NEW YORK- Le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a appelé vendredi à un nouveau calendrier pour mettre en oeuvre l’accord de paix et de réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger en exhortant les parties maliennes à s’entendre sur une vision claire sur ses mécanismes de suivi.
« A ce stade critique, j’invite les parties signataires à s’entendre sur une vision claire de l’avenir de l’accord et de ses mécanismes de suivi, et à fixer un nouveau calendrier pour sa mise en oeuvre », a indiqué le chef de l’ONU dans son rapport sur la situation au Mali, présenté vendredi au Conseil de sécurité.
Guterres a estimé que les parties signataires « doivent traduire leur attachement à la paix en actions concrètes », souhaitant que la nomination d’un observateur indépendant, telle que prévue dans l’accord, pourra se faire sans tarder, et qu’elle contribuera à insuffler une nouvelle dynamique au suivi de sa mise en oeuvre.
Près de deux ans après la signature de l’accord, et alors que la période transitoire touche à sa fin, en juin, le Mali se trouve de nouveau à un tournant. « Les progrès accomplis au niveau politique ne se sont pas encore traduits par des progrès en matière de sécurité sur le terrain », a-t-il constaté.
Au cours de l’année écoulée, les groupes extrémistes violents ont élargi leur champ d’action et accéléré le rythme de leurs opérations dans le but de contrecarrer le processus de paix, tandis que de nouveaux groupes armés ont vu le jour, a relevé Guterres.
« Le trafic de drogues et d’autres activités criminelles continuent d’entraver fortement la mise en £uvre de l’accord et d’influer sur les prises de position des groupes armés », a-t-il dit.
Pour autant, il a noté que « des progrès notables » ont été accomplis, en dépit des divergences de vues existantes, dans la mise en oeuvre des mesures provisoires prévues dans l’accord en matière de politique et de sécurité .
» Malgré de multiples retards, l’instauration des autorités intérimaires dans chacune des cinq régions septentrionales est digne d’éloges », a relevé Guterres qui a félicité le gouvernement malien, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plateforme pour les efforts constants qu’ils déploient en vue de faire avancer le processus de paix, avec l’appui de l’équipe de médiation internationale.
Le secrétaire général de l’ONU a jugé, par ailleurs, important que la Minusma dispose de ressources nécessaires pour s’acquitter de son mandat dans un environnement asymétrique, où opèrent des groupes terroristes et des réseaux criminels transnationaux.
La mission onusienne rencontre de grandes difficultés en matière de capacités. Les effectifs militaires et de police de la Minusma n’ont pas encore atteint le nouveau plafond fixé par la résolution 2295 (2016), a-t-il précisé.
Evoquant dans ce contexte l’instabilité qui règne au Mali, Guterres a estimé qu’il était nécessaire de renforcer la coopération régionale, de manière à lutter contre les menaces qui pèsent sur la sécurité.
A ce propos il a recommandé au Conseil de sécurité de donner une suite favorable à la demande du groupe G5 Sahel d’accorder un mandat à leur force militaire régionale. Les Etats-Unis s’opposent fermement au projet de résolution présenté par la France au Conseil de sécurité pour autoriser le
déploiement de cette force militaire. Washington estime que le G5 Sahel n’a pas besoin du feu vert du Conseil de sécurité pour la déployer.