Lutte contre le financement du terrorisme: Les USA fixent les priorités

Lutte contre le financement du terrorisme: Les USA fixent les priorités

P160504-12.jpg«toute connexion entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme constitue une menace importune que nous devons travailler pour prévenir et démanteler.»

Intervenant lors d’une rencontre organisée le 2 mai portant sur la coopération régionale et internationale pour combattre le financement du terrorisme, l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique a insisté sur une coopération plus précise et un engagement plus concret des pays qui luttent contre ce phénomène. L’ambassadrice Joan A. Polaschik, s’adressant aux pays participants se distinguant par les délégations, de l’Algérie, du Mali, de la Mauritanie, du Maroc, du Niger et de la Tunisie, mais aussi en présence du directeur des affaires pénales et des grâces au ministère algérien de la Justice Mokhtar Lakhdari, a vivement salué l’Algérie pour avoir accueilli cette conférence de haut niveau qui lui a permis de souligner que «le financement du terrorisme prend de nombreuses formes possibles.

En particulier, cet atelier se concentre sur l’une de ces formes: les revenus du trafic de drogue».

La représentante de la diplomatie américaine connue pour son franc-parler et sa sincérité quand il s’agit de la lutte contre ce phénomène ne manquera pas d’aborder son intervention par des questions relatives à ce fléau international et d’y apporter des réponses ciblées. Pour la diplomate, les questions primordiales consistent à réfléchir sur cette focalisation. Pourquoi ce lien potentiel crée un problème assez particulier? Pour l’ambassadrice, «le trafic de drogue et le terrorisme ont certaines caractéristiques similaires». Qualifiant ces deux fléaux criminels, elle ajoute «les deux sont meurtriers et socialement destructifs. Les deux sont des phénomènes internationaux complexes qui transcendent les frontières nationales. Les deux comptent sur des organisations sophistiquées et sur des réseaux». Plus explicitement dans ses propos, l’ambassadrice rappelle à ce titre que «les organismes internationaux ont récemment fait des observations sur les liens entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme.

La résolution 2253 du Conseil de sécurité de l’ONU de décembre dernier, a porté sur Daesh, Al-Qaîda et leurs filiales au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Cette résolution a noté que les moyens de financement du terrorisme comprennent, entre autres, le financement «tiré du produit de la criminalité organisée, notamment de la production illicite et du trafic de stupéfiants et de leurs précurseurs». «Le Groupe d’action financière (Gafi) ainsi que le groupe de travail pour cette région, ont également signalé ces liens».

Très méthodique dans son interprétation de la situation et très logique, mais simple aussi dans sa façon de développer sa communication, la diplomate conclut que lorsque les deux forces meurtrières s’associent, le danger augmente encore davantage. Elle souligne «toute connexion entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme constitue une menace importune que nous devons travailler pour prévenir et démanteler.

Donc, nous commençons cette conférence avec un effort pour comprendre la meilleure façon de résoudre le problème. Quelles sont les mesures de sécurité appropriées? Comment pouvons-nous coopérer pour prévenir ou interrompre ces liens?» s’est-elle interrogée. Les réponses estime-t-elle ne sont pas les mêmes pour tous les pays d’où l’importance de travailler sur le partage d’observations et la coordination pour aboutir à des réponses pratiques.

Dans ce contexte, «de nouvelles formes de coordination criminelle exigent de nouvelles formes de coordination des services de sécurité», pour ainsi dire elle approuve qu’ «il est essentiel que nous restions en avance sur nos adversaires et que nous gagnions la partie de coordination, que ce soit en termes d’assistance internationale ou en termes de coopération et de partage d’informations au sein de la communauté des services de sécurité de chaque gouvernement». Elle insiste sur le fait qu’ «il est toujours possible d’améliorer et d’innover dans ce domaine».

A ce titre, l’ambassadrice estime que la coopération entre l’Algérie et la Tunisie est importante donnant l’exemple du «poste frontalier commun que les administrations douanières algérienne et tunisienne sont en train de discuter». Pour elle, «ceci est la raison pour laquelle nous sommes réunis ici aujourd’hui». Elle ajoute: «Même si votre pays n’a pas encore connu d’importants liens entre le trafic de drogue et le terrorisme à l’intérieur de ses frontières, vous pouvez profiter de l’expérience des pays voisins». En ce qui concerne l’Algérie, le problème de cette connexion a été soulevé depuis le début des années 2000 suite à des investigations profondes et précises lancées par les forces de la Gendarmerie nationale.

Un rapport détaillé a été présenté devant les hautes instances de l’armée d’où le développement d’une stratégie de pointe pour adapter la lutte contre les deux fléaux. L’expérience de l’Algérie, peut en effet, être mise au profit des pays voisins engagés réellement dans la lutte contre le trafic de drogue source de financement des réseaux terroristes. D’où d’ailleurs «cette opportunité pour les services de sécurité d’utiliser ces outils de lutte antidrogue, et ce pour identifier et combattre le financement du terrorisme», ajoute encore la conférencière, insistant «sur les meilleurs moyens de coopération régionale et internationale pour lutter contre les deux menaces en même temps».

Pour cela la diplomate américaine convient d’une coopération de partenariat sur la reconnaissance que les liens entre le trafic de drogue et le financement du terrorisme est une question complexe, autrement dit elle estime que «nous devons prêter attention pas seulement aux liens entre ces deux activités, mais aussi aux importantes différences. Si nous traitons tout simplement les deux questions comme un seul problème, nous risquons de créer de la confusion et de porter atteinte à notre crédibilité».

Enfin, le respect inconditionnel de la loi. A ce propos elle déclare que «quel que soit le crime faisant l’objet d’une enquête, les méthodes d’application de la loi doivent respecter les droits de l’homme et l’Etat de droit». Pour Joan A. Polaschik «nous sommes tous en mesure d’apprendre les uns des autres».