Médecins spécialistes: Plus de nouveaux cabinets à Alger?

Médecins spécialistes: Plus de nouveaux cabinets à Alger?

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Une commission «spéciale» vient d’être mise en place. C’est elle qui statuera sur les demandes d’installations afin de permettre un redéploiement équitable à travers tout le pays.

Alger n’aura plus de nouveaux cabinets privés de médecins spécialistes? Ça sera aux membres d’une commission nationale d’en décider. Cette dernière, qui compte d’éminents spécialistes à l’exemple de Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l’ordre des médecins, a été installée la semaine dernière. Le dernier mot lui reviendra, après un premier filtre des directions de santé publique. Les DSP donneront un avis favorable ou non, avant de transmettre les dossiers des postulants à la commission nationale qui statuera sur la question. Cela avec comme principe un redéploiement équitable à travers tout le pays. Ainsi, les médecins spécialistes qui souhaiteraient ouvrir leur propre cabinet médical pourraient se retrouver dans une ville, ou wilaya autre que celle de leur choix ou résidence. Car la commission décide de l’endroit auquel elle affectera ces médecins, selon les besoins de telle ou telle région en termes de spécialités. Ce que les médecins voient déjà comme étant une «interdiction indirecte de l’ouverture de nouveaux cabinets dans la capitale», qui, faut-il le dire, est saturée en ce qui concerne certaines spécialités. Cela au moment où d’autres régions du pays souffrent d’un manque flagrant de ces médecins.

Comme partout dans le monde, l’Algérie souffre du problème des desserts médicaux. Même si le nombre de médecins formés est suffisant, il n’en demeure pas moins qu’ils sont réticents à se diriger vers les régions de l’intérieur et du sud du pays. Ce qui fait que leur répartition est totalement bancale. Cela s’explique par un problème d’attractivité. Ce n’est pas très «glamour» pour ces médecins d’aller travailler dans ces régions isolées, même si cela rapporte très gros. Le service civil est une solution mise en place par l’État afin de «combler» cette problématique. Mais avec la grève des médecins résidents, il a montré ses limites. Le professeur Mokhtar Hasbellaoui, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a donc décidé de «forcer» la main à ces médecins spécialistes en les obligeant à aller vers ces régions de l’intérieur et du Sud, s’ils souhaitent opter pour une carrière dans le privé. «Dans le cadre de la mise en oeuvre de la carte sanitaire et dans un souci de couverture médicale spécialisée équilibrée sur l’ensemble du territoire national, je vous informe que toute demande d’ouverture, de fermeture et transfert de cabinet de praticien spécialiste y compris les laboratoires d’analyses médicales est soumise à compter du 20 juin 2018 à examen par une commission nationale», avait indiqué, le 9 juin dernier, le département du professeur Hasbellaoui qui annonçait cette nouvelle mesure.

Ce durcissement de l’ouverture des cabinets de médecins spécialistes privés ne devrait qu’être que le début d’une série de décisions qui permettra d’accélérer la mise en oeuvre de la carte sanitaire, projet cher au ministre. Néanmoins, cette décision fait déjà grincer des dents. Avant même son application, les médecins spécialistes pestent contre ce qu’ils qualifient de «dictature» qui les fera «otages» d’un service civil à vie. Mais surtout d’une commission, dont les «critères» de choix et de sélections sont encore flous. Le professeur Mokhtar Hasbellaoui devra donc trouver rapidement le moyen de leur faire avaler la pilule, s’il ne souhaite pas que son projet soit mort-né…