La peau, révélatrice d’émotions

La peau, révélatrice d’émotions

La-peau-revelatrice-d-emotions_imagePanoramique500_220.jpgSensible, soumise au stress, notre peau est bavarde : elle révèle tous ces petits troubles que nous aimerions bien nous cacher. Décryptage de nos états d’âme cutanés.

« J’ai toujours eu des boutons et la peau mixte, se souvient Charlotte, 44 ans. Je les tiens de ma mère. Mais, quand j’ai commencé à travailler, elle est devenue vraiment grasse, et mon acné, sévère. J’ai tout essayé, rien n’y faisait. » Un poste à responsabilités, beaucoup de voyages professionnels et énormément de stress : dix ans après cette vie à cent kilomètres à l’heure, Charlotte craque et plaque tout. Elle élève ses deux enfants, prend soin d’elle, pratique le yoga intensément pendant plusieurs années et fonde sa société, Yoga chez moi. « En quelques mois, ma peau est redevenue normale : plus de boutons et plus de brillances intempestives », confie-t-elle. Ce qui a fait la différence ? Un tournant décisif : « J’ai décidé d’être heureuse. »

De nombreuses études ont établi l’impact de nos émotions sur notre épiderme. Et pour cause, lorsque nous sommes au stade de l’embryon, c’est la même zone qui donne naissance aux cellules de la peau et à celles du cerveau… Les deux organes sont en quelque sorte jumeaux : si l’un a peur, l’autre se met en ordre de marche pour le défendre. Même les grandes joies sont un stress. Des tests ont démontré que les tensions agissent comme un étau : contrainte, la peau est mal oxygénée, à cause de la concentration de radicaux libres. Donc elle se régénère et se détoxifie moins bien. Mais, pour Didier Coustou, dermatologue et consultant pour les laboratoires A-Derma, ce à quoi il faut s’intéresser aujourd’hui, c’est à « ce stress chronique qui fait perdurer les symptômes ». Nos émotions peuvent ébranler notre système immunitaire et, ainsi, révéler ou aggraver certaines maladies cutanées. Et c’est en laissant s’installer cet état que les problèmes deviennent permanents.

Déstresser sa peau

Face à une très forte émotion, la peau se comporte parfois comme un enfant hyperactif et utilise un langage qui lui est propre pour crier ce que l’on voudrait bien (se) cacher. Certains neuropeptides (des neuromodulateurs qui régulent aussi bien le sommeil que les émotions ou l’apprentissage) la rendent plus sensible et réactive. Des études ont également démontré que le stress augmente la perte transépidermique d’eau, provoquant des zones de sécheresse.

Comment déstresser son épiderme ? C’est en essayant de répondre à cette question que Régis Martin, docteur en pharmacie et cosmétologue, a fondé Lull, une marque de cosmétiques à base d’actifs végétaux qui propose une aromathérapie sur mesure. « Cinq gammes sont disponibles, précise-t-il. Un test permet de déterminer l’“ambiance” dans laquelle vous vous sentez le mieux. Puis l’action combinée du massage, des flavonoïdes et de l’aromathérapie desserre peu à peu l’étau qui emprisonne la peau et relance l’apport en oxygène. Il arrive que des clientes changent de gamme car leurs besoins ont évolué. Il est important de rester à l’écoute de son évolution intérieure. »

Eviter la surchauffe

Maria, 35 ans, a toujours eu une jolie peau, mais, pendant plus d’un an, celle-ci a commencé à se manifester : coups de chaud réguliers et rougeurs indélébiles. S’est ensuivie rapidement une sécheresse très inconfortable. « Par moments, je ressemblais à une petite fille qui s’est maquillée avec le blush de sa mère, raconte-t-elle. Je me suis rendu compte que ces problèmes avaient débuté peu après mon retour de congé maternité, alors que je retrouvais un bureau très peu éclairé. J’étouffais. J’avais besoin d’air, de retrouver la maîtrise de mon corps, de mon temps. Les cosmétiques à base d’avoine m’ont aidée à calmer le feu. Et j’ai commencé à courir. J’avais enfin l’impression d’avancer, de respirer à pleins poumons. »

Quand notre peau est en surchauffe et manque d’air, c’est que notre esprit est dans le même état. « Il est bien difficile, voire impossible, de séparer la part émotionnelle du reste, prévient Laurent Misery, dermatologue spécialiste du lien peau-cerveau. Sur ces modifications cutanées durables, les médicaments sont rarement nécessaires ; en revanche, la relaxation, la méditation, le yoga ou l’hypnose, qui nous invitent à accepter nos émotions et à les relativiser, ont largement prouvé leur efficacité. »