331 suicides et 889 tentatives enregistrés en cinq ans à Tizi Ouzou

331 suicides et 889 tentatives enregistrés en cinq ans à Tizi Ouzou

انتحار-تلميذ-300x158.jpg«Actualité sur le suicide et les tentatives de suicide en Algérie, perspectives et prise en charge», c’est le thème des Journées nationales organisées hier au Centre hospitalo-universitaire Nedir-Mohamed de Tizi Ouzou. De nombreux professeurs et médecins spécialistes algériens et français ont présenté à travers  leurs travaux les différents cas de tentatives de suicide et du passage à l’acte du suicide enregistrés durant ces dix dernières années. La wilaya de Tizi Ouzou reste, cependant, la région la plus touchée par ce phénomène ravageur, selon le bilan présenté par le directeur général du CHU de Tizi Ouzou, le professeur Ziri. Présenté sous le thème «Profil clinique et épidémiologique des tentatives de suicide dans la wilaya de Tizi Ouzou.

À propos d’une étude prospective aux pavillons des urgences médico-chirurgicales du CHU Nedir-Mohamed du 1er janvier 2007 au 15 janvier 2012», le professeur Ziri dira que sur une durée de 60 mois et demi, 889 cas de tentative de suicide ont été enregistrés. Ces statistiques avancées sont basées sur, d’une part, «l’interrogatoire des patients reçus au pavillon des urgences médicales ainsi que leurs parents, et d’autre part, sur l’examen clinique et l’enquête étiologique».

Il est à souligner que le taux d’incidence suicides était de 15,1 pour 100 000 habitants en 2007 et de 18,9 pour le même nombre d’habitants en 2011.

Côté sexe, on remarquera que c’est les femmes qui tentent le plus de mettre fin à leurs jours avec un chiffre de 640 cas. Cela est dû au fait que la femme est plus émotive, parle et demande de l’aide. Contrairement au sexe masculin, on trouvera 249 tentatives de suicide d’hommes enregistrées durant cette période.

Par ailleurs, la tranche d’âge la plus touchée par le phénomène est celle de 16 à 23 ans avec un nombre de 443 cas. Selon le lieu d’habitation, on constate, selon la même étude, que les tentatives de suicide sont plus fréquentes en milieu rural avec 535 cas, soit 60,17% du nombre global.

En outre, un taux de 73,22% des cas est enregistré chez les personnes vivant dans un habitat collectif, et 62% chez les sujets vivant dans de bonnes conditions.

Quant au niveau socioéconomique, les tentatives de suicide sont plus fréquentes chez les personnes ayant un niveau socioéconomique moyen, comme l’indique bien ce chiffre de 515, soit 57,93% de l’ensemble des cas. Le directeur général du CHU de Tizi Ouzou souligne que  «tous les malades recensés ont bénéficié d’un avis de réanimation médicale dès l’admission afin d’évaluer le risque organique, ainsi que d’un avis de psychiatrie et la nécessité éventuelle d’un suivi ultérieur». S’agissant des suicides qui ont fait l’objet d’une autopsie au CHU de Tizi Ouzou, le professeur Ziri citera 331 victimes déplorées depuis l’année 2007 jusqu’au 31 mai 2012.

Rien que pour le premier semestre de l’année en cours, 26 personnes ont mis fin à leurs jours à Tizi Ouzou, est-il malheureusement constaté. 258 suicides sont des hommes dont la tranche d’âge la plus touchée avec un taux de 30,74% de l’ensemble des cas, est celle allant de 30 à 40 ans, tandis que 73 victimes sont des femmes âgées généralement entre 20 et 30 ans, soit un taux de 36% de l’ensemble des cas féminins enregistrés. Le mode de suicide le plus utilisé chez les deux sexes demeure la pendaison.

«Veut-on et peut-on prévenir le suicide ?» De son côté, le docteur Jean-Marc du CHU Limar de France a choisi comme thème :

«Veut-on et peut-on prévenir le suicide ?»

En plus des différentes préventions contre le suicide en France, l’orateur expliquera que «les 12 000 cas de personnes qui mettent fin à leurs jours, c’est deux fois plus que le nombre de personnes qui décèdent par le sida et trois fois plus à cause des accidents de la route».

Il suggérera, par ailleurs, un certain nombre de mesures pour lutter contre ce phénomène, à commencer par la formation des médecins agréés à la crise suicidaire, qui reste un élément très important pour faire face au suicide.

«Apprendre à ne pas designer quiconque de responsable, rendre moins accessibles les moyens létaux dont les armes à feu et autres. Soigner les malades mentaux, suivre les cas de tentatives de suicide, organiser des journées de prévention comme cela se fait en France le 5 février de chaque année. Mais aussi former des agents de santé primaire», telles sont les orientations du Dr Limar. Pour aujourd’hui, les participants à ces journées d’étude se pencheront sur des thèmes traitant du suicide chez l’enfant, faut-il le préciser.

Fatima benameur