Ouyahia fait un constat précis sur la situation financière en Algérie et appelle à l’intensification des efforts pour surmonter cette conjoncture difficile

Ouyahia fait un constat précis sur la situation financière en Algérie et appelle à l’intensification des efforts pour surmonter cette conjoncture difficile

ALGER- Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia a présenté jeudi des données précises sur la situation financière du pays, à travers lesquelles il a répondu aux préoccupations des députés soulevées lors des  séances de débat autour du Plan d’action du Gouvernement, appelant à l’intensification des efforts pour surmonter la conjoncture difficile.

Lors d’une séance présidée par M. Said Bouhadja, président de l’Assemblée  populaire nationale (APN), en présence de membres du gouvernement, M.  Ouyahia a évoqué plusieurs questions politiques, économiques, et sociales  soulevées par les députés durant les séances du débat.

Le Premier ministre a accordé un intérêt particulier au financement non  conventionnel en exposant les données financières et économiques de cette mesure, soulignant que le « gouvernement n’a rien inventé », réfutant toutes  les rumeurs relayées au sujet des conséquences du recours au financement non conventionnel à l’instar de l’augmentation de l’inflation à des niveaux  élevés, le recul du pouvoir d’achat du citoyen et la dépréciation de la  valeur de la monnaie nationale.

M. Ouyahia n’a pas défini la valeur effective de la masse monétaire qui  sera injectée dans l’économie nationale à travers le financement non  conventionnel, soulignant dans ce sens: « ce financement est une affaire de  gestion économique pour une période de cinq ans maximum qui dépend de  données purement économiques, loin des calculs politiciens ».

Il a fait savoir à ce propos que le recours du gouvernement au financement  non conventionnel évitera au pays une crise financière aiguë, précisant que  « le temps prouvera si le gouvernement avait raison ou tort d’adopter cette  mesure, d’autant que les experts et les membres du gouvernement procéderont  à l’étude de l’efficacité de cette mesure au cours des six prochains mois ».

M. Ouyahia a indiqué que le gouvernement se dirigera, d’année en année, et  jusqu’en 2022 vers la réduction de la valeur de ce financement par la  Banque centrale, pour assurer la gestion et réaliser l’équilibre  budgétaire.

Il a insisté par ailleurs que le gouvernement se base sur les données  officielles de la Banque centrale concernant la valeur du dinars par  rapport aux prix du dollar et de l’euro au niveau du marché international,  expliquant que la rumeur faisant état d’une éventuelle inflation et  dépréciation du dinar ont favorisé l’augmentation de la valeur de la devise  sur la marché informel.

S’agissant des appréhensions concernant le recours du gouvernement à  l’impression des billets de banques, ce qui induira une inflation de la  masse monétaire, M. Ouyahia a rassuré que « la masse monétaire dont dispose  le pays n’équivaut pas la valeur des réserves de change, qui est estimée à 14.500 milliards de dinars ».

Les réserves de change de l`Algérie se sont établies à 103 milliards de  dollars à fin août 2017, a rappelé le Premier ministre qui prévoit un recul  des réserves de change à 102 milliards de dollars en septembre en cours.

M. Ouyahia a rassuré l’opinion publique que les fonds de la fiscalité  recouvrée au 14 septembre en cours, permettront de verser les salaires des  fonctionnaires pour les prochains mois, précisant que l’augmentation de la  masse monétaire à la Banque centrale, au mois de septembre en cours, a permis un changement des prévisions.

Détaillant les données financières, M. Ouyahia a révélé que jusqu’au 31  août dernier, la masse monétaire à la Banque centrale était de l’ordre de  50 milliards de DA, tandis qu’elle a atteint le 14 septembre en cours, 360  milliards de DA, et ce, grâce aux fonds de la fiscalité recouvrée.

Concernant la valeur de la fiscalité non recouvrée et les amendes, le  Premier ministre a indiqué que la vraie valeur de la fiscalité non  recouvrée était de 2.500 milliards de dinars, contrairement au chiffre  avancé de 12.000 milliards de dinars qui représente la valeur de la  fiscalité qui devait être payée par les entreprises dissoutes, estimée à  1900 milliards de dinars et 7000 milliards de dinars d’amendes prononcées  par les tribunaux tout au long des années précédentes.

Le Premier ministre a assuré que le recouvrement du montant de cette  fiscalité était en cours à travers les démarches menées par les services du  ministère des Finances.

Quant au total des crédits octroyés par les banques, le ministre a dit  qu’il s’élève à 8.467 milliards de dinars dont 4000 milliards aux  entreprises publiques et 700 milliards aux petites entreprises, le reste chez le privé.

Tandis que les crédits bancaires non recouvrés représentent 11% du montant  total des crédits allouées par l’Etat soit 800 milliards de dinars dont 100  milliards de crédits Ansej.

Concernant l’effacement des dettes de certaines micro-entreprises, le  Premier ministre a déclaré que  » le gouvernement est déterminé à aider les  jeunes », soulignant que 27 milliards DA de dettes ont été effacées  récemment par les banques au profit d’entreprises de l’ANSEJ tandis que d’autres entreprises ont bénéficié d’un rééchelonnement de leurs dettes.

Au sujet des mesures prévues dans le cadre du projet de loi de finances  2018, le Premier ministre a dit que le budget de fonctionnement prévu ne  sera pas augmenté contrairement au budget d’équipement qui sera revu à la  hausse, en raison de la hausse du coût des projets de développement des  communes et des crédits du Fonds spécial du Sud et des Hauts-plateaux, outre l’assainissement des dettes envers les entrepreneurs.

Le gouvernement prévoit l’introduction de chèques islamiques dans le  trésor de l’Etat, au titre du projet de loi de finance 2018,   ainsi que  l’introduction avant la fin de l’année 2017 de la finance islamique dans le  domaine bancaire pour deux banques publiques contre quatre autres banques publiques en 2018.

S’agissant des fonds de l’économie parallèle, le premier ministre a  indiqué que les chiffres présentés par le gouverneur de la Banque centrale  montrent que l’Algérie disposait jusqu’à juillet 2017 de 14.500 milliards  de dinars dont 2700 mds de dinars en circulation sur le marché parallèle.

Le gouvernement préservera les acquis sociaux, notamment la politique de  subvention actuelle particulièrement pour ce qui est des produits de large  consommation subventionnés, qui sera maintenue l’année prochaine, a rassuré  M. Ouyahia.

Après l’adoption du projet de loi sur la monnaie et le crédit le  financement des logements AADL de type location-vente devrait être assuré  par le Fonds national d’Investissement (FNI) à travers l’injection de 250  milliards DA sous forme de crédits remboursables sur une durée de 30 ans.

Concernant la lutte contre la corruption, le chef de l’exécutif a rappelé  que l’Algérie était parmi les premiers pays à signer la convention  internationale de lutte contre la corruption et qu' »elle l’applique  quotidiennement au niveau de la Justice, ajoutant que la lutte contre ce  fléau « nécessite la conjugaison des efforts de toutes les parties  concernées ».

Pour ce qui est de la réactivation du contrôle des mécanismes  d’application du plan d’action du gouvernement, le Premier ministre a indiqué qu’une instance indépendante chargée du contrôle de la mise en œuvre du plan d’action du gouvernement et du processus de financement non  conventionnel prévu dans ce programme, sera instituée par voie de décret présidentiel.

Placée sous la tutelle du Président Abdelaziz Bouteflika, l’instance  présentera des rapports trimestrielles (trois mois) au Président de la  République pour le suivi et l’évaluation de tout ce qui est réalisé.

Le Plan d’action du gouvernement a été adopté jeudi à la majorité par l’APN. Les députés ont voté le plan d’action après l’intervention de M. Ouyahia pour répondre à leurs interrogations.