Le marché pétrolier redoute un conflit au moyen-orient : Les bruits de bottes dopent le baril

Le marché pétrolier redoute un conflit au moyen-orient : Les bruits de bottes dopent le baril

Les prix du Brent ont franchi, hier, la barre des 70 dollars après avoir terminé la semaine passée sur un net recul.

La percée est remarquable. Normal. La géopolitique domine l’actualité. Le Moyen- Orient est plus que jamais en ébullition. Il constitue un théâtre d’opérations potentiel qui aurait comme acteurs deux puissances militaires mondiales: la Russie et les Etats- Unis. Deux gros producteurs mondiaux de pétrole qui risquent de mettre le feu au baril. «La séance du jour reste focalisée sur les thématiques géopolitiques…les cours du pétrole, après avoir baissé la semaine dernière avec le risque d’une «guerre commerciale», montent désormais avec les peurs d’une guerre des missiles», a expliqué Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix. C’est l’attaque présumée de samedi aux «gaz toxiques» contre Douma, dernière poche rebelle aux abords de Damas qui risque de mettre le feu aux poudres. La Maison-Blanche avait mis en cause la Russie et l’Iran, estimant que le pouvoir syrien ne pouvait mener une attaque chimique «sans leur aide matérielle».Le président américain Donald Trump a menacé Damas, Moscou et Téhéran, leur signifiant qu’ils pourraient payer le prix fort. «Nous appelons les Occidentaux à renoncer à la rhétorique guerrière», a répondu à l’ONU l’ambassadeur russe Vassily Nebenzia, mettant en garde contre de graves conséquences en cas d’action armée occidentale. «Il n’y a pas eu d’attaque chimique» à Douma, a-t-il ajouté, dénonçant une mise en scène. Le spectre d’une riposte militaire a été ravivé lundi après des tirs de missiles, par Israël, contre une base militaire syrienne, dans le centre du pays. Pour le moment on en reste au stade d’échanges verbaux certes, mais tous les ingrédients sont réunis pour faire parler la poudre. Le marché pétrolier y est très sensible. Les prix du pétrole qui ont terminé la semaine dernière sur un net recul ont déjà effacé leurs pertes. Hier vers 15h45 heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin s’échangeait à 70,40 dollars sur l’Intercontinental Exchange de Londres, enregistrant un bon de 1,75 dollar par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange, le baril de «light sweet crude» pour le contrat de mai se négociait à 65,12 dollars pour prendre 1,70 dollar. Un rebond notoire. Et si on touchait au pétrole russe qu’adviendrait-il? Les experts du second groupe bancaire allemand n’y croient pas. «Nous estimons qu’il y a très peu de chance que des sanctions sur le pétrole russe soient mises en place, et estimons la hausse récente des prix comme excessive», ont jugé les analystes de Commerzbank. Le baril reste malgré tout assis sur une poudrière. Les tirs de missiles des rebelles Houtis contre l’Arabie saoudite, l’accord sur le nucléaire iranien que les Américains veulent remettre en cause, les tensions américano-russes qui ont fait tache d’huile, représentent autant d’ingrédients qui augurent d’une «explosion» des prix du pétrole. Une situation qui ne laisse pas indifférents les cours de l’or noir. Elle se caractérise par une présence des armées américaine et russe qui sont diamétralement impliquées dans le conflit syrien. «Les marchés sont dans l’expectative et il y a effectivement de quoi. Les capitales occidentales pourraient chercher à former un front commun contre Moscou, relançant les craintes d’un dérapage dans les relations géopolitiques, sur un terrain comme la Syrie par exemple, où les armées américaine et russe s’opposent de plus en plus», ont averti des analystes parisiens. Rarement conjoncture géopolitique n’a rassemblé autant d’acteurs de premier plan directement impliqués dans des crises qui agissent immanquablement sur le marché de l’or noir. Les Etats-Unis, l’Arabie saoudite, la Russie et l’Iran pèsent quelque 35 millions de barils par jour. De la nitroglycérine pour le baril.

Par Mohamed TOUATI