Quelle langue choisir ?

Quelle langue choisir ?
Revendication identitaire pour les uns et phénomène de mode pour les autres, cette attitude est une manière de s’assumer et d’accepter ses origines. Face au désarroi économique, politique, territoriale, la solution identitaire est une grande illusion. D’abord de surface. Ce n’est sûrement pas le parler kabyle qui va créer des emplois en Kabylie, ni le chaoui à Oum-Bouagui. L’emploi viendra au contraire du maniement des grandes langues, l’espagnol, l’anglais, le chinois. Même l’arabe et le français n’y suffissent déjà plus. Mais illusion de fond surtout. Le local ne sera jamais une solution au global.  Le zadisme, sous toutes ses formes, ne marche pas. Il sous-estime l’immensité du défi : l’économie du 21ème siècle est de type agrégatif, l’activité attire l’activité, les talents se regroupent à la californienne, la déconstruction des chaînes casse les usines intégrées d’hier pour répartir les emplois là où les flux mondiaux sont faciles. La question  des territoires désertifiés est mondiale, elle est grave, mais en l’état actuel des réflexions intellectuelles, on ne connaît pas vraiment de solution. Il y en a de deux types. La première est la mobilité, construire des réseaux de communication et aider les gens à quitter les zones perdues. C’est celle proposée en France par le président Macron. Elle impose de gros investissements dans la formation et le logement, mais elle ne dit rien des nouveaux déserts et des gens qui devront y rester (chômeurs sans espoir, agriculteurs, retraités…), ce qui fera quand même, hélas, beaucoup de monde. L’autre est la décentralisation, le territorialisme. Cette voie n’est pas sans issue pour redynamiser une région mais elle est d’une efficacité réduite.  Plus largement, la décentralisation des recettes fiscales, revendication de tous les élus locaux, doit aussi être regardée avec prudence. Car si les élus connaissent mieux le terrain, ils sont aussi plus tentés par l’électoralisme.
Rachid M.