L’opposition et les élections: le test de survie

L’opposition et les élections: le test de survie

oppositiob_859140_679x417.jpgA une année des élections législatives, les partis politiques, notamment ceux de l’opposition montrent des signes d’embarras après l’adoption par les deux chambres parlementaires des deux textes de loi controversés : celle portant régime électoral et celle relative à la création de la haute instance indépendante de surveillance des élections.

Et pour cause ! De nombreuses formations politiques risquent de laisser des plumes lors des prochaines échéances électorales. Pire encore, nombre parmi elles risque carrément de mettre la clé sous le paillasson et de disparaitre du champ politique. L’introduction, en effet, dans la nouvelle loi électorale de certaines dispositions, comme l’exigence du taux de 4% de voix obtenus lors de la dernière échéance électorale pour pouvoir participer ou encore réunir 250 signatures de parrainage pour une candidature au parlement se déclinent d’ores et déjà comme des pare-feux destinés à assainir la scène politique.

Et si l’objectif des instigateurs du projet de loi est de mettre de l’ordre dans une scène politique polluée par une ribambelle de partis saisonniers dont le rôle est réduit à brouiller le discours politique et embrumer la visibilité chez les électeurs, sans compter le siphonage des deniers publics, il reste que des partis à la notoriété déjà établie risque aussi d’en pâtir. En plus de n’avoir pas participé à l’élection de 2012, ce qui les contraint désormais au laborieux exercice de la collecte des signatures, ces partis, pour diverses considérations, à la fois politiques que structurelles, ont eu à affronter beaucoup d’entraves dont l’effet est que leur présence au sein de l’opinion s’est réduite comme une peau de chagrin et leur discours devenu inaudible.

Ce n’est pas d’ailleurs sans raisons que nombre de partis de l’opposition et de personnalités politiques regroupés au sein de l’instance de coordination et de suivi de l’opposition (ICSO) ont décidé de créer un groupe de contacts à l’effet de rameuter le maximum de partis en perspective de l’organisation d’une conférence politique et à l’issue de laquelle sera arrêtée une position commune vis-à-vis de la Loi électorale. Dans le communiqué qui a sanctionné sa réunion de mercredi au siège du RCD, l’ICSO notait que «les lois adoptées constituent un «grand recul par rapport aux modestes acquis» et «une provocation programmée à l’encontre de la classe politique et du peuple qui aspirent à des institutions légitimes ». «Une situation qui met l’opposition devant diverses options», ajoute le texte, comme pour suggérer que toutes les options sont désormais sur la table, y compris un éventuel boycott. Une perspective qui, il faut bien convenir, si elle venait à être choisie, risque d’entacher la crédibilité des prochaines échéances électorales, à commencer par les législatives. Mais avant de réussir ce pari d’une décision commune, l’opposition devra d’abord redynamiser l’opinion, gagnée par le renoncement et la résignation, autour de la chose politique. Sans compter les écueils politiques que l’administration ne manque pas de lui dresser.

Et l’ICSO ne l’ignore pas. Elle réitère, d’ailleurs, « son attachement  au travail politique commun pour la défense du pays des dangers qui le guettent» et à « lutter contre tous les projets et les programmes visant la fermeture du champ politique et l’accaparement du pouvoir par un régime qui cherche à se maintenir par des procédés anticonstitutionnels et qui ne dispose d’aucune volonté pour sortir le pays de la crise de légitimité», selon le texte. Tout en dénonçant la « poursuite du processus de harcèlement et des entraves des libertés (…) », l’ICSO, écrit-elle, appelle à la « libération des détenus d’opinion ».

Dans ce cadre, un groupe de travail « sera mis en place pour élaborer un mémorandum politique dans lequel seront consignés les failles, les violations et le recul imposés au pluralisme et qui fera office de base de travail politique commun à l’avenir pour l’opposition », ajoute cette instance. Donc, le défi est immense pour l’opposition qui jusque là, quand bien même elle a pu fédérer des forces de diverses obédiences, n’en a pas réussi pour autant un provoquer un rapport de force au sein de l’opinion de nature à faire fléchir les décisions de l’exécutif. Les prochains mois s’annoncent comme un test décisif pour l’opposition face aux partis du pouvoir que la loi semble arranger. Un test de survie, en somme.