Oran: Le tourisme aux abonnés absents

Oran: Le tourisme aux abonnés absents

Que des paroles en l’air malgré toutes les opérations d’embellissement annoncées pompeusement à l’approche de l’été.

Ce sont beaucoup plus les touristes et les estivants ou tout simplement les adeptes du tourisme et les amoureux d’El Bahia qui, à eux seuls, font d’Oran une wilaya et une ville touristique sans rivale. Sinon, les responsables locaux ont prouvé leurs talents dans la fuite en avant et leurs limites dans la gestion de la saison d’un tel secteur que l’on dit insidieusement, et sans rien faire dans le cadre du développement de la culture touristique, qu’il contribuera à l’indépendance de l’Algérie des hydrocarbures.

C’est la haute saison dans toutes ses tournures.

Le flux des estivants est de plus en plus important marquant la deuxième capitale du pays. En général, celle-ci n’est pas totalement propre telle que cela a été promis par les pouvoirs publics bien avant le coup d’envoi de la saison estivale.

Toutes les formes de saletés jonchent un peu partout les coins, recoins et groupements d’habitat de la capitale des Deux Lions, Oran la Radieuse. Dans le chef-lieu de la wilaya d’Oran, la production des déchets ménagers a doublé. Ils sont 3000 tonnes de différents déchets relevés chaque jour par les agents municipaux en charge de la lourde tâche du nettoiement.

La ville est donc envahie par les saletés. Une telle responsabilité ou encore un tel point noir, qui continue à peiner les responsables locaux, est, selon les autorités locales, endossable aux estivants manquant cruellement de civisme. Des citoyens ainsi que des estivants, eux, crient à l’abandon; au laisser-aller et à la passivité des responsables en charge du maintien de la propreté permanente de la ville.

Le laisser-aller en marche

Les plages composant la plus grande station balnéaire de Aïn El Turck ainsi que les localités environnantes donnent une image hideuse, leurs sables fins sont envahis par toutes formes de flacons et cannettes allant de la plus simple jusqu’à celles de bière et du vin ainsi que des débris de toutes sortes de bouteilles fabriquées à base de matières hautement dangereuses comme le verre et des boîtes métalliques destinées à la conservation des aliments et repas froids. A qui la faute? Des aoutiens ou encore des riverains ne tardent habituellement pas à mettre à découvert ceux ayant laissé une telle situation traîner, s’entasser.

Ils semblent avoir trouvé la bonne réponse en imputant une telle situation aux responsables concernés, leur reprochant tous les maux comme la léthargie durant une saison de travail aux dividendes pouvant facilement enfler en vrac les sacs de la recette communale. Ils leurs reprochent également leur laxisme et la passivité, deux faits graves étant donné que la gestion de la cité pendant la saison estivale nécessite la mobilisation des responsables en permanence.

Que des paroles en l’air malgré toutes les opérations d’embellissement annoncées pompeusement à l’approche de l’été. Tout le monde est, en résumé, en vacances, y compris le wali d’Oran qui, a, à peine installé, jugé utile de se livrer à un désoeuvrement constaté, laissant le secrétaire général de la wilaya prendre les règnes d’une wilaya en assumant sa gestion dans des conditions tant bien que mal. Force est de constater que les opérations ont abouti à l’échec cuisant dès que les premiers estivants sont arrivés.

Les prestations sont dérisoires

Le spectacle est désolant tant que les décharges publiques rasent les murs dégageant des odeurs faisant fuir les plus insensibles. A ces décharges sauvages s’ajoutent les routes abîmées longeant le littoral tandis que l’architecture type des habitations construites aux abords de la mer ne répond à aucune norme. «Toute cette situation désolante est volontairement provoquée de manière à casser le tourisme en chassant les touristes nationaux et étrangers en leur imposant des tarifs exorbitants pour des prestations des plus dérisoires», déplore un estivant venu de Paris.

Une telle conclusion est de visu perceptible à Bousfer-plage tant que ses routes ne sont pas réhabilitées alors que plusieurs discothèques d’antan sont sommées par l’interdiction d’ouverture.

«Le touriste paie rubis sur l’ongle pour se voir arnaqué en lui fournissant des senteurs pestilentielles se répandant un peu partout» a-t-il ajouté avant de conclure en préconisant qu’il suffit de «copier le modèle de la gestion tunisienne du tourisme de masse en l’appliquant localement».

Les solariums voilent le soleil

L’Etat finira-t-il par avoir gain de cause en se préparant à mettre en place des textes législatifs en consacrant le principe du «pollueur-payeur» chez les opérateurs? En attendant, la pollution est ambiante dans toutes les plages d’Oran. A une telle situation s’ajoute la problématique des solariums dont la problématique n’est pas près d’étre éradiquée malgré toutes les opérations d’arrachage de ces parasols par les forces de l’ordre. Les charognards ont la peau dure. Les vacanciers, livrés à leur triste sort, continuent à se plaindre.

Mais à qui? No man’s land! Dans la majeure partie des cas, ce sont ces parasols, dressés clandestinement, qui gâchent la fête au grand dam des aoutiens. Le consensus est commun. Une telle responsabilité est imputable aux tenants du pouvoir local ayant toléré un tel «commerce».

Arrachés à plusieurs reprises, ces bouts de tissus accrochés aux manches de ferrailles cachant le soleil reviennent en force un peu partout dans plusieurs plages. Leurs gérants n’ont jamais froid aux yeux en apostrophant l’estivant dès avoir ôté ses chaussures pour se mouiller dans l’eau.

Les espaces libérés ont été rapidement récupérés par les transgresseurs des lois de la République en prononçant la plus lourde des sentences: interdire aux vacanciers de clouer leurs parasols ni étaler leurs serviettes dans la plage qu’ils gèrent. L’accès dans les plages n’est, dans plusieurs plages, pas gratuit.

L’estivant est, dès qu’il fourre ses pieds dans les sables, sommé de casquer une somme allant de 1000 à 1500 dinars.

La note ministérielle devant être mise en oeuvre par les responsables locaux, est renvoyée aux calendes grecques. Cela survient alors qu’Oran mise sur 20 millions d’estivants devant se rendre dans les plages d’Oran.

Le constat est davantage désolant lorsque le parkingueur, tenant un gourdin dans ses mains, apostrophe l’estivant dès qu’il a garé sa voiture tout en le sommant de verser les droits de stationnement, une somme allant de 200 à 500 dinars.

Les plages d’Oran sont encore loin d’être libérées des mains de ces charognards sévissant, sans flancher, chaque saison estivale au su et au vu de tout le monde. Où sont donc passés les élus du peuple? Où sont donc passés ces responsables doublant de déclarations avant l’entame de la saison estivale pour s’éclipser durant la haute saison en se prélassant dans les somptueuses plages des villes ibériques?

En attendant des jours meilleurs, la situation actuelle est anarchique. Elle frise tous les seuils de l’entendement. L’estivant n’a qu’à abdiquer au lieu de se voir humilier, devant sa famille, pour une petite facture de 1000 dinars ou encore voir les vitres de son véhicule voler en éclats pour une pièce de 200 dinars.