Le changement climatique pèsera sur la croissance économique du Moyen Orient et du Sahel

Le changement climatique pèsera sur la croissance économique du Moyen Orient et du Sahel

473b325d9bd354f4d0b458ce1d97b853_L.jpgWASHINGTON – La raréfaction de l’eau exacerbée par le changement climatique pourrait amener certains pays notamment au Moyen Orient et au Sahel à accuser un recul du PIB de l’ordre de 6%, provoquer des migrations et déclencher des conflits, a indiqué mardi le groupe de la Banque Mondiale (BM).

Dans un nouveau rapport sur les répercussions du changement climatique sur les ressources en eau et l’économie, publié à Washington, la BM souligne que les effets combinés de la croissance démographique, de l’augmentation des revenus et de l’expansion des villes entraîneront une hausse exponentielle de la demande d’eau, alors que l’offre de la ressource deviendra plus irrégulière et incertaine.

Faute de mesures immédiates, poursuit le rapport, l’eau deviendra une ressource rare dans des régions où elle est abondante aujourd’hui.

Cette situation s’aggravera dans les régions connaissant déjà des pénuries d’eau comme le Moyen Orient et le Sahel, a mis en garde la BM.

Ces régions pourraient voir leur croissance reculer dans des proportions allant jusqu’à 6% du PIB d’ici 2050, en raison de l’impact du manque d’eau sur l’agriculture, la santé et les revenus.

Le rapport de la BM tire la sonnette d’alarme, en indiquant que la baisse de la disponibilité en eau douce, combinée à l’utilisation de l’eau à d’autres fins telle que la production d’énergie, pourrait contribuer à réduire les volumes d’eau disponibles dans les villes dans des proportions pouvant atteindre les deux tiers en 2050, comparé aux niveaux de 2015.

L’insécurité hydrique pourrait multiplier les risques de conflit, ajoute le rapport. « Les flambées de prix alimentaires dues aux sécheresses peuvent attiser des conflits latents et entraîner des migrations ».

Dans les endroits où la croissance économique est tributaire des pluies, des épisodes de sécheresse et d’inondation ont provoqué des vagues de migration et des piques de violence dans les pays.

« Les pénuries d’eau constituent une redoutable menace contre la croissance économique et la stabilité dans le monde, un problème que le changement climatique vient aggraver », affirme le président de la Banque mondiale Jim Yong Kim, cité dans le communiqué de la Banque Mondiale.

« Notre analyse montre que si les pays ne prennent pas de mesures pour mieux gérer les ressources en eau, certaines régions fortement peuplées pourraient connaître de longues périodes de croissance économique négative », prévoit cette institution financière internationale.

« L’espoir est permis », déclare l’auteur du rapport et économiste principal à la Banque mondiale Richard Damania. « Si les pouvoirs publics répondent à la pénurie d’eau en renforçant l’efficacité et en allouant 25% de la ressource à des usages de grande valeur ».

Le rapport indique que des politiques et des réformes plus robustes sont nécessaires pour faire face aux stress hydrique. Une meilleure planification de l’allocation des ressources en eau, l’adoption d’incitations pour accroître le rendement hydrique et l’investissement dans les infrastructures constituent autant de mesures à prendre pour assurer un approvisionnement plus sécurisé et une disponibilité plus grande en eau.