Sites du bord de mer : Et si la concession était la solution ?

Sites du bord de mer : Et si la concession était la solution ?

La concession des plages, une solution à la dégradation et à la pollution ? La question mérite d’être posée, selon plusieurs opérateurs touristiques. Dans les faits, elle est interdite par la loi. Aujourd’hui, seuls les établissements hôteliers relevant du groupe public HTT (hôtellerie, tourisme et thermalisme) et situés sur la côte sont bénéficiaires d’un droit d’exploitation temporaire. Sur le littoral algérois, une douzaine d’hôtels sont concernés par cette formule durant la saison estivale 2017. Selon un responsable du tourisme de la wilaya d’Alger, ces « 12 hôtels d’Alger sont soumis à un cahier des charges dans le cadre de la loi, fixant les règles générales d’exploitation touristique des plages autorisées à la baignade ».

L’objectif, explique-t-il, est «de hisser les prestations hôtelières et répondre, ainsi, aux aspirations du citoyen et du touriste étranger ». L’option permet également la « sous-traitance » puisque ces mêmes établissements hôteliers ayant droit de concession confient à des particuliers qui se chargent des services offerts à la clientèle : animation, sécurité et propreté des lieux, selon un contrat commercial. Le ticket d’accès à ces plages est de 2 000 dinars en moyenne et constitue pour beaucoup le « prix à payer » pour des estivants qui considèrent que « tout service de qualité mérite rémunération ».

La formule, en tout cas, a du succès comme on l’a constaté auprès d’un établissement hôtelier public à Tipasa. Elle n’est, cependant, pas accessible à tout le monde et entraîne des dépassements comme la délimitation des sites exploités par l’installation de panneaux « plage privée », ce qui est interdit par la législation.

«L’accès aux plages autorisées à la baignade est libre et gratuit», a déclaré en juin dernier le ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui. Cela ne doit être «en aucun cas être interrompu ni remis en cause sous quelque forme que ce soit», a-t-il insisté. Avant-hier, le directeur du tourisme et de l’artisanat de la wilaya d’Alger, Noureddine Mansour, a précisé que la concession des plages au sens strictement juridico-légal est interdite.

« Ce principe ne doit en aucun cas être remis en cause, sous quelque forme que ce soit ». Le ministère de l’Intérieur rassure qu’aucune mention « plage privée » ne sera tolérée, relevant que les panneaux affichant cette restriction seront retirés « nonobstant les poursuites légales prévues par la législation en vigueur ».Cela règle-t-il le problème ? A cette question, le ministère du Tourisme, étonnament muet à ce propos, n’a pas répondu.

Des professionnels estiment par ailleurs que les hôtels du littoral qui « sous-traitent » les services aux plages auront davantage de succès à l’avenir. « Tôt ou tard la concession sera, par ailleurs, une formule incontournable sur nos plages si elles continuent à souffrir d’abandon, de saleté et de pollution », affirme un opérateur, engagé dans l’exploitation d’une plage d’un hôtel du littoral algérois.

L’affaire est simple « où il y a une véritable prise en charge des plages par les organismes publics ou l’avenir est à la concession. C’est une question de demande qui sera définitivement réglée avec le temps et l’évolution des mentalités ». Selon lui, la gratuité des plages est un droit qui n’est malheureusement pas apprécié à sa juste valeur parce qu’« il y a trop d’incivisme » et peut être remise en cause progressivement « si les structures publiques concernées continuent d’être impuissantes comme elles le sont actuellement ». « Il y a une clientèle qui cherche la tranquillité, des sites propres et elle est prête à payer 2 000 dinars la journée pour l’obtenir. Autrement, elle ira voir ailleurs, en Tunisie, ou dans d’autres pays. »