Musique: Les années d’or de la chanson

Musique: Les années d’or de la chanson

Comme pour le théâtre, l’Algérie a connu dans les années 1960-1970, les années d’or de la chanson. Qu’elle soit d’ici ou d’ailleurs, cette chanson a bercé les jeunes et les moins jeunes qui regrettent ce bon vieux temps.

 

A cette époque, où les chanteurs algériens ne s’occupaient que de l’interprétation et laissaient l’écriture des textes aux véritables paroliers tels que Mohamed El Hbib Hachlaf, et la composition musicale et l’arrangement aux vrais compositeurs tels que Missoum, Boudjemia Merzak ou Mahboub Bati, on écoutait tout le temps de belles chansons réussies sur tous points de vue. A cette époque, les chanteurs de tous les styles nous offraient à longueur d’années des chansons bien ficelées qu’on pouvait écouter et réécouter sans jamais nous lasser. Dans le moderne (Asri), Abderrahmane Aziz, qui reprenaient certaines compositions du compositeur et virtuode du luth Ray Malek, tel que Ya Kaâba ya Bit Rebbi qu’on a rééntendue à l’occasion de l’Aïd, savait qu’il y avait une relève en des artistes tels que Mohamed Lamari qui avait battu les records de vente avec Ah ya Qelbi écrite et composée par le grand Mahboub Bati. Bien qu’il y avait la concurrence des chanteurs égyptiens et occidentaux, notamment français, on s’arrachait les disques de Guerouabi, Lamari, Driassa, Seloua, Nora et plus tard ceux de Nadia Benyoucef, Nardjess et d’autres qu’on avait découverts grâce à l’émission Alhane Oua Chabab, version Mati Bachir et Seloua. Si à Constantine et Annaba, les disquaires étaient submergés par les demandes des chansons de Hadj Mohamed Tahar Fergani, Layachi Dib et Hamdi Bennani, à Oran, on continuait à s’arracher les disques d’Ahmed Wahbi, Blaoui Houari, bien que ceux d’Ahmed Saber faisaient encore fureur même après sa mort. Au moment où El Hachemi Guerouabi faisait un succès avec sa version de Youm El Khmiss, celle de Benzerga enregistrée sur 33 tours était également très demandée. A la même époque, après avoir eu un grand succès grâce aux belles paroles et à la belle musique de Mchit Nekhetbek, le Blidéen Mohamed Mazouni (à ne pas confondre avec le maître de la chanson andalouse) a décidé de continuer sur sa lancée, sans se soucier des paroles souvent médiocres. Le jeune chanteur, qui partira en France, réussira à s’accrocher en enregistrant des chansons d’occasion.

La deuxième fournée

Après la première fournée exceptionnelle dont faisaient partie des dizaines d’artistes tels qu’Amar El Achab, Reda Djilali (le fils du grand muphti Abderrahmane Djilali), Boudjemâa El Ankis, dont les tubes Oh Yantya et Rah El Ghali Rah furent vendus par milliers, Rabah Driassa et ses dizaines de chansons que tout le monde fredonnait, Khlifi Ahmed et son Kellemni Ouenkelmek Fettilifoune, El Ghazi à qui on reproche de n’avoir pas pu nous offrir un autre succès après Ya Mehla Dhel âchya, Rahma Boualam et ses disques 45 tours (Baloune Ballouna, Edîili Belkhir), Nora qui a eu le premier disque d’or et qui avait chanté en français (Paris dans mon sac), Seloua, Nadia, Thouraya etc., il y a eu la deuxième fournée avec des jeunes tels que Theldja, Nardjess, Nadia Benyoucef, Zoulikha et Youcef Boukhentache. Il faut rappeler que durant ces années d’or de la chanson algérienne, on écoutait en parralèle les succès d’Abdelhalim Hafedh, Fayrouz, Warda El Djazairia mais aussi les Français. Parmi ces derniers, on écoutait les classiques tels que Jaques Brel, Georges Brassens, Charles Aznavour et Léo Ferré mais aussi d’autres plus jeunes, comme Michel Sardou qui avait fait un tabac avec La Maladie d’amour, Julien Clerc (Si on chantait), Michel Delpech, Frédéric François, Gérard Lenorman et Daniel Guichard. Il est noter que des Algériens suivaient ce mouvement et ont même enregistré des chansons à succès comme Tu vas tu viens des Turkish Blend. De ces années d’or de la chanson algérienne, on se souvient de la montée fracassante de la chanson moderne kabyle avec en premier Noureddine Chennoud, puis Idir dont la chanson Avava Inouva fera le tour du monde, Djamel Allam et tant d’autres.

L’arrivée du clip

Après ces années d’or, il y a eu les années 1980 où l’on a vu la montée, notamment, de groupes tels que les T34 mais par la suite, l’arrivée du clip a poussé la majorité des chanteurs à ne se contenter que des images au détriment des bonnes paroles, des belles compositions musicales pour nous offrir des produits bâclés. Il est à relever que ce phénomène n’a pas touché que l’Algérie puisqu’en Europe comme en Egypte, on n’a pas revu des chanteurs du niveau de Georges Moustaki ou d’Abdelhalim Hafez. Pourra-t-on, un jour, voir émerger de nouveaux talents pour nous faire revivre ces années d’or ?

Bari Stambouli