MSP : Makri récupère son fauteuil

MSP : Makri récupère son fauteuil

Ce passage de témoin va, sans nul doute, inaugurer une nouvelle ère pour cette formation politique dont l’identité idéologique est sérieusement ébranlée par ce qui est communément appelé le “printemps arabe”.

Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP), l’ex-ministre Abdelmadjid Menasra a passé le témoin hier à Abderrezak Makri dont il a hérité du poste en juillet dernier, dans la foulée des accords de fusion entre son parti, le Front du changement (FC) et le parti dont il était issu. Ce passage de témoin, acté à l’occasion de la tenue du madjliss echoura (conseil consultatif), le parlement du parti, intervient dans un contexte marqué essentiellement par un bilan pour le moins mitigé de Menasra à la tête du parti “mère”.

Non seulement son règne a été marqué par un discours pour le moins policé à l’égard du pouvoir, qui tranchait singulièrement avec celui de son successeur, mais également par un résultat jugé “étriqué” lors des élections pour le renouvellement des assemblées locales et de wilaya du 23 novembre dernier, perçu par certains, à l’image d’Amara Benyounès, comme la fin de l’islamisme politique en Algérie.

Mais ce n’est pas l’avis de l’ex-ministre de l’Industrie. “C’est la démocratie qui est en recul et non le MSP”, s’était défendu Menasra, au lendemain du scrutin, en pointant du doigt “une fraude à grande échelle”. “Même le président de la commission nationale chargée de la préparation et de l’organisation des élections, Ahmed Ouyahia, a implicitement reconnu l’existence de la fraude puisqu’il a parlé de dépassements dont son parti est victime”, avait-t-il relevé en soulignant, en guise d’arguments, que le MSP a réalisé en 2017 un meilleur score qu’en 2012 lorsqu’il s’était présenté sous la bannière de l’Alliance de l’Algérie verte.

S’il a pu contenir un tant soit peu les remous qui secouaient en sourdine le parti, notamment entre les tenants d’une ligne d’opposition dure au régime incarnée par Abderrezak Makri et celle représentée par l’ex-président, Abou-Djerra Soltani, il reste qu’Abdelmadjid Menasra a laissé transparaître dans ses discours la différence d’approche de certaines questions entre lui et les autres dirigeants. C’est pourquoi, ce passage de témoin va, sans nul doute, inaugurer une nouvelle ère pour cette formation politique dont l’identité idéologique est sérieusement ébranlée par ce qui est communément appelé le “printemps arabe”, en témoigne le reflux aussi des autres courants de l’islamisme algérien.

Aussi, la sempiternelle question de la participation ou non “au pouvoir”, d’autant que des rumeurs insistantes font état d’un éventuel remaniement ministériel dans les prochaines semaines, constituera un des enjeux des rapports de force internes, entre l’aile participationniste et celle attachée à éviter un rapprochement avec les partis du pouvoir. Un gouvernement qui tiendra compte des nouvelles forces politiques émergentes, mais qui aura la charge de préparer le grand rendez-vous de la présidentielle du printemps 2019.

Mais au-delà, c’est le contrôle des leviers de l’appareil et de la présidence du parti qui seront l’enjeu essentiel de la bataille que vont se livrer les divers protagonistes en perspective du congrès réunificateur qui aura lieu au printemps prochain. Car c’est celui qui sera plébiscité par les congressistes qui aura probablement la lourde tâche, d’autant que les ambitions vont s’afficher au fil des semaines, d’être le futur candidat du parti à la présidentielle de 2019. C’est dire que les grandes manœuvres vont commencer dès les prochaines semaines.

Karim Kebir