Noces en barbarie, de Leïla Mallem: Une incursion dans le tréfonds de l’âme 2 OCTOBRE 2017

Noces en barbarie, de Leïla Mallem: Une incursion dans le tréfonds de l’âme 2 OCTOBRE 2017

Noces en Barbarie paru aux éditions Dar el Gharb est un roman pathétique de Leïla Mallem, qui nous introduit d’emblée dans la décennie noire.

A forte tonalité, et par sa thématique du syndrome de Stockholm, l’ouvrage Noces en Barbarie de Leïla Mallem s’écarte des sentiers battus. Contrairement aux ouvrages relatifs de cette littérature d’urgence, Noces en Barbarie effleure sans trop décrire l’aspect morbide et mortifère de cette période. Leïla Mallem a quelque peu exclu le registre dramatique sans pour autant l’occulter.

Un message humaniste

La visibilité de la romancière est atténuée par le message humaniste et altruiste qui sous-tend cette narration. Ce roman fleure bon l’amour. Un amour singulier, étrange, irraisonnable, et invraisemblable à la limite surréaliste. Noces en Barbarie se décline par ce message comme un leitmotiv, une remarquable antienne : l’amour est plus fort que tout, plus que la haine et la violence. Sans verser dans le «peace and love», il conte cette fiction d’amour qui témoigne de la puissance et de la solidité des sentiments qui peuvent battre en brèche toutes les mentalités rétrogrades et la bigoterie. L’histoire se résume autour du personnage central d’Isma, jeune médecin issue d’un milieu aisé dont le père, pharmacien et homme d’affaires en a fait sa fierté. Ce dernier rêve d’ouvrir une clinique à sa chère progéniture. Un soir d’été, Isma, son fiancé Djalil et sa cousine Faïza rentrent par route à Oran après avoir assisté au mariage de leur cousin Ramzi avec la fille d’un général. Au détour d’un virage sur la route d’Alger, une malencontreuse rencontre avec un groupe terroriste fait basculer leur destin.

Cette histoire émouvante plaide pour un message d’amour sur fond de sauvagerie et de férocité. L’auteure délivre une simple pensée comme celle du petit prince de Saint-Exupéry. A défaut d’amitié, c’est l’amour dans toute sa démesure et sa beauté que prône Leïla Mallem. D’une parfaite maîtrise linguistique avec une écriture aérée et un vocabulaire idoine, l’écrivaine dévide au fur et à mesure cette passionnante histoire qui se lit d’un trait.

Elle garde la justesse des mots et un langage lucide et clairvoyant.

La bêtise humaine

Leïla Mallem évoque avec une certaine acuité la condition humaine dans toute sa grandeur, sa disgrâce et sa laideur. Elle fait référence à l’image d’une société déliquescente dont les valeurs morales ont pris la clé des champs, ainsi qu’à l’émergence de la bigoterie avec des personnages désabusés. Drapés de méchanceté, de désenchantement et de désespérance, ils sont chevillés à la bêtise humaine au point de devenir des monstres. Cette histoire dans l’air du temps appréhende des thématiques d’actualité puisées dans le substrat social.

En observatrice avisée, la romancière dissèque l’âme de ses individus et les met face à leurs limites faisant sauter leurs fragiles carapaces. Avec une profondeur d’analyse et une hauteur de vue, elle fait une incursion dans les tréfonds de leur âme et dans les méandres de leur cœur. Sans forcer le trait entre gravité et subtilité, elle donne une intensité au récit. Avec l’authenticité des mots et leurs précisions, l’auteure soutient un rythme avec la même vivacité et trouve la juste note. A travers cet ouvrage, Leïla Mallem nous fait découvrir la solidité des sentiments et la complexité de l’homme. Indéniablement, par ce premier roman, on découvre une signature littéraire prometteuse. Quand lira-t-on avec délectation son second roman ?

Kheira Attouche