La filière de production du lait bat de l’aile. En atteste les nombreuses files indiennes que l’on constate depuis quelque temps au niveau des détaillants. Il y a, en effet, cumul en matière de demandeurs quémandant un sachet de lait au moment où cet aliment classé parmi les produits de première nécessité se fait de plus en plus rare.
Le citoyen lambda est indigné de voir des dizaines de ses semblables faire la chaîne et se bousculer au niveau des épiciers pour acquérir un sachet de lait.
«C’est inadmissible et ce genre de scène défie toute logique ! Comment peut-on subir une crise du lait dans un pays disposant d’un potentiel énorme dans ce domaine», témoigne-t-on. Inévitablement, la crise du lait, qui déjà fait l’objet de plusieurs articles de presse, semble s’installer dans la durée, non seulement en Kabylie où elle atteint son paroxysme, mais aussi dans les grandes mégapoles à l’instar d’Alger.
Pour contenir cette crise, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural vient d’élaborer un nouveau dispositif où sont incluses une série de mesures à mettre en application à partir du 1er janvier 2011.
Le dispositif en question, dont nous avons obtenu une copie, vise, entre autres, la création d’une structuration moderne et d’un développement durable de la filière lait, la sécurisation des opérateurs intervenant dans ce domaine, la modernisation des élevages en vue d’une meilleure productivité et bien évidement la réduction de la poudre de lait importée.
Une production dérisoire
A travers la mise en place de ce nouveau dispositif, les pouvoirs publics visent surtout à assurer par la production nationale 75% du besoin exprimé. «Cet objectif justifie les efforts que l’Etat aura à consentir en faveur des éleveurs aussi bien bovins, camelins, qu’ovins», souligne le ministère de l’Agriculture et du développement rural dans sa dernière note établie au sujet de la filière lait.
S’agissant des mesures prévues dans le cadre du nouveau dispositif cité plus haut, il est question d’entrée de la densification du réseau de collecte. Dans ce cadre, il est prévu que toute laiterie qui intègre du lait cru à raison de plus de 50% de ses capacités de production verra sa prime d’intégration passer à 5 DA par litre intégré dans tous types de lait de consommation.
Il est également question de porter à 7,5 DA la prime d’intégration de toute laiterie qui utilise totalement ses capacités de production pour la production du lait pasteurisé conditionné (LPC) au prix soutenu de 25 DA avec du lait cru.
En revanche, et en matière de sécurisation de la disponibilité sur le marché de lait pasteurisé à 25 DA à hauteur de 1,2 milliard de litres par an, il est prévu dans le cadre du nouveau dispositif de subventionner le prix de la poudre de lait au profit des unités publiques assurant la fabrication d’au moins 50% du lait pasteurisé conditionné sur le marché national.
Quant aux unités privées, celles-ci sont sollicitées par le biais du nouveau dispositif et les autres 50% du marché par voie de réponse à la manifestation d’intérêt annuel. En attendant la mise en application du nouveau dispositif, dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er janvier 2011, force est de constater que la crise du lait en sachet persiste au grand dam de nos concitoyens.
Face à une telle situation, le ministère de l’Agriculture et du développement rural accuse, par le biais de l’un de ses cadres ayant requis l’anonymat, les producteurs de lait relevant du secteur qui sont à «l’origine de la persistance de la crise».
L’un de ces producteurs contactés hier par nos soins met l’accent sur le manque d’approvisionnement en poudre de lait qui fait que la production du lait en sachet reste dérisoire et ne peut répondre au besoin exprimé dans ce domaine.
C’est là une situation qui met en difficulté beaucoup de laiteries réparties à travers le pays, obligeant certaines d’entre elles à mettre la clé sous le paillasson, comme c’est le cas de la laiterie Waniss située dans la wilaya de Aïn Defla.
Karim Aoudia