Transport urbain: les contrôleurs sont de retour à Oran

Transport urbain: les contrôleurs sont de retour à Oran

72645d9035e9c0838bcacf4131d4f41d_L.jpgORAN  – Depuis la mise en service du tramway, il y a un peu plus d’une année, les usagers oranais (re)découvrent une profession qui avait disparu du « paysage » des transports urbains : celle du contrôleur.

Ils sont jeunes. Reconnaissables à leurs tenues : chemisette blanche portant l’inscription Setram (société d’exploitation du tramway) sur la pochette, pantalon noir et cravate vert bouteille, ils apparaissent à l’improviste, au gré des stations, pour vérifier la validité des tickets de chaque passager et éventuellement appliquer avec fermeté la réglementation de cette société à l’encontre des fraudeurs.

La fonction de contrôleur a pratiquement disparu, depuis des années à Oran, avec la faillite de la régie communale de transport urbain et l’entrée sur scène des opérateurs privés, très peu regardants sur les us et les règles régissant le secteur du transport urbain.

Cette profession a fait, ensuite, une réapparition « timide » avec la création d’une nouvelle entreprise de transport Eto. Ses contrôleurs, vêtus de tenues réglementaires, costumes-cravates sombres et képis, ont marqué l’esprit des Oranais, notamment les plus jeunes. Leurs apparitions dans un bus desservant une des lignes de l’Eto font craindre le pire à ceux qui n’ont pas acquis leur ticket de voyage pour la modique somme de 15 dinars.  Aujourd’hui, cette corporation a disparu de la circulation.

Mis en service un peu plus d’un an, le tramway s’est imposé comme le moyen de transport le mieux indiqué pour se déplacer entre Sidi Maarouf et Es-Senia, deux pôles situés dans aux deux extrémités d’Oran. Le tramway s’avère un moyen de transport rapide, efficace, qui permet d’éviter les embouteillages monstres que connaît la circulation en ville.

Toutefois, le prix du billet fixé à 40 dinars, « bloque » quelque peu l’usager, d’où la tentation de « resquiller » qu’éprouvent certaines personnes en prenant le risque de se faire « appréhender » par un des contrôleurs. « Notre tâche est simple : vérifier que tout un chacun dispose de son ticket qu’il a normalement composté ou verbaliser le fraudeur en l’obligeant à acheter un billet à 100 dinars, ce que refusent certains récalcitrants », précise Amine, un jeune contrôleur, rencontré dans une rame de tramway.

Les fraudeurs, ce ne sont pas seulement ceux qui n’achètent pas de ticket et veulent voyager gratuitement. Il y a également ceux qui disposent de billet mais qui le gardent précieusement pour ne composter qu’à la vue du contrôleur.

La chasse aux fraudeurs

« Les resquilleurs invoquent tous les motifs pour expliquer le fait que leur ticket ne soit pas passé par la machine.  Les uns disent ignorer la procédure de compostage. Les autres parlent d’oubli. Nous sommes là pour aider les voyageurs en leur expliquant comment valider leur billet.

Dans la majorité des cas, il y a une mauvaise foi des usagers. Ils veulent garder intact le billet pour l’utiliser ultérieurement », explique Hamid, le plus âgé du groupe des agents de la Setram.

Les voyageurs pris en flagrant délit avancent plusieurs arguments pour se disculper. Les tickets ne sont plus vendus à l’intérieur des rames, comme ce fut le cas durant les premiers mois ayant suivis la mise en service du tram.  Les points de vente sont également mal situés par rapport à la station, elle-même.  Les baraques, servant à cet effet, sont, pour certaines éloignées.

« L’usager, pressé ou en retard, de peur de rater le tram, n’a pas suffisamment de temps d’acheter son ticket et de rattraper la rame, à moins de piquer un sprint ou d’exposer sa vie à un risque d’accident en traversant la rue en courant » confie Houari, qui cite le cas de la station de l’USTO, où l’usager doit traverser une voie à forte circulation pour acheter ton titre de voyage. « Les personnes âgées s’exposent à un réel danger », ajoute-t-il.

Les agents de la Setram doivent parfois faire face à des situations difficiles à gérer lorsque le fautif fait de la résistance. « Nous essayons de régler le problème à l’amiable. A défaut, nous faisons appel aux agents de sécurité présents dans toutes les rames », précise encore Amine.

C’est pour éviter ce genre de problème et faciliter les conditions de voyage des usagers que la Setram a mis en place le système d’abonnement mensuel très avantageux, d’ailleurs, pour ceux qui doivent, pour des raisons d’études ou professionnelles, empruntent quotidiennement ce moyen de transport.

A Oran, depuis janvier dernier, un abonnement Tawassol mensuel normal est proposé à 1.500 dinars. Quatre mois plus tard, en mai, une nouvelle gamme tarifaire a été proposée. Elle est constituée de deux nouveaux abonnements: l’abonnement Tawassol Junior pour les moins de 25 ans à 990 dinars par mois (-34%) et l’abonnement Tawassol Senior pour les 60 ans et plus à 830 dinars, soit une réduction de 45% sur le plein tarif.

Avec ces nouvelles grilles tarifaires et une campagne d’information et de sensibilisation, la Setram veut endiguer ce phénomène, très répandu même dans les pays développés.  Un challenge que les agents de cette société veulent relever, même si certaines mauvaises habitudes restent bien ancrées chez certains usagers, estiment ces jeunes agents que l’on croise chaque jour dans le tramway.