Oran : la Conservation des forêts dépose plainte contre des pilleurs d’oeufs de flamants roses

Oran : la Conservation des forêts dépose plainte contre des pilleurs d’oeufs de flamants roses

La Conservation des forêts de la wilaya d’Oran vient de déposer une plainte auprès de la Gendarmerie nationale contre des individus surpris en train de piller des œufs d’oiseaux migrateurs protégés dans la Sebkha d’El Mactaa, a-t-on appris dimanche du district de la Conservation des forêts à Arzew.

C’est suite à des informations faisant état de la présence d’individus qui procèdent au pillage d’£ufs d’oiseaux migrateurs, dont des espèces protégées par différentes conventions internationales, que la Conservation des forêts a déposé plainte auprès des services de la Gendarmerie nationale, a précisé à l’APS Bouiche Cheikh.

La grande Sebkha d’Oran, de par la richesse de sa biodiversité faunistique et floristique, a été classée par la convention internationale de Ramsar en 2001. Le site abrite plusieurs espèces d’oiseaux migrateurs protégées tels l’érismature à tête blanche, la sarcelle marbrée, la grèbe à cou noir, le flamant rose et la tadorne de Belon.

Ces espèces sont considérées par l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) comme espèce en danger, précise Ali Mahadji, un ornithologue amateur de renommée internationale, qui connait bien les lieux.

Cet ornithologue avait donné l’alerte sur le pillage des oeufs des oiseaux migrateurs au niveau de la zone humide d’El Mactaa. Ce phénomène n’est pas nouveau puisque, l’année dernière, il a surpris les pilleurs d’oeufs à plusieurs reprises.

Ce spécialiste qui surveille le site depuis quatre années, a constaté cette saison une « nette diminution » de certaines espèces et la disparition totale d’autres.   Le pillage des oeufs serait sans doute une cause de cette situation, a-t-il soutenu.

Cette année, il n’y a plus de trace de l’érismature à tête blanche, une espèce d’oiseau rare et protégée dans le monde entier. Une colonie de dizaines d’individus a été observée la saison écoulée, a souligné le même ornithologue.

Il a estimé que le plus alarmant dans cette situation, c’est que les pilleurs ne sont pas des connaisseurs et ramassent tout ce qui leur tombe sous la main. Ces comportements mettent en danger la pérennité de plusieurs espèces, déjà rares et fragiles. L’érismature et le flamant rose sont des oiseaux très nerveux et abandonnent leurs nids, les £ufs et leurs oisillons à la moindre alerte.

Les espèces étant protégées, les pilleurs risquent une amende et la saisie du matériel utilisé dans leurs pratiques frauduleuses (Un véhicule utilitaire dans le cas de cette plainte), a indiqué M. Bouiche ajoutant que la surveillance du site par les gardes forestiers sera intensifiée au cours des semaines à venir pour préserver les oiseaux et leurs oeufs.

Toutefois, les spécialistes s’interrogent sur l’usage de ces oeufs, indigestes pour être consommés. Le secrétaire général de l’association écologique Barbarous, Amine Chakouri, qui a observé, pour sa part, le pillage d’oeufs de goélands au niveau de l’Ile Plane et des iles Habibas, a indiqué qu’il dispose d’informations selon lesquelles ces oeufs servent à la préparation de la pâtisserie à qualité douteuse à revendue à la sauvette à un prix défiant toute concurrence soit une quinzaine de dinars la pièce.

D’autres sources évoquent un trafic illégal au profit de l’industrie pharmaceutique alors que d’autres n’hésitent pas à parler de l’utilisation des oeufs d’échassier dans des rituels de sorcellerie.

Les spécialistes sont unanimes à estimer que quel que soit l’usage de ces oeufs, il est impératif d’intervenir pour arrêter ces agissements qui mettent la biodiversité de cette zone en danger.