Macron instamment appelé à restituer les crânes des résistants algériens

Macron instamment appelé à restituer les crânes des résistants algériens
Plusieurs personnalités de la société civile appellent le président français Emmanuel Macron, attendu aujourd’hui à Alger, à user de son pouvoir de président pour la restitution des crânes des résistants algériens de 1849 exposés dans des musés français. 

Cet appel a été lancé hier depuis le Forum du journal El Moudjahid, à l’occasion de la journée commémorative des manifestations du 11 décembre 1960 organisée par l’Association Machâal El Chahid. « L’histoire ne s’efface pas, c’est elle qui guide la personne dans son présent et son futur « .

C’est ce qu’a souligné Mohamed-Lahcen Zeghidi, professeur d’histoire à l’Université d’Alger, sur le passé colonial de la France en Algérie. Il a ajouté : « Nous ne pouvons pas entretenir de bonnes relations en tournant le dos à nos mémoires », en référence aux relations algéro-françaises.

Un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, car selon nombre d’observateurs, l’arrivée de Macron à l’Elysée va donner une nouvelle ère aux relations bilatérales.

Cet état de fait se base sur les déclarations de Macron, alors candidat à l’élection présidentielle, où il avait avoué que la France a commis des crimes de guerre en Algérie.

Zeghidi estime que « le temps est venu pour que la France reconnaisse officiellement ses crimes odieux commis à l’encontre de la population algérienne « . Et d’appeler le président français, appartenant à la génération d’après-guerre, à « présenter d’une manière ‘’symbolique’’ des excuses, qui permettront la construction de nouvelles relations « .

Sur les manifestations du 11 décembre 1960, l’historien Zeghidi considère qu’elles étaient d’une grande importance pour la révolution algérienne. Et ce, du fait que « c’est le travail interne d’une révolution qui donne une dimension et une légitimité sur la scène internationale « .

Le cas de l’Algérie en est une preuve, car la cause algérienne était reconnue sur le plan international, au lendemain de ces manifestations très médiatisées. Par ailleurs, et au lendemain de ces manifestations, l’assemblée générale de l’ONU a adopté le 14 décembre 1960 une résolution sur « le droit des peuples à l’autodétermination « .

De son côté, l’avocate Fatma-Zohra Ben Braham rappelle que les manifestations du 11 décembre étaient « un mouvement populaire spontané « . « C’est le peuple qui s’est réveillé, il est arrivé à une maturité politique jamais vue », dit-elle.

Ce jour-là, relate la juriste, des milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Alger, le drapeau algérien en main, scandant les mêmes slogans « vive le FLN « , « vive l’ALN « et « vive le GPRA « . Une manière de dire au colonisateur « voilà nos représentants ».

Devant ce raz-de-marée humain déterminé à arracher son indépendance, les forces militaires françaises n’ont pas hésité à tirer sur la foule, faisant des centaines de morts dont des femmes et des enfants.

La femme de loi n’a pas omis ausssi d’attirer l’attention sur la nécessité d’un recensement des victimes de cette journée, car « jusqu’à ce jour aucun travail n’a été réalisé dans ce sens « , clame-t-elle. Ces manifestations populaires ont été l’un des vecteurs du recouvrement de la souveraineté nationale.

Lilia Aït Akli