L’onu et les médiateurs libyens face à la réconciliation nationale : Les Libyens veulent un organe national unifié

L’onu et les médiateurs libyens face à la réconciliation nationale : Les Libyens veulent un organe national unifié

La Russie a tiré récemment la sonnette d’alarme en mettant l’accent sur les dangers que représente une résurgence de Daesh en territoire libyen, à partir duquel le groupe autoproclamé Etat islamique ambitionnerait de se redéployer dans tout le Sahel.

Si l’on en juge par les déclarations du comité chargé de la préparation des futures élections législatives et présidentielle en Libye, l’optimisme devrait être de rigueur, surtout que les deux principales factions en présence, le gouvernement d’union nationale conduit par Fayez al Serraj et appuyé à Tripoli par les milices de Misrata, d’un côté, les autorités de l’Est réparties entre l’armée du maréchal Khalifa Haftar à Benghazi et le Parlement de Tobrouk, de l’autre, ont apporté leur soutien à la démarche lancée depuis Tunis.

Inscrite dans la feuille de route que le représentant spécial de l’ONU, Ghassan Salamé, avait soumise dès septembre 2017 aux instances onusiennes au premier rang desquelles le Conseil de sécurité qui l’a avalisée lors de la tenue de l’Assemblée générale en décembre dernier, cette initiative avait fait grincer des dents le maréchal Haftar qui avait même révélé quelques semaines plus tard avoir subi des «menaces» en cas d’entraves ou de sabotage de l’opération onusienne. Il est vrai que le bouillant Haftar s’était précipité pour déclarer dès le lendemain du 31 décembre 2017 que le mandat du GNA, c’est-à-dire tout à la fois du Conseil présidentiel libyen qui comprend neuf membres et du gouvernement d’union nationale conduit par Al Serraj avaient pris fin avec l’Accord de décembre 2015 dont la validité ne pouvait être prorogée au-delà d’une seule et unique année.

Le Conseil de sécurité et donc l’ONU en ont décidé autrement et c’est pourquoi la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) a poursuivi son travail qui consiste, selon les termes approuvés de la feuille de route du médiateur Ghassan Salamé, à doter le pays, dans les meilleurs délais, d’institutions fiables et surtout capables de rétablir la paix et d’assurer la sécurité face aux velléités d’infiltration et d’attaques répétées des groupes terroristes. On sait que la menace de Daesh reste pendante en Libye où bon nombre de ses éléments ont trouvé refuge, d’après les multiples rapports des services de renseignements occidentaux et russes. La Russie a même tiré récemment la sonnette d’alarme en mettant l’accent sur les dangers que représente une résurgence de Daesh en territoire libyen, à partir duquel le groupe autoproclamé Etat islamique ambitionnerait de se redéployer dans tout le Sahel.

Sur un registre plus social, la Manul et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) ont conduit de concert un atelier de trois jours auquel ont participé des dizaines de médiateurs libyens pour débattre des efforts de médiation et des défis rencontrés au fur et à mesure du travail accompli au cours des derniers mois. «La Manul et le Pnud ont réuni cette semaine plus de 60 médiateurs locaux pour partager leurs expériences en matière de facilitation des accords de paix et de cessez-le-feu», a indiqué le communiqué. «Au cours de l’atelier, les participants ont identifié les principaux obstacles à leur travail, tels que les interférences extérieures, le manque de neutralité et la politisation de certains acteurs de la réconciliation, l’absence d’une institution de réconciliation unifiée en Libye et le manque de coordination entre les acteurs de la réconciliation», a notamment souligné le communiqué qui met en exergue le faible taux de participation des jeunes et des femmes à l’action de médiation dans son ensemble. En outre, des regrets sont exprimés face au manque de soutien et de préparation des organismes gouvernementaux dont l’impact sur la gestion et surtout le contrôle des villes du pays où les milices dictent clairement leurs lois s’avère quasi symbolique. C’est pourquoi au terme de trois jours de concertations, les participants ont été unanimes à prôner un organe national unifié et indépendant, avec une feuille de route qui implique toutes les parties sans exclusive du processus de réconciliation et enfin une coordination plus étroite entre l’ensemble des médiateurs libyens. Une revendication légitime car elle conditionne une meilleure efficacité dans la préparation des prochaines consultations au cours desquelles va se jouer le sort de la Libye.

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