Surconsommation, gaspillage, dépenses inutiles durant le ramadhan: Les Algériens ignorent la crise!

Surconsommation, gaspillage, dépenses inutiles durant le ramadhan: Les Algériens ignorent la crise!

Si les pouvoirs publics ont appelé à la rationalisation des dépenses et à des restrictions budgétaires pour faire face à la diminution des revenus pétroliers, nos concitoyens prennent le chemin inverse durant le mois sacré.

La tendance à la surconsommation durant le mois sacré est un indice incontestable qui prouve que la société est loin d’être mal en point. Même si l’alarmisme ambiant alimenté par les pronostics d’experts suite à la dégringolade des prix du pétrole et à la conjoncture économique plutôt difficile tend à la sinistrose. Schématiquement, le décor est planté. Il met en évidence une situation paradoxale. Si les pouvoirs publics ont appelé à la rationalisation des dépenses et à des restrictions budgétaires pour faire face à la diminution des revenus pétroliers, nos concitoyens prennent le chemin inverse durant le mois sacré. Le recours aux analyses orthodoxes, pour expliquer un tel phénomène, peut conduire à remettre une copie fausse. Il ne reste donc qu’à faire le constat de réflexes qui défient toute logique en cette période du mois de Ramadhan marquée par la surconsommation, les dépenses inutiles et le gaspillage.

La flambée des prix exceptionnelle, quasi généralisée, des produits de consommation de base, des fruits et légumes, des viandes ou du poisson, qui a sévi ces derniers temps, a certainement laminé un pouvoir d’achat qui a dû stagner avec le gel des augmentations de salaires. Cela aurait dû inciter les consommateurs à réduire leurs dépenses et à planifier un budget pour faire face de façon appropriée à une telle conjoncture qui ne joue pas en faveur de revenus qui ont eu tendance à être malmenés, pratiquement à longueur d’année. Force est de constater qu’une telle réaction ne fait pas partie d’une «culture de la consommation» propre à nos concitoyens.

Rares ceux qui auront fait une estimation de ce que peut leur coûter le mois sacré. Selon un micro-trottoir effectué le second jour du jeûne, cela varierait entre 50.000 et 80.000 dinars selon la taille des foyers. Pour ceux dépassant 10 personnes il faut compter sur un budget de plus de 100.000 dinars.

En plus de la traditionnelle «chorba» la table doit être garnie d’autres mets plus onéreux (tajines, «lham lahlou», salades variées…), de boissons gazeuses de marques différentes et de pain de toutes sortes. Tout le monde achète, tout le monde dépense sans se consulter pour satisfaire ses envies. Des achats pléthoriques qui constitueront les amas d’ordures qui jonchent nos trottoirs et qui font le bonheur des chats, des chiens errants et des…rats. Du gaspillage sorti tout droit de comportements ostentatoires. Le révélateur d’un tel gâchis réside dans les 4 millions de baguettes de pain qui atterrissent quotidiennement dans nos poubelles.

Un chiffre que l’on peut multiplier par deux pendant le mois sacré sans trop de risques de nous tromper. Les Algériens semblent ignorer la crise. A moins qu’ils aient décidé de l’affronter à leur manière, en s’endettant essentiellement car des dépenses et non des moindres vont succéder à celles du mois sacré. Sans répit pratiquement jusqu’à la fin de l’année. Le bal s’ouvrira par la célébration de l’Aïd el Fitr. «Le budget moyen consacré cette année (2016, ndlr) par les ménages algériens aux vêtements de l’Aïd el-Fitr est de 8000 DA par personne», avait indiqué le vice-secrétaire général chargé de l’information de l’Association pour la protection et l’orientation du consommateur et son environnement, Samir Elksouri. La facture doit être aussi salée en 2017.

Il y aura ensuite celles occasionnées par les grandes vacances. Une période marquée par les fêtes (mariages et circoncisions) à l’occasion desquelles il faut offrir des cadeaux. Puis viendront la rentrée scolaire et la fête de l’Aïd el Kebir qui devraient presque se chevaucher. Le prix atteint par le trousseau scolaire était l’an dernier de 3 500 dinars environ pour un enfant qui fait son entrée en 1ère année et 4500 dinars pour un collégien, l’année. Une coquette somme à laquelle il faudra ajouter celle aussi coquette du prix du mouton à sacrifier, probablement autour des 50.000 dinars. Une saignée!

A défaut de planifier leurs dépenses, les Algériens pourront les évaluer. La leçon sera-t-elle retenue? L’avenir nous le dira.