Me Bachir Mecheri, membre du collectif de défense de Hocine Benhadid :“On voulait se débarrasser de cette affaire”

Me Bachir Mecheri, membre du collectif de défense de Hocine Benhadid :“On voulait se débarrasser de cette affaire”

d-on-voulait-se-debarrasser-de-cette-affaire-0916b.jpgAu lendemain de la libération du général Hocine Benhadid, Me Mecheri explique cette mesure par une probable requalification des faits, ce qui rendrait caduque et infondée l’accusation de “participation à une entreprise de démoralisation de l’Armée”.

Liberté : Après la libération inattendue du général à la retraite Hocine Benhadid, où en est son affaire ?

Me Bachir Mecheri : Le collectif d’avocats n’a pas encore consulté l’ordonnance du juge d’instruction qui a conduit à la libération, lundi dernier, du général Hocine Benhadid. Toutefois, il me semble que le juge d’instruction a requalifié les faits qui lui sont reprochés.

Je pense que l’affaire ne relève plus de la criminelle, mais de la correctionnelle.

En d’autres termes, il n’est plus accusé “d’entreprise de démoralisation de l’Armée”. On n’a retenu contre lui que “l’outrage à corps constitué”.

Cela implique quoi au juste ?

En détention provisoire depuis dix mois, Hocine  Benhadid risquait jusqu’à dix ans de prison. Avec la requalification des faits, il est passible d’une amende, avec l’obligation de le libérer  d’office.

Après de multiples refus de demandes de liberté provisoire introduites par la défense,  qu’est-ce qui a conduit à ce changement de cap ?  

Nous avons organisé plusieurs conférences de  presse pour alerter sur son état de santé qui se dégradait. On a demandé à chacun d’assumer sa responsabilité sur “cette mort programmée”. Il me semble que le fait d’avoir orienté le message dans une direction précise a porté ses fruits. C’est mon sentiment personnel.

J’ai lancé un appel au chef d’état-major pour gérer la situation comme il faut. J’ai dit aussi qu’à travers    le projet de loi portant obligation de réserve  des militaires, qui les prive d’écrire leurs mémoires, on veut nuire à l’institution militaire. Le message est passé, il me semble.

Votre menace de porter plainte contre le ministre de la Justice, dans le cas où il arriverait malheur en prison, au général à la retraite Hocine Benhadid, a-t-elle également joué un rôle dans sa libération ?

Peut-être. Le chef d’état-major a peut-être aussi lancé un appel pour que la loi soit respectée. Car dans le cas de Benhadid, les règles de procédure ont été bafouées. Je pense que chacun voulait se débarrasser de cette affaire. Le juge d’instruction a réagi alors intelligemment en ordonnant sa libération.

Auparavant, il y avait une rumeur qui circulait autour du changement de son lieu de  détention, de l’établissement pénitentiaire d’El-Harrach à la prison militaire de Blida.

Cela entre dans le cadre des réactions, après   notre dernière conférence de presse.

Quel était son état d’esprit après sa libération ?

Je l’ai conduit moi-même jusqu’à son domicile  à 16h. Il y avait des photographes sur place qui ont pris quelques clichés. Il avait un bon moral  et était heureux de retrouver sa famille. C’est un changement radical pour lui.