Le professeur Mebtoul préconise une lutte contre les surcoûts et la surfacturation: “Il ne suffit pas de limiter les importations”

Le professeur Mebtoul préconise une lutte contre les surcoûts et la surfacturation:  “Il ne suffit pas de limiter les importations”

“L’Algérie est l’un des pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) qui dépense deux fois plus pour avoir deux fois moins de résultats.” C’est l’une des conclusions d’un rapport de la commission européenne de Bruxelles reprise par l’économiste Abderrahmane Mebtoul.

Pis, une autre étude réalisée 2009 par M. Adler, responsable de la région Mena de la Banque mondiale, montre, rappelle l’expert, que certains projets d’infrastructures lancés en Algérie ont enregistré des coûts supérieurs de 20 à 30% par rapport aux normes internationales. Après avoir mis en exergue ces deux constats, le Pr Mebtoul déclare sur la radio Chaîne III : “Il ne suffit pas de restreindre uniquement les importations, mais encore de lutter contre les surcoûts et la surfacturation.”

À propos, des prévisions, on ne peut plus pessimistes du FMI, qui, faut-il le souligner, contredisent les données quantifiées insérées dans le nouveau modèle économique, annonçant une chute du taux de croissance entre 1,5% à 0,6%, entre 2017 et 2019, contre 4,2% en 2016, avec “de fortes répercussions sur la courbe du chômage, soit un taux de 13,5% en 2018”, l’invité de la radio se demande si pour éviter un tel scénario, le gouvernement ne serait pas tenté de continuer à restreindre “à l’infini” les importations ou bien s’atteler à dynamiser le tissu productif “pour que le taux de croissance annoncé dans le cadre du modèle économique se réalise ?”

Abordant cette question, l’universitaire avoue qu’un “modèle n’est qu’un modèle” et que sa concrétisation nécessite un consensus des forces sociales, politiques et économiques. Sa réussite exige au préalable, estime l’intervenant, la mise en œuvre de profondes réformes structurelles. Le professeur Mebtoul considère que les réformes structurelles à entreprendre devraient l’être dans un environnement “sain”. Allusion faite à l’indispensable lutte contre le phénomène de la corruption qui ronge les institutions publiques.

Il relève, également, les contraintes qui rendent la réalisation d’un tel objectif difficile, notamment la superficie économique du pays composée à 80% de petits commerces et d’activités de services, alors que le secteur industriel ne représente en réalité que 5% du PIB dont plus de 95% sont des PME/PMI, voire des TPE (très petites entreprises) en régression par rapport aux nouvelles technologies.

Selon lui, il faut poursuivre la lutte contre la bureaucratie, revoir le système financier, celui du système socio-éducatif et résoudre le problème du foncier, afin, relève-t-il, que les entreprises puissent être compétitives et que la croissance puisse être relancée. Interrogé sur les élections législatives, l’expert répond sans ambages : “En suivant tous ces débats, je pense qu’on se trompe d’élections. Il s’agit d’un mandat national et non pas d’une élection locale. Un député est élu pour voter des lois et corriger le programme du gouvernement.” La majorité des discours électoraux verse, constate-t-il, dans la “démagogie et le populisme. Les candidats ne tiennent pas compte de la dure réalité socioéconomique de l’Algérie”.