Le Qatar soutient le Maroc dans la question du sahara occidental : Et après?

Le Qatar soutient le Maroc dans la question du sahara occidental : Et après?

Hormis le fait d’apporter un peu de baume au coeur du souverain marocain, dont la diplomatie a volé en éclats, cette position se situe aux antipodes des efforts déployés par l’ONU pour mettre fin à ce conflit.

Est-ce une bonne raison pour qu’il y ait de l’eau dans le gaz entre Doha et Alger? Des voix s’élèvent déjà pour y voir un coup de canif dans leur coopération. Il faut beaucoup plus qu’une déclaration qui n’épouse pas sa position pour La diplomatie algérienne Le Qatar vient certes d’apporter un soutien clair au Maroc dans le conflit du Sahara occidental, dont il a annexé les territoires en 1975. Et après? Cela va-t-il influer sur le cours de l’Histoire? Le peuple sahraoui reste déterminé à arracher son indépendance. La légalité internationale, piétinée par le Maroc, est de son côté. Toutes les résolutions votées par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, sans exception, lui garantissent et lui reconnaissent son droit à l’autodétermination. Le Sahara occidental figure sur la liste de l’ONU des territoires qui restent à décoloniser. Et que dire des arrêts rendus par la Cour de justice européenne (Cjue) en ce qui concerne les accords agricoles et de pêche conclus entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc qui incluent les territoires sahraouis. Restituons-les pour convaincre les sceptiques de la vérité historique dont ils sont porteurs. «Compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l’accord de pêche», ont jugé, le 27 février 2018, les magistrats européens. «L’accord de pêche conclu entre l’UE et le Maroc est valide, dès lors qu’il n’est pas applicable au Sahara occidental et aux eaux adjacentes à celui-ci», ont-ils conclu, après avoir été saisis par la Haute Cour de justice britannique, suite à une plainte de l’ONG, Western Sahara Campaign (WSC), qui plaide le droit à l’autodétermination du Sahara occidental annexé par le Royaume depuis 1975. «La Cjue juge donc que, compte tenu du fait que le territoire du Sahara occidental ne fait pas partie du territoire du Royaume du Maroc, les eaux adjacentes du territoire du Sahara occidental ne relèvent pas de la zone de pêche marocaine visée par l’accord de pêche», précise le communiqué de la Cjue. Une décision qui fait écho à l’arrêt qui a été rendu le 21 décembre 2016 dans le cadre de l’accord agricole qui lie Rabat à Bruxelles depuis 2010. «… Compte tenu du statut séparé et distinct garanti au territoire du Sahara occidental en vertu de la Charte des Nations unies et du principe d’autodétermination des peuples, il est exclu de considérer que l’expression «territoire du Royaume du Maroc, qui définit le champ territorial des Accords d’association et de libéralisation, englobe le Sahara occidental et, partant, que ces accords sont applicables à ce territoire», avaient tranché les juges européens. Il est vrai que si on fait une lecture étriquée du soutien apporté par cet état microscopique du Golfe au Royaume marocain, on peut y voir un coup de canif dans son partenariat avec l’Algérie. A s’y intéresser de plus près, il s’apparente un acoquinement. Deux pays en proie à l’isolement.

Le Qatar subit une féroce quarantaine de la part de ses voisins du Golfe, à commencer par la puissante Arabie saoudite qui le soupçonne de financer le terrorisme. Le Maroc est de plus en plus isolé sur la scène internationale, concernant le conflit du Sahara occidental à commencer par l’Union africaine à laquelle il a adhéré en 2017. L’UA a ouvertement appelé au démantèlement de ce qu’elle qualifie de dernier bastion du colonialisme en Afrique. «C’est le dernier avant-poste de l’occupation coloniale en Afrique, qui doit être démantelé dans l’accomplissement de la vision des pères fondateurs, à lutter pour une Afrique pleinement indépendante et souveraine», avait déclaré l’ex-président du Zimbabwe Robert Mugabe, qui a assuré la présidence de l’Union africaine en 2015, lors de la cérémonie de célébration des 52 ans de la fondation de l’Organisation de l’Unité africaine (OUA). Que vaut, devant cette déclaration qui appelle à rétablir le droit du peuple sahraoui à son indépendance, celle tenue par le Premier ministre du Qatar, Abdullah Ben Nasser Ben Khalifa Al-Thani, qui le lui dénie? Du pipi de chat, vraisemblablement…

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