Aucun accord sur la marge bénéficiaire : Sérieuse menace des boulangers

Aucun accord sur la marge bénéficiaire : Sérieuse menace des boulangers

La corporation, livrée à elle-même, ne pense qu’à en découdre une fois pour toutes mais c’est le consommateur qui est dans le pétrin.

Le Conseil national des artisans- boulangers s’est une nouvelle fois réunie hier au siège de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (Ugcaa) sis à Alger. Une rencontre à laquelle à pris part un représentant du ministère du Commerce. Selon le président de la Fédération nationale des boulangers, Youcef Khalfat, cette rencontre était devenue nécessaire car «dans notre corporation on veut en découdre malgré la promesse du ministère de trouver une solution à nos revendications avant la fin de l’année en cours», a expliqué Youcef Khalfat. Une prise de position que l’on peut qualifier de légitime dans la mesure où depuis 2013 année où fut créée une commission nationale chargée d’évaluer le prix du pain et de recenser les propositions des boulangers afin de trancher le sujet: «Rien de concret n’est venu rassurer les boulangers», nous a témoigné un artisan- boulanger membre du conseil que nous avons interpellé au moment de son entrée dans la salle de réunions qui s’est déroulée à huis clos. Toujours à propos de cette commission, ce dernier a expliqué qu’elle était composée de représentants des ministères du Commerce, des Finances, de l’Agriculture, de la Fédération nationale des boulangers, de l’Office interprofessionnel des céréales et du Groupe industriel Eriad, non sans nous préciser dans la foulée que la dite commission avait entamé au début du mois de mars 2013 des visites à travers les boulangeries de plusieurs régions du pays afin d’évaluer le coût réel de la baguette de pain. Un autre membre du conseil a tenu à nous faire savoir que cette évaluation «allait permettre de répondre aux revendications des boulangers, qui portent essentiellement sur la garantie d’une marge bénéficiaire qui ne soit pas inférieure à 20% au lieu d’une marge qui ne dépasse pas 3% actuellement et parfois moins». Et de déplorer que «depuis mars 2013 on ne compte plus les réunions qui se sont tenues au niveau du ministère du Commerce et au cours desquelles on peine à trouver une solution aux problèmes que rencontrent les boulangers à savoir que chaque partie avait présenté des propositions de nature à contribuer au recours à l’augmentation du prix du pain». Notre interlocuteur nous a également rappelé qu’ à l’époque, la commission avait suggéré, pour que la marge bénéficiaire revienne à un taux acceptable de n’utiliser pour la confection du pain, que de la farine à base de blé dur dont le prix de vente s’élève à 1 500 DA le quintal, ou alors pour que le prix du pain reste le même, de réévaluer le soutien des ingrédients utilisés dans la confection du pain (levure et améliorant), des charges d’électricité, de la main-d’oeuvre. notamment les charges d’électricité, le prix de la levure, de la farine, de la main d’oeuvre, etc. Des suggestions raisonnables dans le sens où, faut-il le rappeler, le prix de la baguette, soutenu par l’Etat fixé en 1996 à 7,5 DA pour le pain normal et 8,5 DA pour le pain amélioré, n’a changé qu’en 2000 pour passer à 10 DA sur la propre initiative de la corporation mais qui a finalement été accepté par la tutelle c’est-à- dire le ministère du Commerce. Pour revenir aux suggestions «c’étaient que de vagues propositions car elles n’ont pas été suivies d’effet sur le terrain», nous a dévoilé notre interlocuteur. Et de déplorer: «En 2017 nous sommes encore à la case départ. C’est pourquoi la corporation veut en découdre cette fois-ci.»

Notons que c’est bien l’initiative intempestive de quelques boulangers d’augmenter le prix de la baguette de pain à 15 DA au début de ce mois de décembre qui a relancé les revendications de la corporation au point où le ministre, Mohamed Benmeradi en personne avait promis, après s’être réuni avec les représentants de la fédération, que leur revendication essentielle, celle de la marge bénéficiaire, allait trouver une solution avant la fin de l’année. Or le ministre, répondant à une question de L’Expression à propos de cette promesse, à l’issue d’une rencontre d’évaluation de son secteur qui s’est tenue le 19 de ce mois, s’est contenté de dire que «pour l’heure ses services, en concertation avec la fédération, travaillaient à chercher la solution idoine». Ce qui veut dire que les artisans boulangers vont devoir encore patienter, c’est-à-dire continuer à travailler avec une faible marge bénéficiaire avant qu’une solution en leur faveur soit enfin prise.

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