Le ministre du tourisme l’a révélé, jeudi à l’ouverture du Salon international de l’artisanat: Agences de voyages : un nouveau décret soumis au gouvernement

Le ministre du tourisme l’a révélé, jeudi à l’ouverture du Salon international de l’artisanat: Agences de voyages : un nouveau décret soumis au gouvernement

“Encore une fois, il est question de décret et non d’un nouveau texte de loi qui viendrait revoir de fond en comble la création et le fonctionnement d’une agence de tourisme et de  voyages (ATV)”, a soutenu un spécialiste du domaine du tourisme sollicité pour commenter la dernière déclaration du ministre du Tourisme, précisant que “l’initiative a déjà été prise auparavant sans que cela change la réalité du terrain d’un iota”.

 

À l’ouverture, jeudi dernier au Palais des expositions des Pins-Maritimes du Salon international de l’artisanat et des métiers, Abdelouahab Nouri a pourtant révélé qu’“un  décret exécutif est soumis au gouvernement portant mesures de promotion du secteur du tourisme, notamment celles liées aux procédures de création des agences de voyages”. Il a, dans ce sens, mis en avant, et à juste titre, “l’impératif de réformer le cadre juridique à travers sa réactualisation afin de faciliter les mesures au profit de tous les opérateurs, à l’effet de relancer et de promouvoir le secteur du tourisme”.

Force est de constater que l’on s’éloigne de plus en plus du vœu pieux de “Trouver un équilibre entre un tourisme émetteur et réceptif” comme voulu par Cherif Rahmani, alors ministre du Tourisme en 2008, qui a procédé à l’amendement de la loi relative à l’activité des agences de voyages en préconisant, entre autres, “le contrat d’engagement professionnel”. Mais cela s’avère être loin d’être suffisant, à plus forte raison que Cherif Rahmani a cédé sa place avant d’aller jusqu’au bout de sa logique.

Depuis, l’on assiste à une profusion d’ATV dont le nombre est passé de 737 en 2008 à 1 075 en 2012 et à 2 000 actuellement avec plus de 1 000 agences pour la seule année de 2016 (durant le mandat d’Amar Ghoul en sa qualité aussi de ministre du Tourisme), sans que cela obéisse à aucun essaimage judicieux. “La quasi-majorité des agences se contentent d’exploiter le marché juteux de la omra et du hadj ou servent de simples vitrines à des agences étrangères (turques, émiraties et tunisiennes essentiellement), au détriment d’une véritable production touristique normalement destinée à  l’in-coming et au tourisme local”, a déploré notre interlocuteur, indiquant que “les timides tentatives d’impulser un tourisme local se sont soldées par un échec cuisant en raison de l’absence d’une sérieuse étude de marché”.

C’est que le développement fulgurant du nombre des agences de voyages n’a pas été accompagné d’un changement radical au niveau réglementaire même si l’ancienne loi était devenue obsolète (datant de 1999) depuis bien des années, comme souligné par les professionnels du secteur dont la fédération est reconnue par les différents hauts responsables qui se sont succédé à la tête de ce département.

Smaïl Mimoune, qui a succédé à Cherif Rahmani pour tenir les rênes du tourisme à partir de 2010, a tenté, à son tour, des amendements un peu plus poussés et plus stricts pour “faire le ménage”, mais sans grand succès. Il avait alors instauré 27 obligations contenues dans le nouveau cahier des charges, annexé au décret exécutif n°10-186 du 14 juillet 2010 dont, notamment, la classification A et B et le renouvellement de l’agrément tous les trois ans pour empêcher les responsables d’agence de s’installer dans le confort de “la pérennité de la licence” et d’œuvrer dans le sens de la professionnalisation de l’activité.

Et c’est à l’unanimité que tout le monde s’accorde à dire qu’“il n’y a eu aucune application” et que “la réalité du terrain fait état d’une anarchie sans précédent”. Qui est aujourd’hui en mesure de dire ce qu’il en est réellement ? Aucune partie syndicale tant la représentation est faible, et encore moins le ministère et ses directions du tourisme des wilayas qui se distinguent par un véritable souci en termes de communication.

Il aurait fallu, peut-être, commencer par instaurer un texte de loi qui obligerait les ATV à être structurées dans le cadre de la fédération ou d’un syndicat comme c’est le cas chez nos voisins qui, de leur côté, estiment qu’“on ne peut être jugé que par ses pairs” et ont opté   pour une instance autonome (en dehors du ministère) pour l’octroi des agréments… et tout le reste.