Zaki Hariz, président de la Confédération des consommateurs : «Cette mesure aura un impact négatif»

Zaki Hariz, président de la Confédération des consommateurs : «Cette mesure aura un impact négatif»

Le gouvernement a décidé l’arrêt de l’importation de la viande congelée. Cet aliment largement consommé par les Algériens sera, désormais, indisponible. C’est une décision qui est jugée «légitime» par Zaki Hariz, le président de la Confédération des consommateurs, mais qui laquelle ne doit pas être appliquée qu’après la mise en place de dispositifs de régulation du marché de la viande.

Comment expliquez-vous la décision d’arrêter l’importation de la viande congelée annoncée par le ministère du commerce ?

Les autorités ont pris cette décision dans le cadre des nouvelles orientations de la politique économique, visant à baisser la facture d’importation.

Les pouvoirs publics ont estimé que l’importation de la viande surgelée est une «niche» à supprimer, comme c’était le cas pour l’importation des véhicules, le ciment, et certains médicaments, légumes et agrumes. Cette décision est justifiée, mais elle ne doit pas être appliquée dans l’immédiat.

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Le potentiel de l’Algérie en matière de viande rouge est important, à voir le nombre de cheptel dont on dispose. A croire les chiffres avancés par le ministre du commerce par Intérim, notre cheptel compte environ 27 millions de têtes bovines et 07 millions de têtes ovines. Ce qui pourra couvrir la demande nationale en la matière.

Les autorités publiques tablent, également, sur la réception des trois nouveaux abattoirs modernes dotés de grandes capacités de congélation de la viande et qui pourra longuement contribuer à réguler le marché.

Pensez-vous que cette mesure d’interdiction s’impose ? A-t-on pris en compte son impact surtout à l’approche du mois sacré du ramadhan ?

Sincèrement non. En tout cas, c’est une décision à ne pas appliquer dans l’immédiat. La viande congelée est largement consommée et par le simple citoyen et par les grands hôtels. Toute la chaîne de restauration en Algérie s’approvisionne en viande surgelée.

Les grandes entreprises publiques, les hôpitaux, les restaurants, hôtels, les bases de vie, les cantines scolaires et autres organismes achètent cet aliment. Donc, on ne pourra pas du jour au lendemain, cesser son importation. Il faut penser à l’alternative.

Le ministère du Commerce doit temporiser et se laisser une marge de manœuvre pour bien se préparer à cette phase et ne pas perturber le marché. Déjà, une pareille déclaration pourrait inciter les spéculateurs à hausser les prix de la viande rouge fraîche et surgelée.

Les pouvoirs publics devaient songer à équilibrer entre l’offre et la demande sur ce produit, pour stabiliser les prix. Néanmoins, nous comprenons que l’Etat veuille encourager la consommation de la viande locale. L’Algérie réceptionnera le grand projet algéro-américain, d’élevage de vache laitière, à El Bayedh, ce qui multipliera la productivité de viande bovine.

Dans le cas où cette décision serait appliquée dans l’immédiat, que comptez-vous faire ?

Il faut dire que la commercialisation de la viande congelée n’est pas aussi facile que l’on croit. C’est une activité qui nécessite une importante chaîne de froid et de congélation. Mais, j’insiste pour dire, que l’arrêt de l’importation de la viande congelée ne doit pas se faire du jour au lendemain.

On devrait d’abord commencer par la réception et la mise en service des trois abattoirs dotés d’une capacité productive importante pour réguler le marché de viande fraîche qui pourra être à la portée des petites et moyennes bourses, surtout à l’approche du mois de Ramadhan.

Leur mise en service permettra la commercialisation de la viande fraîche à des prix abordables. Mais, j’insiste que dans le cas où on l’appliquerait la décision d’interdiction d’importer la viande congelée immédiatement, elle aura un impact négatif sur le marché.

Il faudrait s’attendre à une pénurie et une hausse des prix des différentes viandes bovines, ovines ou de la volaille. C’est pour cela, j’invite nos autorités à mettre en place les moyens de régulation et de garantir la disponibilité de la viande fraîche.