L’Europe n’enverra pas de sonde en 2020 vers l’astéroïde Didymos: l’Agence spatiale européenne (ESA) a dû tirer un trait sur la mission AIM (Asteroid Impact Mission) faute de temps et d’argent.
« Nous devons renoncer à cette mission précise car nous manquons de temps », a déclaré à l’AFP Jan Woerner, directeur général de l’ESA, présent au Salon de l’aéronautique et de l’espace du Bourget, près de Paris. « Mais nous allons faire une nouvelle proposition aux Etats membres de l’ESA lors de la prochaine conférence ministérielle en 2019 », a-t-il ajouté.
La sonde AIM fait partie d’une mission conjointe entre la Nasa et l’ESA, baptisée AIDA et destinée à vérifier s’il est possible de modifier la course d’un astéroïde.
L’agence spatiale américaine a prévu pour cela d’organiser une collision entre un projectile lancé depuis la Terre et la petite Lune de l’astéroïde Didymos, qui se trouvera à 13 millions de kilomètres « seulement » de la Terre en 2022.
Actuellement le volet américain suit son cours. Les Américains doivent envoyer dans l’espace un engin autoguidé baptisé DART (Double Asteroid Redirection Test). Il doit percuter en 2022 le satellite naturel surnommé « Didymoon », d’un diamètre de 160 mètres.
Les Européens, eux, étaient censés expédier fin 2020 la sonde AIM à la rencontre de l’astéroïde Didymos et de « Didymoon » afin d’étudier en 2022 leurs caractéristiques avant l’impact. La caméra d’AIM devait ensuite prendre des images de l’impact.
Mais la mission AIM a échoué à recueillir un financement suffisant de la part des Etats membres lors du Conseil ministériel de l’ESA à Lucerne (Suisse) en décembre.
– 1.700 astéroïdes potentiellement dangereux –
Au total, l’ESA avait besoin de 250 millions d’euros pour AIM, en plusieurs versements. La mission a reçu le soutien de plusieurs petits pays européens, notamment du Luxembourg, mais les grands pays spatiaux ont manqué à l’appel.
Déçu, Jan Woerner avait souligné que la mission n’avait « pas été annulée » et que l’agence travaillait à une version « plus légère » d’AIM.
Six mois plus tard, la direction de l’ESA doit jeter l’éponge sur ce projet précis. « L’Europe ne peut pas faire cette mission immédiatement », a reconnu Jan Woerner. « Nous allons donc continuer à coopérer avec les Américains pour les aider dans leur mission » DART. « Nous allons essayer d’en faire partie » en « participant avec de la technologie », a-t-il indiqué.
« Nous voulons faire quelque chose de très petit mais très vite, qui pourrait contribuer aux images de la frappe de l’astéroïde », a précisé à l’AFP Franco Ongaro, directeur de la technologie et de l’ingénierie à l’ESA.
« Grosso modo, cela pourrait être une caméra avec tout ce qu’il faut pour fonctionner au bon moment et transmettre les données », a-t-il expliqué.
« Et puis nous allons continuer à travailler sur la question des astéroïdes afin de préparer une nouvelle proposition en 2019 », a-t-il ajouté.
A ce jour, plus de 1.700 astéroïdes sont considérés comme potentiellement dangereux car leur trajectoire coupe celle de la Terre à une distance inférieure à 10 millions de kilomètres.
« Si un astéroïde de 150 mètres tombait sur la Terre, cela représenterait l’équivalent de 10.000 bombes d’Hiroshima en termes d’énergie libérée », selon Patrick Michel, astrophysicien à l’Observatoire de la Côte d’Azur.
Une Journée des astéroïdes est organisée le 30 juin dans le monde pour sensibiliser le public aux astéroïdes et à la nécessité de s’en protéger.