Un consulat d’Algérie refuse de participer au rapatriement du corps d’un algérien

Un consulat d’Algérie refuse de participer au rapatriement du corps d’un algérien

La famille d’Ezzedine aimerait qu’il soit enterré auprès de ses ancêtres… Mais n’en a pas les moyens car tous les biens de la victime ont été placés sous scellés pendant l’enquête.

Depuis le 13 septembre et les coups de feu mortels au bar-tabac de la place de la mairie à Corbeil-Essonnes (lire ci-contre), tous les biens d’Ezzedine, la victime, sont placés sous scellés par la justice. La femme du défunt se retrouve sans ressources. « La maison et le bar ont été bouclés, affirme un ami de celui qui gérait ce commerce depuis 2008. Ses proches n’ont même pas pu prendre leurs vêtements. » Les avoirs sont gelés à titre conservatoire, durant le temps de l’enquête.

La famille du gérant a donc demandé au consulat d’Algérie de Créteil (Val-de-Marne) dont dépend l’Essonne, de prendre en charge le rapatriement du corps d’Ezzedine comme la loi de finances de l’Etat algérien le prévoit depuis 2015. Mais le consulat de Créteil a refusé.

« La loi instituant un fond spécial pour régler les frais de transfert des dépouilles des ressortissants algériens établis à l’étranger, est votée depuis près de deux ans, mais elle n’entre en application qu’en janvier 2017 », détaille Otman Douidi, président de l’Association des Algériens résidant à l’étranger, qui a pris en main le dossier d’Ezzedine. « Mais il y a eu des jurisprudences, les consulats de Pontoise (Val-d’Oise), de Nanterre (Hauts-de-Seine) et de Bobigny (Seine-Saint-Denis) ont accepté récemment de rapatrier des Algériens décédés », souligne Otman Douidi.

 « Cela coûte 3 000 €. Pour un Etat comme le nôtre ce n’est rien, la Tunisie fait ça depuis 30 ans, reprend le président de l’association. Cette fois à Créteil, ils ne nous ont même pas écoutés. C’est scandaleux. » Contacté, le consulat d’Algérie à Créteil n’a « pas souhaité commenter cette affaire. » Malgré tout, les proches d’Ezzedine espèrent encore. « Sa famille veut l’enterrer en Algérie pour qu’il repose près de ses ancêtres et parce qu’on ne veut pas que son corps soit déterré, comme cela arrive en France quand une concession arrive à échéance, indique un représentant de la famille. On ne sait pas qui sera là pour payer dans une génération ou deux. »
Détail sordide : chaque jour supplémentaire à la morgue coûte près de 40 €… « Cette famille ne mérite pas ça, soupire un proche. Ezzedine c’était quelqu’un qui aidait tout le monde. A la mort d’un de ses clients, c’est lui qui a organisé une collecte, pour donner quelque chose à son fils. »
Le gérant du tabac passait ses rares moments de libre dans son jardin à arroser ses plantes ou dans la salle de musculation aménagée dans sa maison. Debout dès 5 heures du matin pour ouvrir à 6 h 30 et fermer à 20 heures, Ezzedine avait prévu de lever un peu le pied car il attendait un heureux événement. Aujourd’hui, sa femme enceinte ne peut même plus vivre dans leur maison placée sous scellés…
Vendredi, entre 9 h 45 et 11 heures, un moment de recueillement est organisé au salon du funérarium, au 104, boulevard de Fontainebleau, à Corbeil-Essonnes. Une cérémonie est prévue à 13 heures à la mosquée.
*Titre modifié par Algérie360