Marché du miel à Chlef : Un produit de qualité pour encourager à consommer local

Marché du miel à Chlef : Un produit de qualité pour encourager à consommer local

Les responsables de la filière apicole à Chlef ont entamé des démarches pour aider les professionnels à proposer un produit de qualité dans le but d’encourager les clients à opter pour la production locale qui, souhaitent-ils, sera aussi concurrentielle sur le marché international. «Le marché local du miel est en pleine léthargie, en dépit de la grande abondance de ce produit et la volonté manifeste des apiculteurs de relancer la filière», a estimé le président de l’association apicole de la wilaya, Abdelaziz Aït Hammouda, imputant cette situation aux «contraintes enregistrées sur le plan de la commercialisation du produit, mais surtout l’absence chez le citoyen d’une culture de consommation du miel, en tant que produit alimentaire indispensable». M. Aït Hammouda a expliqué que le citoyen algérien considère le miel comme un remède thérapeutique, et non comme un produit alimentaire susceptible d’être consommé quotidiennement. Pour lui, la grande affluence enregistrée lors de la foire nationale du miel organisée du 31 décembre au 7 janvier courant à la place du musée public de la ville de Chlef, n’est pas forcément un «indice révélateur» d’une croissance du commerce du miel. Pour une majorité de visiteurs, ce type de manifestation constitue plutôt une occasion pour rencontrer des apiculteurs et s’informer auprès d’eux sur les bienfaits du miel et autres produits dérivés, a analysé le même responsable, estimant que le fait d’offrir aux visiteurs l’opportunité de «déguster différents miels exposés sans obligation d’achat, pourrait contribuer à l’ancrage d’une nouvelle culture de consommation». Cette situation «peu reluisante» caractérisant le marché local du miel a été confirmé par Louiza Belkacemi, une apicultrice de la région qui a fait part à l’APS d’une «faible demande» à l’occasion de cette foire. Selon elle, cela est du à «la méfiance» caractérisant la relation consommateur-producteur, malgré la «bonne réputation» des exposants et de la foire qui est à sa 6e édition. «Les clients sont réticents et ne font pas trop confiance à la qualité et à l’authenticité des produits exposés», a-t-elle opiné. Mohamed Bouzina, enseignant formater en tourisme et spécialiste dans les études de culture de consommation, abonde dans le même sens, soulignant que le facteur «confiance est extrêmement important» pour faire bouger les choses. «Si l’acquisition du miel chez le citoyen Chelfi demeure tributaire de son pouvoir d’achat et de ses connaissances sur ses bienfaits, il n’en demeure pas moins que le facteur confiance en la qualité du produit local reste primordiale», souligne-t-il. Plusieurs visiteurs approchés par l’APS se sont dits «parfaitement conscients» des enjeux dans l’optique de convaincre les consommateurs des bienfaits du miel. «Mais il faut aussi se poser une question principale: les clients ont-ils les moyens d’acheter du miel à des prix oscillant entre 2 000 et 4 000 DA le kilogramme?, s’intérroge Nacer, un producteur, signalant certaines pratiques de fraudeurs qui proposent des produits frelatés, rendant, selon lui, la mission des professionnels «plus compliquée».

Offres concurrentielles et produit de qualité pour instaurer une culture de consommation du miel

Toujours est-il que la grande affluence lors de cette manifestation est vue d’un œil positif par le président de l’association «Salama» pour la protection du consommateur de Chlef, Djilali Kasmi, qui y voit un indice d’une prise de conscience chez le citoyen et d’un développement de sa culture de consommation. «Globalement, le commerce du miel est soumis aux lois du marché et donc à la concurrence notamment», a- t-il rappelé, expliquant la faiblesse des ventes des produits de la ruche par «leur prix élevés comparativement au pouvoir d’achat du citoyen». Il a estimé, à ce propos, que «l’adoption de remises et d’offres promotionnelles par les exposants aurait certainement encouragé les citoyens à l’achat de leurs produits».

Quant au facteur «confiance» devant prévaloir dans la relation consommateur-producteur, M. Djilali a appelé les exposants et apiculteurs locaux à s’inspirer des grandes foires dans le monde, durant lesquelles les producteurs présentent au public les analyses de qualité de leurs produits, afin de leur donner davantage de crédibilité au miel proposé, se disant «rassurant» quant à «l’honnêteté» des apiculteurs qui ont participé à la foire. «Certes, certaines pratiques frauduleuses existent dans le domaine du miel, mais elle sont complètement étrangères à notre association», a-t-il encore rassuré, soulignant la contribution attendue de la coopérative apicole de la wilaya, qui prévoit la création d’un laboratoire de contrôle de la qualité du miel, dans l’objectif de faire face à ce genre de pratiques. Parallèlement aux lacunes constatées sur le marché local du miel, les apiculteurs ont également évoqué le problème de la coopérative apicole de la wilaya, qui a été « agréée et instituée sur le papier», sans avoir «réellement vu le jour sur le terrain», en raison de l’indisponibilité d’un siège, déplorent plusieurs producteurs.

La coopérative devrait englober cinq ateliers dédiés respectivement à la production des ruches, la production de la cire d’abeille, la formation des nouveaux apiculteurs, le contrôle de la qualité du miel et enfin les moyens et prestations commerciales. Il s’agira, également d’établir «une plate forme pour la commercialisation des produits des apiculteurs, tout en leur assurant la disponibilité des matières premières, outre le contrôle de la qualité du produit et sa protection contre la fraude», a encore souligné M. Aït Hammouda. Concernant la disponibilité des matières premières, la wilaya compte actuellement une seule PME à l’échelle locale, assurant, notamment la cire d’abeille et différents équipements et matériels nécessaires. Une trentaine d’exposants issus de 12 wilayas ont pris part à cette foire nationale du miel, dont les visiteurs ont été estimés à 7 000, selon les organisateurs.