Ses dernières déclarations tendent à semer le doute sur la transparence du scrutin: Derbal, juge et partie ?

Ses dernières déclarations tendent à semer le doute sur la transparence du scrutin:  Derbal, juge et partie ?

Les partis politiques, qui redoutent la fraude électorale, ne seraient motivés, suggère-t-il, que par la “négociation de quotas” que le pouvoir viendrait à leur offrir.

Dans la foulée de la médiatisation des activités de la Haute instance indépendante de surveillance des élections qu’il préside, Abdelwahab Derbal semble s’être égaré dans les déclarations qu’il vient d’accorder à différents médias de son choix. Se sentant visiblement agressé par on ne sait qui, l’ancien député du mouvement islamiste d’Ennahda s’en tient à des considérations qui ne sont nullement de son ressort.

Jugeons-en par cet extrait paru hier dans la presse arabophone : “Les partis n’ont pas peur de la fraude mais de la transparence.” Sans s’attarder dans une analyse sémiologique de cette seule phrase qui a servi de titre à l’entretien accordé au journal El Bilad, cette sentence n’a pas sa place dans la bouche d’une personnalité censée précisément être au-dessus de la mêlée. Ainsi, si l’on en croit Derbal, les partis politiques qui redoutent la fraude électorale lors du prochain scrutin du 4 mai ne seraient motivés finalement que par la “négociation de quotas” de sièges, voire de strapontins que le pouvoir viendrait à leur offrir. Cette annonce est en soi gravissime tant elle vient confirmer ce que tout le monde soupçonnait déjà.

S’agissant de la “transparence”, souhaitée par l’ensemble du corps électoral algérien, l’ancien membre de la commission juridique et des libertés publiques de l’APN jure, à qui veut bien l’entendre, que le prochain rendez-vous électoral sera “exemplaire”. Bien évidemment, tout le monde et même les boycotteurs ne demanderaient, ainsi, qu’à le croire.

Et puis, de quels partis politiques parle, précisément, Derbal ? Sûrement pas le FLN, l’ancien parti unique qui n’a jamais abordé la question de la fraude. Ou encore moins, le RND qui, lui, s’en est plutôt bien accommodé, on s’en souvient en 1997, année au cours de laquelle ce même Derbal est devenu député. S’il ne s’agit pas de partis du pouvoir, c’est donc bien ceux de l’opposition qu’il accable de la sorte. Trop facile quand on sait que ce fervent “démocrate” avait déjà mené un “putsch” contre le leader et fondateur du mouvement islamiste Ennahda, Saâd Abdallah Djaballah.

Il sera même récompensé par la suite par différents postes au sein de l’État à commencer par le portefeuille de ministre chargé des Relations avec le Parlement, de conseiller à la présidence de la République, de chef de la mission permanente de la Ligue des États arabes auprès de l’Union européenne, de la Belgique et du Luxembourg, d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de l’Algérie auprès du royaume d’Arabie saoudite et représentant permanent de l’Algérie auprès de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), et ce, jusqu’en 2013.

Malgré ce parcours “éloquent”, sa désignation à la tête de la Haute instance indépendante de surveillance des élections n’avait pas soulevé pour autant de vagues. L’opinion croyait, jusqu’à alors, que ce juriste diplômé de la Queen’s university of Belfast, en Irlande du Nord, ferait preuve de mesure et de tact.