Mouvements de troupes à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie : Rabat provoque Nouakchott.

Mouvements de troupes à la frontière entre le Maroc et la Mauritanie : Rabat provoque Nouakchott.

upload_-1Tout porte à croire que le Maroc cherche coûte que coûte à en découdre avec son voisin mauritanien. En effet, « les services de sécurité et de la Douane mènent depuis dimanche des opérations d’assainissement au niveau de la région [du poste de frontière] de Gargarate en vue de mettre fin aux activités de contrebande et de commerce illicite », indique la MAP, qui cite un communiqué des autorités régionales (wilaya). Ces opérations « ont permis jusqu’à présent l’évacuation de trois points de rassemblement de carrosseries de voitures et de camions d’occasion » et la saisie de 600 voitures, selon la MAP.

Réagissant avec véhémence à cette provocation flagrante, le mouvement sahraoui Polisario a dénoncé auprès de l’ONU l’opération dans une lettre. Le secrétaire général du Polisario et président de la RASD (république arabe sahraouie et populaire), Brahim Ghali, y récuse les explications marocaines et dénonce une « escalade systématique » du Maroc au Sahara occidental, où un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui doit avoir lieu sous l’égide de l’ONU.  « Toute argumentation présentée par l’occupant marocain pour ces agissements demeure infondée et sera rejetée », écrit M. Ghali.

Le Polisario a accusé les forces de sécurité marocaines d’avoir agi audelà du « mur » de défense, une barrière de sable bâtie sur près de 2 500 kilomètres par Rabat avec l’aide technique et matérielle de l’armée sioniste. « Les forces marocaines ont mobilisé des unités militaires, en violation de la zone en question, soutenues par des unités mobiles de transport et de génie militaire, appuyées par une reconnaissance aérienne », écrit le secrétaire général du Polisario Brahim Ghali, dans sa lettre à l’ONU.

La région de Gargarate est traditionnellement le théâtre de nombreux trafics vers l’ouest africain, notamment de voitures volées, et est communément appelée « Kandahar » par ses habitants en référence aux trafics qui ont cours dans le sud afghan. Gargarate est située dans le sudouest du Sahara occidental, un territoire sous le contrôle de Rabat mais que se disputent le Maroc et les représentants légitimes du peuple sahraoui. Selon le site internet d’information marocain 360 (proche du palais royal), elle a lieu au sud de Gargarate, et notamment au-delà du  » mur  » de défense marocain. L’opération marocaine intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre Rabat et Nouakchott.

Les relations se sont notablement dégradées depuis la réélection en juin 2014 du président mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz, alors que celui-ci a décidé de se plier au droit international, en sa qualité de membre observateur dans le dialogue entre le Maroc et la RASD, en acceptant le principe de tenue d’un référendum et en mettant un terme à son incompréhensible soutien à la politique colonialiste et criminelle de Rabat. Abandonnant peu à peu sa position de neutralité sur le Sahara occidental, le président mauritanien s’est publiquement rapproché du Polisario, recevant notamment le 12 août deux de ses responsables.

Ces tensions se cristallisent en particulier autour de Lagouira, une bourgade désertique au sud de Gargarate. Le Maroc considère cette localité, située au-delà de son « mur » de protection et voisine du port mauritanien de Nouadhibou, comme partie intégrante de son territoire depuis le départ du colonisateur espagnol. Rabat a longtemps laissé l’armée mauritanienne y patrouiller librement, mais avait vivement protesté fin juillet lorsque des soldats mauritaniens y avaient hissé le drapeau de leur pays. Une guerre n’est donc pas exclue dans la région si l’ONU ne tance pas comme il se doit un Maroc qui, pris de panique, se montre de plus en plus remuant et provocateur.