Le projet américain autour des kurdes de syrie se confirme : Damas et Ankara promettent d’y mettre fin

Le projet américain autour des kurdes de syrie se confirme : Damas et Ankara promettent d’y mettre fin

«La Syrie condamne fermement l’annonce américaine concernant la formation d’une milice armée dans le nord-est du pays», indique le ministère des Affaires étrangères, cité par Sana, et elle «considère tout citoyen syrien qui participe à ces milices comme un traître à la nation».

Le gouvernement syrien qui concentre tous ses efforts, depuis quelques semaines, pour la reprise de la ville d’Idlib où ont été regroupés presque tous les groupes terroristes expulsés d’Alep, Homs et Damas, a haussé le ton face à la confirmation du projet de création d’une force frontalière incarnée par les FDS, branche syrienne des Kurdes de la région que soutiennent et arment massivement les Etats-Unis. Assurant qu’il considérerait les éléments de cette force comme des «traîtres» à la solde de l’ennemi, le régime syrien confirme une nouvelle fois sa détermination, le moment venu, à expurger son territoire de cette menace programmée à partir de laquelle Washington entend garder pied en Syrie, au-delà de toute légitimité et au mépris du droit international. Car si durant les six dernières années, la coalition internationale motivait ses bombardements aveugles par le fait de lutter contre le groupe autoproclamé Etat islamique, il aura fallu attendre l’engagement de la Russie fin octobre 2015 pour que le sort du puissant groupe terroriste commence à se dessiner. Et c’est en tirant profit de cette situation que la coalition dirigée par Washington a annoncé dimanche dernier la création de cette «Force de sécurité frontalière», organisée en partenariat avec des supplétifs kurdes et arabes. Le but de l’opération serait «d’empêcher la résurgence de l’EI», mais on se doute bien que le vrai objectif est de barrer la route à une résurgence de la Syrie sur toute l’étendue de son territoire, d’une part, et à disposer en outre d’un instrument de pression et de chantage le moment venu. «La Syrie condamne fermement l’annonce américaine concernant la formation d’une milice armée dans le nord-est du pays», selon une source du ministère des Affaires étrangères, citée par l’agence officielle Sana. «La Syrie considère tout citoyen syrien qui participe à ces milices (…) comme un traître à la nation», souligne la source non identifiée. Le ministère dénonce également «une atteinte flagrante à la souveraineté et l’intégrité du territoire syrien, et une violation du droit international.»

Les FDS, une alliance dominée par la minorité kurde même si sa composante est majoritairement arabe, ont participé sous la houlette des Etats-Unis à la prise de Raqqa, ex-capitale de Daesh dans le pays. Les arguments selon lesquels la «Force de sécurité frontalière puissante va empêcher la liberté de mouvement (de Daesh) et le transport de matériel illicite», selon la coalition, cache vraiment mal les tenants et les aboutissants de cette initiative qui prenait forme depuis bientôt deux ans.

La nouvelle force de 30.000 hommes, va être constituée «au cours des prochaines années», et elle sera composée à parité égale par les FDS et de nouvelles recrues dont on peut se demander quelle sera leur provenance quand on connaît les questionnements encore pendants autour de l’origine et de la mutation des principaux responsables de Daesh.

Elle sera stationnée, ont décidé unilatéralement les Etats-Unis, le long des frontières internationales, à l’est et au nord de la Syrie, qui jouxtent l’Irak et la Turquie, mais, beaucoup plus grave, sur les lignes aussi de démarcation entre la zone américano-kurde et le reste du pays.

Tandis que les indépendantistes kurdes de la région reprennent du poil de la bête, Ankara est aussitôt montée au créneau pour qualifier cette nouvelle «Force» d’opération de «légitimation d’une organisation terroriste», les Unités de protection du peuple d’où proviennent les FDS étant classées par la Turquie sur le même registre que le PKK avec lequel elles ont des relations troubles.

Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a menacé hier de «tuer dans l’oeuf» cette force frontalière que Washington souhaite créer en Syrie. «L’Amérique a avoué qu’elle était en train de constituer une armée terroriste à notre frontière. Ce qui nous revient, à nous autres, c’est de tuer dans l’oeuf cette armée terroriste», a lancé Erdogan, lors d’un discours enflammé à Ankara.

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