Malgré les coups durs et les défis 2016: la Russie impose son retour sur l’échiquier mondial

Malgré les coups durs et les défis 2016: la Russie impose son retour sur l’échiquier mondial

Les défis, et pas des moindres, étaient nombreux: sanctions économiques décrétées par l’Occident, déploiement militaire intense de l’Alliance atlantique près des frontières russes, et intervention militaire russe dans le conflit syrien.

Confrontée à de dures épreuves politiques, économiques et militaires, la Russie a souvent été sous les feux de l’actualité en 2016, réussissant, non sans mal, à relever de multiples challenges, avec en prime un retour remarqué sur le devant de la scène internationale.

En sport, une affaire de dopage à grande échelle, même démentie par Moscou, est venue écorner l’image du sport russe. Sous la houlette de son charismatique leader Vladimir Poutine – élu en 2016 personnalité la plus puissante du monde par le magazine Forbes – la Russie a réussi, sur le plan international, à neutraliser l’impact des sanctions de l’Occident, contrecarrer les plans militaires de l’Otan, et faire aboutir son intervention militaire en Syrie, avec toutefois des pertes de vies humaines.

En politique intérieure, l’économie russe, frappée de plein fouet par une récession durant les dernières années, s’est nettement améliorée avec notamment un accroissement du volume des investissements étrangers directs. Outre la hausse du PIB, l’inflation a atteint, à fin 2016, un plus bas historique: moins de 6%. Le secteur agricole a connu une tendance positive avec surtout une récolte de céréales record de 118 millions de tonnes.

Plus que ça, la Russie compte, à court terme, satisfaire tous ses besoins alimentaires en recourant à son marché interne. Tous ces indicateurs positifs ont été enregistrés, en dépit de la politique des sanctions économiques décidées par l’Occident, notamment l’Union européenne et Washington.

Décrétées en 2014 après le retour à la mère patrie, de la péninsule de Crimée, suite à un référendum, ces sanctions touchent notamment des banques, des entreprises pétrolières et de défense russes. En retour, la Russie a décrété un embargo sur les importations agroalimentaires en provenance des pays qui la sanctionnent. Ces sanctions économiques se sont avérées contre-productives, notamment pour l’Europe.

La Russie s’est en effet réorientée vers les marchés des pays d’Asie et principalement vers la Chine et les pays du Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). Moscou coopère également avec l’organisation de la coopération de Shanghai qui comprend huit pays: Kazakhstan, Chine, Kirghizie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Inde, Pakistan et Russie. Les sanctions occidentales ont été renouvelées pour l’année 2017, malgré des critiques au sein de l’Union européenne dont certains dirigeants avaient appelé au cours des derniers mois à amorcer un processus de détente entre la Russie et l’UE.

La riposte de Moscou a en effet affecté les économiques européennes, notamment dans les secteurs des matières premières et de l’alimentation. Le bras de fer Moscou- Otan a souvent fait la Une de l’actualité, si bien que nombre d’observateurs l’ont assimilé à une nouvelle guerre froide. Face au déploiement des forces de l’Alliance atlantique près des frontières russes, Poutine avait affirmé, sans ambages, que son pays «doit neutraliser les menaces à sa sécurité nationale». Des mesures de dissuasion sont alors prises par Moscou qui répondait, du tac au tac, aux opérations et exercices militaires de l’Otan effectués près des frontières russes. Le sommet de l’Otan, en juillet dernier à Varsovie, a davantage envenimé les rapports entre les deux camps.

Qualifié de «rencontre historique» par ses organisateurs, ce sommet a été considéré comme «un acte d’agression» par des dirigeants russes qui ont condamné le déploiement de bataillons de l’Otan en Pologne et dans les pays baltes, outre la mise en fonction du système de défense antimissile. Cependant, c’est l’intervention militaire russe en Syrie qui a reçu l’écho médiatique le plus retentissant, puisque la Russie a réussi à préparer le terrain pour le début de pourparlers entre l’opposition et le gouvernement et amorcer le processus d’un règlement politique à la crise syrienne.

Cela a été rendu possible par les Russes après avoir soutenu l’armée syrienne à remporter la bataille d’Alep, la deuxième grande ville du pays. Ce succès sur le terrain est également celui de la Russie qui a pu garantir le maintien des autorités de Damas, malgré le désaccord des pays occidentaux. Cependant, Moscou a dû payer un prix fort pour cela: 23 militaires russes ont été tués en Syrie dont les deux femmes-médecins, Nadejda Douratchenko et Galina Mikhaïlova, tués lors du pilonnage d’un hôpital de campagne à Alep. Son ambassadeur en Turquie, Andrei Karlov, a été tué par balles à Ankara, alors qu’il inaugurait une exposition photo «Russie vue par les Turcs». En raison d’une affaire de dopage «institutionnalisé», révélée dans le rapport du juriste canadien Richard McLaren de l’agence mondiale de dopage (AMA), mais formellement démentie par Moscou, de nombreux athlètes russes ont été privés de participation aux jeux olympiques de Rio en août dernier.

Même l’équipe paralympique russe s’est vue refuser, pour les mêmes motifs, la participation aux Jeux paralympiques. «La Russie n’a jamais créé de système d’Etat de dopage, c’est tout simplement impossible, et nous allons tout faire pour que cela ne soit jamais le cas, aucun système d’Etat de dopage et de soutien du dopage», a indiqué Poutine lors de sa conférence de presse annuelle. Pour oublier ce coup dur porté à son sport, la Russie, pays hôte de la Coupe du monde 2018 de football et de la Coupe des Confédérations en juin 2017, se prépare intensivement pour accueillir ses hôtes. La capitale Moscou, vitrine du pays, a fait peau neuve. Dans le même sillage, un vaste programme de rénovation et d’embellissement de l’espace public a été lancé en 2015, avec l’ambition d’embellir et d’organiser au mieux la vie publique dans cette ville de 1000 km² et de plus de 12 millions d’habitants.