Seul 1 poste sur 5 sera remplacé dans la fonction publique en 2018 : Le secteur “gâté” de la République fait sa crise

Seul 1 poste sur 5 sera remplacé dans la fonction publique en  2018 : Le secteur “gâté” de la République fait sa crise

Hormis l’Education nationale, la santé et l’enseignement supérieur, les collectivités locales et les établissements publics ne sont autorisés à remplacer leurs postes vacants que très partiellement.

Le baril a dicté sa loi. La dégringolade des prix du pétrole n’a pas épargné le plus grand pourvoyeur d’emplois. La Fonction publique qui compte plus de 2 millions de travailleurs ne sera autorisée à remplacer les postes vacants pour cause de départs à la retraite, de démissions ou de décès qu’à hauteur d’un poste sur cinq.

Hormis l’Education nationale, la santé et l’enseignement supérieur, les collectivités locales et les établissements publics ne sont donc autorisés à remplacer leurs postes vacants que très partiellement.

Le secteur «gâté» de la République ne fera pas le plein. Secteur improductif par excellence et exceptionnellement budgétivore il était inconcevable qu’il puisse continuer à recruter à tour de bras comme ce le fut dès les premières années de l’indépendance et même jusqu’à ces dernières années. Très prisé pour notamment, la stabilité de l’emploi, mais aussi pour les salaires qui ont été exceptionnellement revalorisés en 2008 dans le sillage des prix record du pétrole qui avaient établi au mois de juillet de cette année-là un record: plus de 147 dollars, il s’est forgé un statut de valeur refuge.

Cette année-là, qui fut une année faste pour l’Algérie dont les revenus pétroliers avaient atteint les 76 milliards de dollars. 2014 allait signer la fin de cette période quasi fabuleuse. Les cours de l’or noir ont drastiquement chuté et les caisses de la Trésorerie du pays se sont pratiquement vidées. Emportant dans la foulée le «mythique» Fonds de régulation des recettes, tout en laminant de près de moitié des réserves de changes qui avoisinaient les 200 milliards de dollars. Et ce n’est certainement pas terminé même si la crise tend à sérieusement baisser d’intensité. Normal donc que cela se répercute sur l’emploi et en particulier sur la Fonction publique, qui renferme le plus important bataillon de la population active.

Une alternative pour la résorption du chômage tout en permettant d’entretenir une politique sociale, trait particulier de l’Etat dont le souci de préserver la justice sociale et de garantir un travail pour le plus grand nombre, demeurent des missions immuables. Pris à la gorge par la terrible crise financière imposée par l’effondrement des cours du baril et évitant à tout prix de dégraisser, le gouvernement a opté pour cette solution médiane, la moins douloureuse certainement: celle de ne pas pourvoir les départs dans leur majorité.

Le fait d’avoir ciblé certains secteurs tels que les collectivités locales et d’autres administrations n’est-il pas porteur de dysfonctionnements? Si l’on en juge de prime abord par leur situation pléthorique et l’effet générateur de plus de bureaucratie, de lenteurs administratives l’on peut spontanément affirmer que cela serait plutôt un mal pour un bien. Par contre, cela risque de poser un sérieux problème en ce qui concerne l’encadrement.

Les départs à la retraite qui ont «explosé» en 2016, suite à la loi qui a modifié l’ordonnance 97-13 autorisant le départ à la retraite sans condition d’âge ne seront probablement pas sans conséquence sur les entreprises et administrations publiques. La plupart d’entre eux sont en effet des cadres à l’expérience attestée qui occupent des postes à responsabilités depuis des années.

Le vide qu’ils auront laissé aura probablement des répercussions sur le bon fonctionnement de leur secteur. Sans parler des répercussions qu’ a eues cette saignée en ressources humaines sur la trésorerie de la CNR (Caisse nationale des retraites).

Elle représente un sérieux danger pour la pérennité de ce système de solidarité intergénérationnel que symbolise la retraite. Moins de travailleurs qui y cotisent ne peut que le fragiliser davantage. Ces «dommages collatéraux», l’Algérie ne peut finalement pas y échapper. La nouvelle orientation économique qu’ont décidé d’imprimer les pouvoirs publics au pays pour le sortir de son addiction à l’or noir à un moment où il souffre d’une baisse notoire de revenus a conduit à trancher dans le vif et sans trop de dégâts. Et comme dirait l’adage: «On ne fait pas d’omelette sans casser les oeufs.»