La mise en scène au Théâtre Régional de Batna: La femme exclue !

La mise en scène au Théâtre Régional de Batna: La femme exclue !

Malgré les trente ans d’existence et de pratique, la mise en scène au Théâtre régional de Batna reste un métier d’hommes.

Bien qu’il y ait des comédiennes ayant une longue et riche expérience, dans le quatrième art et capables de passer à la mise en scène, à l’image de Saliha Benbrahim, Nawal Messaoudi, Aïcha Messaoudi et de Nadia Larini, qui active sous d’autres cieux, et qui a montré son talent de comédienne tragique et de femme metteur en scène, au Théâtre régional de Batna ( TRB), les femmes semblent être exclues de cette spécialité. En effet, de la consultation des affiches et des fiches techniques du TRB, il ressort que la femme locale est complètement exclue du métier de metteur en scène. Aucune n’a eu la chance de monter une pièce.

Les hommes tiennent le monopole

A la question : «Pourquoi la femme locale est-elle mise à l’écart ?», les langues s’emprisonnent. Motus. C’est l’omerta, la loi du silence. Qui désigne le metteur en scène ? C’est la commission artistique composée essentiellement d’hommes. Sur les 32 metteurs en scène (dont 20 locaux, 11 nationaux et 1 étrangère de nationalité irakienne), on ne retrouve que deux femmes algériennes : Sonia Mekkiou (ex-directrice du Théâtre régional) et Fouzia Aït-El-Hadj (ex-directrice du Théâtre régional) ainsi que l’Irakienne Fatten Djerrah. Ces femmes, qui représentent un taux de moins de 10 %, sont les seules à avoir eu la chance d’accéder à ce privilège et de monter des pièces théâtrales pour le Théâtre régional de Batna. Aucune femme locale de la ville de Batna n’a eu la chance de mettre en scène une pièce théâtrale, bien que celles-ci recèlent de grandes capacités artistiques et que l’Algérie a eues son indépendance depuis 1962. La hiérarchie est respectée et le monopole est détenu par le sexe masculin, essentiellement des comédiens du TRB ayant monté 40 pièces théâtrales. Il faut noter qu’une dizaine d’artistes locaux ont collaboré avec le TRB, dont Chouki Bouzid avec 10 mises en scène, Chiba Lahcène et Samir Oudjit avec 6 mises en scène chacun, Benbrahim Faouzi, Djebara Ali et Salah Boubir. Presque tous les comédiens du TRB ont assuré une mise en scène, à l’exception du comédien Tiar Djamel et des deux comédiennes Saliha Benbrahim, Messaoudi Aïcha, Messaoudi Nawal et Larini Nadia, qui n’ont malheureusement pas le même privilège que leurs collègues hommes. Il est à observer que parmi ces comédiens ayant monté des pièces qu’il n’y a qu’un seul qui a suivi une formation dans la mise en scène. Par contre, les autres ont été formés sur le tas, même dans le métier d’actorat.

Une nouvelle spécialité

Rappelons que la mise en scène à Batna n’a pas existé auparavant et qu’elle est d’apparition très récente. Dans tous les cas, c’est ce qui ressort des témoignages des hommes de théâtre de l’époque. Tous les témoins interrogés s’accordent à dire que la mise en scène, comme nous la connaissons aujourd’hui, n’y était pas et qu’elle a été introduite par Chouaïb Bouzid, en 1979. «Avant cette date, les pièces montées sur scène étaient assurées par l’auteur lui-même ou le comédien doyen de la troupe, qui, en plus d’interpréter un rôle, coordonnait le reste de la production», nous fait-on remarquer. On se demande quand la femme locale aura le droit de mettre en scène une pièce et que le Théâtre régional de Batna incarnera l’esprit de la diversité.

Aguellid Aguellid