Mission d’observation électorale: L’étonnant rapport des Africains

Mission d’observation électorale: L’étonnant rapport des Africains

Les élections du 4 mai se sont déroulées dans un contexte politique nouveau pour l’Algérie, marqué par la création de la Hiise.

Le mission d’observation électorale de l’Union africaine (Moeua) présente en Algérie depuis la semaine dernière pour prendre part à l’observation des élections législatives du 4 mai a rendu publiques hier ses conclusions au cours d’une conférence de presse tenue à l’hôtel El Aurassi. Présentées par son porte-parole Mohamed Diléita, la mission a fait part d’un bilan globalement positif. Débutant la lecture de son rapport par la description du contexte général dans lequel se sont déroulées les élections, le conférencier a indiqué que le scrutin du 4 mai s’est déroulé dans un contexte économique marqué par la crise et l’austérité.

Sur le plan politique, le rapport de la Moeua a mentionné que ledit rendez-vous est intervenu dans un paysage politique dominé par les partis du FLN et du RND disposant de la majorité au Parlement. Les élections du 4 mai se sont aussi déroulées, fait remarquer l’orateur, dans un contexte politique nouveau pour l’Algérie marqué particulièrement par la création de la Haute Instance indépendante de surveillance des élections (Hiise) et une crainte des plus élevées quant à l’abstentionnisme auprès des partis politiques et des candidats.

Abordant ensuite le chapitre de l’administration électorale, le porte- parole de la Moeua a mis en valeur les efforts colossaux déployés par l’administration, en l’occurrence le ministère de l’Intérieur et la Haute Instance de surveillance des élections. Cependant, Mohamed Diléita a indiqué que la Moeua a noté que «quoique la mise en place de la Hiise soit perçue comme une certaine avancée par une partie de la classe politique, le champ d’action de cette nouvelle institution ne fait pas l’objet d’un consensus». Cette opinion a été décelée par la Moeua, précise Mohamed Dileita, en discutant avec certaines formations politiques qui ont exprimé leur méfiance quant à la neutralité de cette institution.

La raison de leur méfiance, explique le porte -parole de la mission d’observation électorale de l’Union africaine, est le fait que la Hiise n’est pas tout à fait indépendante. Et à ce titre, nombre de formations politiques ont exprimé, fera savoir l’ex-Premier ministre de Djibouti, de leur souhait de voir créer «un organe de gestion, indépendant des élections indépendant, impartial et conforme à l’alinéa premier de l’article 17 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance (Cadeg)». Parlant de l’implication des femmes dans ce scrutin, le conférencier a livré une opinion des plus mitigées.

En effet, il a loué l’adoption des autorités algériennes de la loi de janvier 2012 fixant la consécration de la représentativité des femmes aux assemblées élues (30%) et la nouvelle Constitution. Par contre, la Moeua a relevé que si les candidatures féminines aux élections ont connu une évolution positive depuis 2012, les femmes restent faiblement représentées dans les autres aspects du processus électoral, notamment au sein de l’administration». Et d’ajouter «la Moeua a constaté qu’en raison de l’absence de précision légale sur l’ordre de placement sur les listes, les femmes y sont rarement placées en bonne position».

«Cette lacune peut effacer leurs chances d’être élues particulièrement dans les circonscriptions électorales où le nombre de sièges à pourvoir est faible», a argué l’orateur. Commentant ensuite l’occultation des visages des femmes sur certaines listes, le porte- parole de la mission africaine, a dit «qu’une telle manoeuvre pourrait entraver la participation effective des femmes et que cette initiative va à l’encontre des principes édictées par la loi algérienne et porte atteinte à l’égalité des chances entre tous les candidats». A cet égard «la Moeua félicite la Hiise des mesures prises pour faire respecter l’esprit de la loi de 2012», a enchaîné l’orateur.

Passant en revue par la suite les remarques de la mission d’observation électorale de l’Union africaine en ce qui concerne la campagne électorale, le déroulement du scrutin, le taux de participation, ainsi que les moyens déployés, Dileita Mohamed Dileita a indiqué que la campagne électorale s’est déroulée dans de bonnes conditions marquée par le calme et une atmosphère paisible. «La mission n’a enregistré aucun cas d’activités de campagne électorale en dehors de la période prévue par la loi. Toutefois, la problématique des candidates sans visage a été signalé à travers le territoire national et les photos des candidates sur certaines affiches ont été remplacées par des photos graphiques. Ce qui a compromis leurs chances d’être élues», a déploré le porte-parole de la Moeua.

Quant aux observations du jour de scrutin, «la Moeua qui a dépêché 58 équipes à travers 43 wilayas a pu constater que l’opération d’ouverture de bureaux de vote a été respectée dans la majorité de centres de vote. De même pour l’accessibilité de ces centres», a noté la mission dans son rapport. Commentant la participation des électeurs, le conférencier a fait savoir que «la mission a observé une faible affluence au niveau des bureaux de vote visités.

Cette faible affluence a été constatée tout au long de la journée». Pour ce qui est du secret de vote, la présence des membres du bureau de vote, matériel électoral, sécurité des centres, présence des représentants des partis politiques, fermeture et dépouillement, «la Moeua n’a pas noté des irrégularités notables», a-t-il signifié. Pour corriger les petites imperfections constatées dans ce sens, «la Moeua a établi une liste de recommandations», a indiqué l’orateur et elle les a subdivisées comme suit. D’abord pour le gouvernement «de s’appuyer sur les progrès apportés par la révision constitutionnelle pour créer un cadre propice à la participation active de la société civile dans le processus électoral, prévoir des sanctions pour absence non justifiée des agents des bureaux de vote le jour du scrutin, étendre les dispositions favorisant une meilleure participation des femmes aux postes de prise de décision».

Quant à l’administration électorale, celle-là doit, préconise «la Moeua», d’habiller les agents des bureaux de vote de tenues distinctes pour faciliter leur distinction, prévoir des rampes ou d’autres facilités d’accès aux bureaux de vote, afin de faciliter le mouvement pour les personnes âgées et handicapées». Les partis politiques «doivent s’impliquer davantage dans l’éducation électorale pour permettre aux citoyens informés de faire un choix», a indiqué en outre la mission africaine dans son rapport.