L’expert financier Ferhat Aït Ali sur « la révolution verte » dans l’agriculture : «L’Algérie s’inscrit dans une logique d’intendance et non de planification à long terme»

L’expert financier Ferhat Aït Ali sur « la révolution verte » dans l’agriculture : «L’Algérie s’inscrit dans une logique d’intendance et non de planification à long terme»

La 7e édition du Forum sur la Révolution verte en Afrique (AGRF) a débuté, hier, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, sous la thématique «Accélérer la marche de l’Afrique vers la prospérité : contribuer à la croissance d’économies inclusives et à la création d’emplois grâce à l’agriculture», indique un communiqué de la Banque africaine de développement (BAD). Durant cet événement de cinq jours, des experts et acteurs du secteur animeront des ateliers afin de démontrer l’importance de l’agriculture pour le devenir des économies africaines.

Selon la BAD, l’agriculture représente plus de 60 % des emplois. Un secteur que trouve l’institution panafricaine «crucial» pour concrétiser les ambitions de développement économique du continent et ses objectifs de développement durable.

Pour Akinwumi Adesina, président de la BAD, «il est temps de se focaliser sur la mise en place des plans concrets pour accomplir la Révolution verte en Afrique», tout en soulignant que le Forum survient «alors que certaines nations africaines connaissent des épisodes de sécheresse et une insécurité alimentaire accrue», a-t-il ajouté.

La Révolution verte est une politique de transformation des agricultures, fondée principalement sur l’intensification et l’utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendements.

Quelle place accorde l’Algérie à cette politique dite «Révolution verte» ?

Pour l’expert financier Ferhat Aït Ali, «le ministère de l’Agriculture n’a pas une idée de ce que peut être une révolution verte ou les moyens de la réaliser en Algérie». «Le ministère de l’Agriculture favorise des projets qui vont à l’encontre de l’agriculture équilibrée et réfléchie, mais des projets agricoles dont la finalité et d’approvisionner la population», ajoute l’expert financier. «Le ministère réfléchit avec une logique d’intendance et non avec une logique de planification à long terme», déplore l’expert. L’Etat algérien privilégie, en effet, une approche axée essentiellement sur l’autosuffisance et la sécurité alimentaire pour les 41 millions d’habitants, car c’est un pays qui peine à s’autosuffire. En février dernier, l’Etat a soutenu, dans le Sud, l’exploitation d’une surface de 600 000 ha réservée à des méga-projets qui seront orientés essentiellement vers la production de céréales, de la pomme de terre et du lait.

«Mais le pays sera loin de s’auto-suffire sans l’implication des ministères de l’Energie et celui des Ressources en eau», argue notre interlocuteur. Il explique, qu’à lui seul, le ministère de l’Agriculture «ne pourra pas planifier une autosuffisance à moyen terme», a-t-il dit. Même si les trois départements ministériels s’engagent à travailler de concert, l’objectif sera de «réaliser un minimum d’autosuffisance», dit M. Aït Ali. Il ajoute que le pays consomme jusqu’à 18 millions de tonnes de céréales par année, «ce qui est loin d’être réalisable, vu l’état actuel des ressources hydriques». «Par conséquent, le pays va rester dans la logique d’importation pour approvisionner sa population», soutient l’expert financier.