investissements productif créateur d’emploi, et la promotion de l’emploi.» Pour autant, il estime que le DAIP «n’a pas été mis en place pour la création d’emplois, mais pour aider les jeunes, qui ont des problèmes d’insertion dans le monde du travail». Il y a également le CTA (contrat de travail aidé), qui est également un dispositif d’insertion des jeunes dans le monde du travail, a-t-il dit, soulignant que «le taux de recrutement durable est de 20 à 25%, alors l’objectif était de 33%». «Les durées de contrat sont trop longues, et on réfléchit comment rendre ce dispositif plus performant», souligne le directeur de l’Emploi au ministère du Travail, selon lequel, depuis le début de ce dispositif fin 1990, l’Etat a débloqué 726 milliards de dinars «d’incitation aux employeurs pour la rémunération du dispositif d’emploi et d’insertion des jeunes.» Mais, «dix ans après, les incitations aux recrutements n’ont pas répondu à nos attentes, et nous sommes en train d’engager une réflexion pour aboutir à un dispositif avec plus d’efficacité pour l’intégration durable des jeunes employés», a reconnu M. Zaidi.