Lait en sachet : La tension perdure

Lait en sachet : La tension perdure

Perturbations dans les circuits de distribution, ruptures de stocks, pénurie ou crise « fabriquée », la tension sur le lait pasteurisé conditionné en sachet, elle, est bien réelle car vécue quotidiennement par le citoyen qui éprouve chaque matin des difficultés à se procurer ce « liquide précieux ».

Depuis six mois déjà, la crise commençait à pointer à l’horizon pour ressusciter les grandes perturbations ayant ébranlé la filière en 2007. Les déclarations officielles se succèdent pour récuser, démentir et nier l’existence d’une crise du lait sans toutefois avancer des arguments susceptibles de convaincre l’opinion publique.

« Irrégularités et dysfonctionnement au niveau de certains circuits de distribution », détournement de la poudre de lait de sa destination initiale par certains transformateurs qui refusent les changements » sont les raisons avancées par les responsables du ministère de l’agriculture et du développement rural ou encore de l’ONIL et du CIL.

Les laiteries privées sommées de couvrir 50% des besoins du marché en lait, les 50% restants étant assurées par les 19 filiales du groupe public Giplait se plaignent, pour leur part, du système actuel des quotas appliqué par l’ONIL lequel, selon eux « pénalise les producteurs privés et favorise le public ». Des transformateurs privés évoquent, à ce propos, des « restrictions dans les approvisionnements depuis les six derniers mois d’où la baisse de la production et par conséquent la tension fortement ressenti par le citoyen qui doit se lever très tôt pour obtenir « sa ration » de lait chez l’épicier du coin

. Pour le DG de l’ONIL contacté, jeudi, « le problème tel que posé est réfuté par l’office ». M. Hafid Djellouli affirme « qu’il n ya pas de pénurie sur le lait en sachet » mais plutôt », des dysfonctionnements dans certains circuits de distribution qui sont à l’origine des perturbations dans l’approvisionnement du marché ». L’effet produit par cette situation « est momentané » soutient-il.

Le DG de l’ONIL estime, par conséquent que la presse devrait contribuer à mettre en avant la concertation établie entre son institution et le Comité interprofessionnel du lait pour reconstituer la filière dans le cadre de la nouvelle stratégie et l’adapter au contexte mondial. En effet, le programme tracé pour la filière laitière tend à encourager l’intégration du lait cru dans l’industrie du lait et par ricochet, la collecte qui demeure le maillon faible de la filière.

Une série d’incitations ont été consenties dans ce sens par l’Etat pour optimiser l’effort d’intégration et encourager les transformateurs à renforcer la production du lait dont les besoins nationaux annuels avoisinent les 5 milliards de litres avec tendance à la hausse durant les prochaines années, l’Algérie étant l’un des pays grands consommateurs de lait en Afrique du nord mais aussi dans le monde.

Le plan de développement de la filière qui a bénéficié de 12 milliards de dinars en 2009 consiste à réduire sensiblement la facture d’importation de la poudre de lait. Il ya lieu de rappeler que le département de l’agriculture et du développement rural s’est attelé à promouvoir la filière laitière à la faveur du nouveau dispositif mis en place en juin 2009. Il est question de la mise en place d’un système de régulation et de développement interprofessionnel de la filière.

Ce système se construit autour de l’office interprofessionnel du lait (ONIL) avec la contribution et la contractualisation des professionnels de cette filière vise à assurer une amélioration substantielle de l’intégration industrielle de la production nationale de lait. Les dernières statistiques non encore clôturées pour l’année 2010 font état d’une production évaluée à 2,6 milliards de litres soit une hausse de 387,7 millions de litres par rapport à la moyenne annuelle de production obtenue ces cinq dernières années soit 2,2 milliards de litres. Le volume de la collecte a atteint 390,2 millions de litres soit un accroissement de 169,9 millions de litres par rapport à la moyenne pour les cinq dernières années qui était de 220,3 millions de litres. Par quels arguments doit alors justifier la crise qui perdure dans les circuits de l’approvisionnement ?

D. Akila