Pas d’accord sur le protectionnisme et le climat au G20: Mondialisation : est-ce le début de la fin ?

Pas d’accord sur le protectionnisme et le climat au G20: Mondialisation : est-ce le début de la fin ?

Contre vents et marées, les États-Unis de Donald Trump ont fini par imposer leur jeu à leurs “partenaires” au sein d’un G20, dont le sommet d’hier s’est achevé sur de profonds désaccords sur le libre-échange et le climat.

Les ministres des Finances des pays membres du G20 se sont séparés, hier, à Baden-Baden (Allemagne), en accouchant d’un communiqué final qui ne fait aucunement référence au “protectionnisme” et à l’Accord de Paris sur le climat. L’opposition farouche des États-Unis a été la cause de l’absence de ces deux mentions, ont rapporté les agences de presse. “Nous travaillons à renforcer la contribution du commerce à nos économies”, se sont contentés de noter les ministres des pays les plus puissants du monde, à l’issue d’une réunion de deux jours qui a été marquée par “un désaccord entre un pays et tous les autres”, a résumé le ministre français Michel Sapin lors d’une conférence de presse, a repris l’AFP.

“Il n’y a aucun infléchissement de la position du G20, c’est parce qu’il n’a pas voulu infléchir sa position qu’il n’y a pas eu de mention” sur le libre-échange et Paris, a-t-il assuré. La formule choisie sur le commerce mondiale signifie : “Nous ne sommes pas d’accord avec les États-Unis.” Mais la réalité est que le nouveau président des États-Unis compte aller jusqu’au bout dans sa politique économique basée sur l’idée “America the first (l’Amérique d’abord)”.

Vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel a vainement tenté de convaincre le président américain, lors de sa visite à Washington, de renoncer à sa politique protectionniste et à relancer les négociations autour du controversé accord commercial transatlantique (TTIP), auquel des millions d’Européens s’opposent farouchement pour son contenu antisocial visant, entre autres, à démanteler le service public et à détruire la politique de protection sociale sur le Vieux Continent.

“Je crois que la mondialisation doit être façonnée avec un esprit ouvert”, a-t-elle affirmé. Une déclaration à laquelle M. Trump a rétorqué en expliquant : “Je ne suis pas un isolationniste, je suis un partisan du libre-échange, mais aussi d’un échange équitable (…) car notre libre-échange a conduit à beaucoup de mauvaises choses.” Le G20 a tenu une dizaine de réunions durant lesquelles les pays membres ont fait de la lutte contre l’évasion fiscale mais aussi de la dénonciation du protectionnisme, leur cheval de bataille. La dernière réunion de septembre à Hangzhou, en Chine, a été l’occasion pour des pays membres du G20 de réaffirmer leur accord sur la nécessité de “s’opposer au protectionnisme”, avait déclaré, à ce moment-là, le président chinois Xi Jinping. “Nous nous sommes accordés pour soutenir le système d’échanges commerciaux multilatéral”, avait souligné le communiqué final de cette réunion. “Nous prolongeons jusqu’à la fin de 2018 notre engagement de statu quo et de démantèlement des mesures protectionnistes”, lisait-on encore dans le même texte.

Ces engagements ne semblent plus d’actualité. Car l’arrivée de Donald Trump à la tête des États-Unis est en train de bouleverser l’ordre économique mondial progressivement, en remettant en cause l’ensemble des traités commerciaux que son pays avait conclu auparavant, à commencer par l’annulation du “traité de libre-échange transpacifique”, dès son installation à la Maison-Blanche fin janvier dernier. Signé en 2015 par 12 pays d’Asie-Pacifique, ce traité n’est pas encore entré en vigueur et l’objectif était de contrebalancer l’influence de l’économie chinoise. Les pays membres du G20 se sont donné rendez-vous pour le mois de juillet prochain pour tenter d’infléchir la position américaine, notamment au sujet de l’Accord de Paris sur le climat. Mais à lire les déclarations du secrétaire d’État américain au Trésor, Steven Mnuchin, il n’y a pas quoi espérer un revirement de Washington de sitôt.

Ce dernier a déclaré, en effet, que le langage des communiqués des précédents G20 n’était pas tout simplement “pertinent”.