Le ministère des Affaires religieuses maintient le Hadj et la Omra

Le ministère des Affaires religieuses maintient le Hadj et la Omra

La saison du pèlerinage, qui va s’ouvrir dans les prochains jours, provoque déjà une certaine angoisse face à la prolifération rapide de la grippe porcine dans plusieurs régions du monde.

Malgré cette angoisse, l’Algérie a décidé de maintenir les rites de omra et de hadj sans mesures exceptionnelles.

Le ministre des Affaires religieuses a tout simplement annoncé qu’aucune annulation des rites du hadj et de la omra n’est prévue à cause de la grippe porcine.

Mieux, le directeur général de l’Office national du hadj et de la omra (ONHO), M. Cheikh Berbara, a affirmé, pour sa part, que l’ONHO «n’interdira pas aux personnes âgées d’accomplir les rites du hadj cette année».

Pourtant, le ministère de la Santé qui a décidé le renforcement des mesures préventives durant la campagne «omra», a précisé que «seules les femmes enceintes, les personnes âgées, les enfants âgés de 12 ans et les personnes atteintes de maladies chroniques sont interdits cette année de se rendre aux Lieux saints».

Ce qui est dans la logique des choses puisque même l’OMS a prévenu que la prise en charge des personnes de catégories vulnérables (enfants, personnes âgées, malades) doit se faire dans la phase de prévention.

Mais il semble que cheikh Berbara a tout simplement balayé les mises en garde du ministère de la santé, de l’OMS et des ministres arabes de la Santé qui ont tenu une conférence au Caire.

«L’Algérie n’est pas concernée par les recommandations des ministres de la Santé des pays musulmans sous l’égide de l’OMS sur les incidences de la grippe porcine sur le hadj», a-t-il signalé.

Rappelons que la conférence du Caire a décidé l’interdiction du pèlerinage à toute personne dont l’âge est inférieur à 12 ans et supérieur à 65 ans.

L’OMS, qui n’a aucun pouvoir coercitif, a tout de même précisé que cette recommandation devait être ratifiée par tous les pays concernés pour qu’elle ait un caractère exécutoire.

Mais l’Algérie va ignorer ces recommandations, mettant ainsi en péril les 36 000 candidats au hadj, dont la moitié se recrute parmi le troisième âge.

Selon M. Berbara, l’Algérie va s’en remettre à la décision de l’Organisation de la conférence islamique (OCI) qui ne s’est, jusque-là, pas prononcée.

Il apparaît clairement aujourd’hui que la décision rationnelle du ministère de la Santé est loin de suffire pour convaincre l’Etat d’annuler le pèlerinage.

Qui est habilité alors à émettre une interdiction de se rendre aux Lieux saints ?

Evidemment, quand il s’agit d’un problème de santé publique, c’est le pouvoir politique qui doit prendre le relais.

C’est le cas en Egypte. Puisque ce pays a décidé de taire toutes les voix discordantes des fatawi en annonçant qu’aucun visa de omra ne sera délivré.

Avant l’Egypte, le gouvernement irakien, la Tunisie et l’Iran ont décidé d’interdire aux fidèles d’effectuer la omra en raison des risques de propagation de la grippe porcine.

Le Maroc, comme l’Algérie, étudie toujours la question. Et la vraie question est la suivante : qu’attendent les pouvoirs publics pour se prononcer ?

Faut-il une fetwa des ulémas d’Arabie saoudite, de Somalie ou d’ailleurs pour décider de préserver la vie des hadjis ?

Ne dit-on pas que d’envoyer un homme à la mort est un «péché»?

Hasna Yacoub