À propos de la « tempête » médiatique qui a été soulevée cette semaine au sujet de l’ouvrage de Khaled Bentounes, le guide de la tariqa Alawiya, de ses « dessous occultes », de ses retombées, ou de l’ouverture grande et béate de la zaouïa sur un public « multiconfessionnel », Liberté a ouvert ses colonnes à Cheikh Hadj Adda Bentounes, le président de l’Association Cheikh El-Alawi pour l’éducation et la culture soufies, organisatrice de la manifestation commémorative du 1er centenaire de la tariqa Alawiya.
Liberté : Le secret de la tenue de la manifestation commémorative du centenaire en dehors de la zaouïa, et au niveau de l’université précisément ?
Cheikh Hadj Adda Bentounes : Effectivement, nous disposions de tous les moyens nécessaires, et des espaces largement suffisants, pour fêter « en huis clos », en notre cercle restreint, un tel événement.
Seulement de la sorte, nous en aurions privé un large public, non seulement local, mais à l’échelle planétaire.
Nous l’aurions exclu du débat de haut niveau intellectuel, scientifique et religieux, qui y a été engagé.
Nous devions partager la fête. L’esprit même de zaouïa, ou angle littéralement, tend vers l’ouverture sur son environnement.
Une ouverture qui s’impose davantage en cette heure de grande crise. De même, nous concevons qu’il ne peut y avoir meilleur symbole du savoir et de la connaissance que l’université.
Dans la manifestation nous avons harmonieusement intégré et associé le débat et le dialogue scientifique, à travers les conférences et les ateliers, la prière et la récitation du Coran, l’invocation divine et l’accomplissement des rituels spirituels, chaque soir dans l’enceinte de la zaouïa, en sus des activités culturelles menées en parallèle.
C’est là la triptyque savoir, spiritualité et culture, de base à même d’émettre un message percutant. 37 pays, ainsi que les grandes religions sont représentés.
Les conférenciers venus du Japon et de la Réunion ont été convertis à l’Islam grâce à Cheikh Khaled Bentounes.
À travers la Caravane de l’espoir, en périple depuis le 29 janvier passé, l’invitation était ouverte à tout le public.
Toutes les torok ont été conviées au grand rassemblement, prévu pour mercredi et jeudi (aujourd’hui), pour la lecture du Coran et l’accomplissement des rituels religieux au sein de la zaouïa.
L’Association des Ulémas a été invitée, mais elle ne s’est pas encore manifestée à ce jour.
À en croire certaines sources, ses membres responsables affirment ne pas avoir reçu d’invitation, alors que nous sommes sûrs que cette dernière est parvenue à bon port.
Le doyen de l’université Émir-Abdelkader de Constantine est parmi nous. Il nous a remis le message de remerciements de la famille et de la Fondation Abdelhamid-Ibn Badis, avec lesquelles nous entretenons d’excellents rapports.
Un message du président de la République ?
Je ne peux répondre à ce sujet. Lors du congrès que nous avons tenu en 2005, il n’a pas transmis de message.
Aussi considérons-nous que ce n’est point un motif de préoccupation.
La polémique ?
L’ouvrage du guide de la tariqa qui a suscité la vive réaction des « détracteurs », a été introduit le plus légalement du monde en Algérie.
Il a été soumis à tous les cercles et les autorités religieuses, non seulement du pays, mais même ceux établis en dehors.
Nous n’avons été rendus destinataires d’aucune remise en cause du contenu de l’ouvrage, émanant d’une quelconque autorité religieuse officielle.
Nous en avons trop parlé. Les images en question, ne sont qu’une reproduction, plutôt une réédition de photos anciennes.
Malheureusement, on semble confondre entre caricatures et miniatures.
Il s’agit de miniatures qui existent depuis plus de huit siècles. Elles sont disponibles dans les musées, en Afghanistan, en Turquie…
Il y a à peine un siècle, certaines images, à l’instar de celle du tombeau de Lalla Khadidja, ou de certains compagnons du Prophète, étaient bel et bien disponibles.
Mais où sont-elles passées ? Un riche patrimoine a été dilapidé. Pourquoi ne s’est-on pas inquiété de cette disparition ?
Ces journalistes et autres prétendus Ulémas auraient dû remercier le guide Khaled Bentounes pour avoir exhumé le riche patrimoine perdu.
Pourquoi cette attaque ? Peut-on conclure qu’on est soumis à la règle de deux poids, deux mesures ?
D’un côté l’Islam de la « petite » zaouïa Alawiya, et de l’autre l’Islam des pétrodollars ? Honteux ?, n’est-ce pas ?
La tariqa Alawiya qui, depuis fort longtemps, parmi tant d’autres torok, jouit du grand honneur de fêter et vénérer chaque anniversaire d’El-Mawlid, peut-elle se permettre l’atteinte à l’image du Prophète ?
Ces mêmes « détracteurs » qui ont osé décréter « haram » une telle commémoration annuelle.
Les dessous d’une telle polémique ? C’est clair ! Elle a été fomentée par une certaine presse qui était en mal de lectorat et d’audience.
C’est l’été, les scoops et les sujets d’actualité attractifs manquent grandement, alors ce fut l’occasion ô combien opportune de se mettre en évidence. Ainsi a-t-on pensé tirer profit de l’aubaine !
Les retombées ?
ll Nous avons été bénéficiaires à un seul égard, celui de susciter chez le citoyen algérien, musulman ou pas, l’esprit de l’ouverture sur autrui et de l’analyse critique, de ce qu’on lui présente comme arguments de persuasion.
Ceci est halal ! Cela est haram ! Abstiens-toi de cela ! Tiens-toi à ceci !
On nous a trop et « bêtement » étreints dans notre bouée de réflexion et d’action.
Nous ne prétendons pas détenir la vérité absolue, seulement nous affirmons qu’il faut ouvrir la voie au dialogue.
Et en ce sens, Cheikh Khaled Bentounes demeure fort connu pour cette qualité.
Ce n’est donc pas par hasard qu’il a pu colporter le message de l’Islam jusqu’aux fins fonds de l’Amérique.